Selon Forbes « l’Asie-Pacifique est la région du monde où la fortune des milliardaires croit le plus rapidement : quelque 30% par an 2002 et 2004 »[1]. Le modèle de développement économique asiatique a entraîné une diminution conséquente de la pauvreté. La Thaïlande, pays fondateur de l’ASEAN, a connu l’une des croissances les plus rapide, atteignant en quelques années les objectifs du millénaire. Toutefois, le miracle thaïlandais s’accompagne d’un creusement des inégalités.
Bangkok, la centralité
Pour beaucoup, la Thaïlande se résume à Bangkok contrairement à l’univers des campagnes qui semblent stagner.
Dans un contexte de mondialisation, de financiarisation des économies et de réformes économiques, les régions se spécialisent.
Il est nécessaire de bien cerne la question géographique de ces régions ; la Thaïlande est divisée en cinq grandes communautés administratives : Bangkok, le centre, le Sud, le Nord et le Nord-Est.
Bangkok, pôle le plus densément peuplé, s’impose comme centre économique du pays ; plus urbanisée et industrialisée que les régions rurales, celle-ci exerce une influence économique car la majorité des échanges extérieurs s’opèrent. En 2000, « un ménage y gagnait en moyenne 24 365 bahts par mois, soit plus le double de la moyenne nationale ».[2]
La région du Nord incluant le Nord-Est développe sa production de riz et forge une industrie forestière. Ainsi, la région contribue massivement aux exportations agricoles du pays. Le Sud, ayant accès à l’eau, se spécialise dans les produits de mer et le caoutchouc. Quant au centre, détenant une proximité avec Bangkok ne connaît qu’un écart minime ; en effet, « 13 des 76 provinces, constituant le centre et sa périphérie immédiate, concentrent 65% du PIB total, 85% de PIB industriel et 52% de la population urbaine ». [3] La primauté de Bangkok concerne tous les secteurs ; l’on pourrait croire que l’industrialisation des zones plus éloigné de la capitale n’ont aucun impact sur la stabilité du pays.
Disparités régionales
Or, les inégalités régionales sont le principal défaut du développement thaïlandais ; le revenu moyen en milieu rural est la moitié de celui du milieu urbain et encore le revenu moyen à Bangkok est égal à trois fois celui du Nord-Est. [4] Ces écarts entre le centre économique et les provinces se traduisent par exemple avec le taux de population pauvre ou encore avec la proportion de la population. Les régions rurales ont été marginalisées et le centre connait une croissance urbaine. En 2000, le Nord-Est a un taux de pauvreté qui s’élevait à 30.6% contrairement à 10% en milieu urbain[5].
De nouveaux visages de la pauvreté
De plus, plusieurs journalistes illustrent deux visages du royaume dénonçant une différence de traitement entre la population de la capitale et ceux des provinces. « De cette différence en découle un lot de tensions sociales qui résulteront ultimement à la profonde division qui déchire le pays depuis 2005 »[6] ; l’on parle d’une rivalité entre les chemises rouges et les jaunes. La pauvreté n’est pas exclusivement rural mais touche plusieurs catégories dont les ouvriers non qualifiés et employés des industries et services. [7]Suivant les données de NSO-LFS,72% de la population active en 2000 a un revenu mensuel qui s’élève à 4$ par jour.
Pour conclure, avec l’urbanisation et l’accroissement des flux mondiaux, la question de la pauvreté s’est déplacée progressivement. Il est nécessaire de façonner la mondialisation d’une façon qui soit compatible avec les besoins du pays.
[1] De Vergès, Marie. 2017. « Le creusement des inégalités menace le miracle asiatique ». LeMonde (Paris), 12 avril : 1-2.
[2] Filteau, Chantal Nadeau. 2003. Pauvreté et disparités en Thaïlande : le cas de la région du Nord-Est. Mémoire. Département de géographie. Université de Montréal.
[3] Taillard, Christian. 2010. « La Thaïlande, au centre de la Région du Grand Mékong ». Annales de géographie 1 (n 671-672) : 52-68.
[4] Jetin, Bruno et Xavier Oudin. 2008. Pauvreté et régime de croissance en Thaïlande. Colloque du GDR CNRS 2989, Économie du développement et de la transition. Clermont-Ferrand, France.
[5] Filteau, Chantal Nadeau. 2003. Pauvreté et disparités en Thaïlande : le cas de la région du Nord-Est. Mémoire. Département de géographie. Université de Montréal.
[6] Poisson, Valentine. 2014. Médias et crise politique thaïlandaise 2013-2014. Mémoire. IFP. Université de Panthéon, Paris.
[7] Idem 4