Alizée Bel
La République de Singapour connait depuis 50 ans un véritable bond économique classant la Cité-État au rang de métropole mondiale. Lee Kuan Yew, son père fondateur, en témoigne ainsi à l’aide des propos suivants : « From the Third to the First » (Figoni, 2012). Il symbolise ici, au travers de sa parole, la croissance éclair du pays (Figoni, 2012).
En effet, depuis l’indépendance de Singapour avec la Malaisie en 1965, la Cité-État a réussi à créer et consolider une certaine crédibilité économique face au reste du monde (Figoni, 2012).
Ce n’était pourtant pas gagné, car, très affaibli par l’occupation japonaise durant la Seconde Guerre mondiale, le pays affichait un taux de chômage très élevé, entre 10 % et 12 %, contrairement à un taux d’alphabétisation très faible. Réunies, ces catégories ont provoqué de véritables tensions entre les différentes ethnies (Figoni, 2012).
Aujourd’hui, la République de Singapour, très prospère, présente un réel écart avec ses concurrents « petits dragons », Taiwan, Hong Kong et la Corée du Sud de la région d’Asie du Sud-Est (Géoconfuence, 2016).
Comment le gouvernement en place à t-il réussit à construire une croissance économique apportant le pays au rang de puissance économique mondiale ?
Une économie structuré par l’interventionnisme et l’autoritarisme politique
Au pouvoir depuis 1959, le parti naissant People Action Party, a donc dû surmonter un réel défi pour relever la situation (Figoni, 2012). Lee Kuan Yew, premier 1er ministre du pays à l’époque, a joué un rôle important au sein de cette ascension économique. Il transforma ce pays sous-développé durant les années 50, en une véritable puissance économique florissante comparable aux pays développés de l’Union européenne (Singh, 2011).
Pour y parvenir, des politiques pragmatiques ont été élaborées par le gouvernement (Signh, 2011). En effet, la présence de l’État est assez intense autour des politiques économiques (Figoni, 2012). Les observateurs mondiaux (OCDE) sont allés jusqu’à qualifier cet interventionnisme de dirigisme éclairé de l’économie (Figoni, 2012).
Singapour applique ainsi un libéralisme économique tout en faisant pourtant abstraction d’un libéralisme politique au service du développement de son économie (Figoni, 2012). Sa gestion peut ainsi se comparer à un contrat social ou l’État et les Singapouriens seraient liées en tant que patron et employés au sein d’une entreprise (Figoni, 2012).
Qu’elles sont les stratégies économiques de la Cité État expliquant une telle croissance ?
Les stratégies économiques
Aujourd’hui, Singapour affiche sur la période 1961-2017 une moyenne annuelle de 7,39 % (PIB) de croissance (Perspective monde, 2017).
Situé en plein cœur de l’Asie du Sud-Est, zone géographique relevant les défis du sous-développement, Singapour est devenue une plaque tournante du commerce au sein de la région. En effet, la Banque Mondiale a désigné le pays à « la troisième position sur l’échelle mondiale de la parité de pouvoir d’achat par habitant en 2008 (Singh, 2011) »
Pour ce faire, Singapour a fait le choix de réaliser une pleine ouverture économique, et jouer autour du principe du libéralisme économique. Le pays s’est ainsi implanté au sein de la mondialisation grâce à de nombreux accords de libre-échange en matière d’exportations comme l’AFTA (Free Trade Agreements) dans le cadre de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) (Figoni, 2012).
Depuis l’indépendance, le poids des exportations dans l’économie de la Cité État est exorbitant, représentant plus de 150 % de son PIB aujourd’hui (Figoni, 2012). Ces échanges commerciaux s’étendent de ses pays voisins jusqu’à l’Union européenne et les États unis permettant à Singapour de pleinement s’intégrer au sein du commerce international (Figoni, 2012).
De plus, grâce à la stratégie de délocalisation des firmes multinationales, la République de Singapour développe aussi les technologies électroniques (Chaponnière, Gaulé, 1985). Désormais, les couts salariaux et les avantages fiscaux attirent les investissements étrangers (Chaponnière, Gaulé, 1985).
