En 1958, la Chine et le Cambodge vantaient l’établissement des relations diplomatiques, qui sont, aujourd’hui, toujours d’actualité. Dans les années 70, une alliance entre le régime communiste de Mao et le régime Khmer rouge de Pol Pot a permis aux deux pays de renforcer leurs liens déjà très forts. Même si des alliances avaient déjà vu le jour auparavant, dû au fait que le Cambodge était perçu comme une nation tributaire vis-à-vis de la Chine qui assurait sa protection. C’est réellement ces dernières décennies que leurs liens se sont fortifiées.
Pourquoi les rapports entre la Chine et le Cambodge sont considérés comme un modèle de relations internationales ? Comment cette alliance est-elle perçue dans la région d’Asie du Sud-Est ? Au regard du passé des deux pays, Suos Yara, député du parti du peuple cambodgien, estime que leurs r elations sont une référence, mais pourquoi ?
Premièrement, même si les deux pays présentent des conditions géographiques différentes, le respect est toujours présent entre les deux et aucun rapport de force n’a jamais été relaté entre eux même durant la guerre d’Indochine[1]. Le respect de « l’ASEAN way »[2], c’est-à-dire du respect des normes de non-ingérence et de la souveraineté, par la Chine sur le territoire cambodgien, a su instaurer une amitié, basée sur la confiance.
La Chine se présente comme le premier partenaire économique du Cambodge. Depuis des siècles, les deux pays maintiennent des relations commerciales importantes, celles-ci ne cessent de se fluctuer, permettant l’affirmation du marché cambodgien dans la région[3]. Ces principaux secteurs d’investissements sont surtout le textile, l’hydroélectricité, la culture du riz, l’exploitation minière et la construction.
L’élaboration de partenariats : importance de ceux-ci ?
Les relations sont tellement importantes que plusieurs partenariats se sont établis, qu’ils soient économiques, culturelles ou touristiques. Il est question de partenariats économiques puisque la Chine investit massivement dans le marché cambodgien, permettant ainsi de maintenir la croissance du pays.
De plus, les Chinois ont élaboré plusieurs manières de rapprocher culturellement les deux pays, comme la mise en circulation de bourses pour que les étudiants cambodgiens puissent venir étudier en Chine. C’est pourquoi, entre 2004 et 2017, plus de 1000 bourses ont été établies par le gouvernement chinois ainsi que 700 bourses pour des formations de courte durée.
Le tourisme ne cesse de se développer et d’augmenter entre les deux pays. Outre la diaspora chinoise présente sur le territoire cambodgien, le nombre de touristes est lui aussi important. Ceci peut s’expliquer par l’établissement de moyen de transports aériens entre les deux pays puisque le recensement des touristes, voyageant au Cambodge, ne cesse d’évoluer.
Le secteur touristique est l’un des piliers de l’économie cambodgienne, on estime à 5 million, le nombre de touristes sur le territoire en 2016 dont presque 1 million sont chinois[4]. Le maintien de relations étroites et amicales avec la Chine permet au pays de s’assurer une stabilité économique et stratégique dans la région d’Asie du Sud-Est.
En parallèle de ce tourisme, une forte diaspora chinoise est présente sur le pays, ce qui favorise l’investissement de la Chine et son gain à pouvoir avoir une plus forte emprise sur le pays. Le Cambodge peut être perçu comme un pôle stratégique par les Chinois puisque son influence régit les actions du pays et, en quelque sorte, son fonctionnement.
La montée de la Chine est un fait important qu’il faut prendre en compte pour comprendre les dynamiques régionales. Celle-ci utilise sa diaspora afin d’étendre sa puissance dans les pays où elle est la plus présente. S’appuyer sur sa communauté facilite les échanges entre les pays mais aussi l’implantation sur le marché économique.
En ce qui concerne le Cambodge, comme dit précédemment, le pouvoir que la Chine exerce sur lui peut être controversé. « L’aide chinoise, libre de toute rhétorique démocratique, peut autoriser les gouvernements qui en bénéficient à s’affranchir des conditionnalités imposées par les bailleurs de fonds, le Cambodge étant l’un des pays les plus tributaires de l’aide publique au développement »[5] avance l’étude du CERI sur la présence chinoise au Cambodge.
Cette volonté de s’allier avec le Cambodge démontre une réelle stratégie chinoise dont le Cambodge en ressort aussi gagnant. Plus la Chine s’implante, surtout économiquement, dans les pays d’Asie du Sud-Est, plus il est facile pour elle d’influencer les sujets discutés à l’ASEAN et d’ainsi s’assurer de ne pas avoir de consensus au sujet de la Mer de Chine par exemple[6].
Il est donc difficile de savoir si les relations entre la Chine et le Cambodge sont un modèle sur la scène internationale puisque leurs rapports découlent d’intérêts propres à chacun. La Chine cherche de plus en plus à entretenir de « bonnes » relations avec de nombreux pays de la région dans le seul but d’assurer qu’ils aillent dans son sens pour ses revendications.
Même si les relations ont toujours été bonnes entre les deux pays, il n’en reste pas moins que d’autres pays comme le Laos et Brunei entretiennent eux aussi de bonnes relations bilatérales. Il n’est donc pas exclusif au Cambodge d’être ami avec la Chine. Au regard des relations qu’entretiennent les chinois avec certains pays du Sud-Est, un sentiment de méfiance est né de peur que la Chine prenne beaucoup trop d’espace au point d’effacer les puissances économiques émergentes dans la région, et ce, à son propre profit.
Sources:
[1] https://www.persee.fr/doc/rfsp_0035-2950_1982_num_32_3_411191
[2] https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/09512748.2017.1371211?journalCode=rpre20
[3] https://mirastnews.net/2018/01/14/la-chine-promet-plus-dinvestissements-au-cambodge-mais-phnom-penh-se-vend-elle-a-decouvert/
[4] https://www.lecourrier.vn/croissance-du-nombre-de-touristes-chinois-au-cambodge/412936.html
[5] https://www.sciencespo.fr/ceri/sites/sciencespo.fr.ceri/files/etude133.pdf
[6] http://lesakerfrancophone.fr/le-cambodge-comme-exemple-de-linfluence-chinoise-sur-lasean