Les formations universitaires jouent aussi un rôle très important dans la construction de la puissance économique. (Angelstorf, 2017) En formant de très bons futurs travailleurs, Singapour attire les étudiants étrangers qui pourront éventuellement travailler et s’inscrire dans la réussite économique du pays. Les formations sont ainsi tournées vers l’international où l’anglais est la seule langue imposée dans les écoles, ce qui brise la barrière de la langue lors des échanges présents ou futurs (Régnier, 1987, p.179).
Singapour se concentre également sur le développement des infrastructures comme l’aviation, le ferroviaire ou le portuaire avec la création d’aéroports, trains à grande vitesse et ports d’envergure internationale qui engagent d’autant plus l’État dans le commerce international. (Angelstorf, 2017)
Néanmoins, toutes ces stratégies fonctionnent grâce à la docilité de la population face au gouvernement (Grenier, 1987, p.179). En effet, le peuple singapourien semble adopter cette mainmise de l’État en contre parti d’une économie efficace au sein de la Cité-État (Singh, 2011).
En fin de compte, l’incroyable prospérité économique de Singapour depuis son indépendance, tout au détriment de l’interventionnisme de son gouvernement autoritaire permet-elle de qualifier la cité-État de modèle de développement en Asie du Sud-Est ? Le boom économique de la cité État durant depuis 50 ans va t-il perdurer ?
Bibliographie :
Angelstrof, L. (2017). Singapour : les septs stratégies pour la croissance économique favorisent l’internationalisation. Repéré à : https://www.s-ge.com/fr/article/actualites/singapour-les-sept-strategies-pour-la-croissance-economique-favorisent
Chaponnière, J.R. et Gaulé, A. (1985). Singapour, enclave de l’électronique mondiale ou pôle de croissance ? Revue d’économie industrielle, 32, 28-40. Repéré à :https://www.persee.fr/doc/rei_0154-3229_1985_num_32_1_2141
Daniel, J. M. Sur quoi repose la réussite économique de Singapour ? [Vidéo en ligne]. Repéré à : http://video.lefigaro.fr/figaro/video/jean-marc-daniel-sur-quoi-repose-la-reussite-economique-de-singapour/4244488824001/
Figoni, C. (2012). Le « modèle » singapourien : ambitions et contradictions d’une économie. Monde Chinois, 2(30), 59-64. Repéré à : https://www.cairn.info/revue-monde-chinois-2012-2-page-59.htm
Géoconfluence. (2016). Dragons asiatiques. Repéré à : http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/dragons-asiatiques
Libéralisme. (s. d.). Dans Dictionnaire Larousse en ligne. Repéré à : https://bib.umontreal.ca/citer/apa?tab=108
Singh, B. (2011). Singapour – Maintenir l’équilibre entre la prospérité, la corsante sociale et la démocratie graduelle. Revue internationale de politique comparée, 1(18), 105-122. Repéré à : https://www.cairn.info/revue-internationale-de-politique-comparee-2011-1-page-105.htm
Perspective Monde. Croissance annuelle du PIB (%), Singapour, Repéré à : http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMTendanceStatPays?langue=fr&codePays=SGP&codeTheme=2&codeStat=NY.GDP.MKTP.KD.ZG
Produit intérieur brut. (s. d.). Dans Dictionnaire Larousse en ligne. Repéré à :https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/produit/64136/locution?q=produit+interieur+brut#165600
Régnier, Philippe T. 1987. Singapour et son environnement régional. Étude d’une cité-État au sein du monde malais. Paris, Presses Universitaires de France. Repéré à : https://www.erudit.org/fr/revues/ei/1989-v20-n1-ei3036/702476ar/
World Bank. ( 2015, 4 octobre). Qu’est que la parité de pouvoir d’achat ? [Vidéo en ligne]. Repéré à :https://www.youtube.com/watch?v=cNPW9CkScA4