Quels sont les défis malaisiens dans un monde globalisé ?

Suivant le 16ème rapport d’analyse économique semestrielle sur la Malaisie fournit par la Banque Mondiale, sa croissance envisagée est supérieure à sa croissance estimée par les autorités malaisiennes, s’élevant à 4.9%. Le Tigre Malaisie, pays membre de l’ASEAN depuis sa création en 1967, apparaît dans toute sa vigueur au sein du développement régional, un carrefour des échanges avec l’Inde et la Chine depuis des millénaires mais aussi avec un bon nombre pays internationaux.

Toutefois, « l’ambivalence du gouvernement à l’égard de la mondialisation et les tensions engendrées par la crise économique ont eu d’importantes répercussions sur la politique étrangère de la Malaisie »[1] avance Richard Stubbs professeur à l’Université de McMaster.

 

Conflit Mer de Chine méridionale

Depuis 2011, les malaisiens sont passés de statut d’observateur à celui d’acteurs face aux exercices militaires menés par les US et face à l’intensification des échanges maritimes. La question de la mer méridionale de Chine constitue donc un enjeu de la mondialisation ; celle-ci détient un caractère sensible pouvant interférer dans les relations.

L’intégration de la Malaisie dans l’interjeu politico-économique passe notamment par les grands passages interocéaniques, celui du détroit de Malacca. Cette zone intéresse un bon nombre de pays, dont la Malaisie, revendiquant sa souveraineté sur trois îles Spratley, le Japon, la Chine et les USA. Le détroit de Malacca est une artère vitale pour l’économie malaisienne au niveau de ses exportations de produits manufacturés vers l’Europe, le Moyen-Orient. En 2000, le taux de croissance moyen annuelle du trafic intra-asiatique s’élève à 10.1%[2]. Les détroits concentrent les flux toujours croissant et participent au développement économique. D’autant plus qu’en découle des conflits entre souverainetés nationales, droit international et concurrences entre les États riverains que sont la Malaisie, Singapour et l’Indonésie.

 

Au sein de l’ASEAN, le gouvernement malaisien adopte une stratégie conciliante en mettant l’accent sur un dialogue constructif et coopératif autour des litiges territoriaux en mer de Chine ; celle-ci prône une gestion multilatérale en évitant toute confrontation directe avec la Chine[3].

 

Relation Singapour-Malaisie

Le développement économique de la péninsule malaisienne n’est pas sans intéresser les investisseurs et producteurs singapouriens en quête de nouveaux marchés. D’autant plus qu’il existe un déséquilibre entre les deux pays et un poids d’histoire. « La mondialisation peut parfois diviser pour régner, mais ses moteurs tournent mieux lorsqu’ils sont alimentés par des marchés vastes et uniformes » soulignent Augustin Berque et Guy Mercier dans leur livre les Territoires de la Mondialisation[4].

 

Récemment les liens entre la Malaisie et Singapour se sont resserrés. Cette interconnexion entre ces deux pays se remarque par un apport massif en capitaux singapouriens au projet malaisien de Port. Face à un développement rival des ports indonésiens et à un manque d’espace des infrastructures singapouriennes, le commerce bilatéral l’emporte. Du fait de l’abondance des terres, des ressources naturelles (huile de palme…) et de main-d’œuvre semi-qualifiée dans le sud de la Malaisie, celle-ci devient un pôle industriel majeur. Aujourd’hui, Singapour est le 4ème investisseur en Malaisie en 2009 à la fois en termes de valeur que de nombre de projets menés[5]. Cette relation peut-être définit comme étant interdépendante soit que, Kuala Lumpur bénéficie des investissements en compétence et en technologies et Singapour redévelopper une agriculture et accroît sa croissance non plus sous une vision autocentrée.

 

De plus, dans ce contexte de mondialisation, le gouvernement malais resserre ses relations bilatérales et multilatérales, dans le but d’assurer une stabilité régionale, d’accroître ses échanges commerciaux avec ses partenaires et la connectivité et   d’augmenter sa représentation diplomatique. De nombreux accords voient le jour : le Programme de Coopération Technique Malaisien (MTCP), le réseau ferroviaire Pan-Asiatique ou encore l’initiative chinoise, la Ceinture et la Route 2013.

 

Pour conclure, le développement économique de la Malaisie s’accompagne de nombreuses disparités source potentielle de conflit en mer de Chine mais aussi source de de diversification des relations soit une approche multilatérale. Sa véritable transformation réside dans sa capacité à gérer les enjeux politico-économiques.

 

[1] Stubbs, Richard. 2001. La Malaisie et la mondialisation : crise et politique de l’ambivalence. Revue internationale de politique comparé 3 (vol 8) :461-472.

[2] Fau, Nathalie. 2004. Le détroit de Malacca : porte océane, axe maritime, enjeux stratégiques.En ligne. http://geoconfluences.ens-lyon.fr/doc/transv/Mobil/MobilScient4.htm

[3] Lafaye de Micheaux, Elsa. 2014. « Chine-Malaisie (vue de Malaisie) : menace ou relation consensuelle inscrite dans la continuité ? ». Revue de la régulation. Capitalisme, Institutions, pouvoirs. Paris : 15(printemps).

[4] Berque Augustin et Guy Mercier. 2004. Les territoires de la mondialisation. Montréal : les presses de l’Université de Laval.

[5] Besson, Alexandre. 2011. « État des lieux de la relation Singapour/Malaisie en 2011 ». Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS). Paris (mars).

 

Bibliographie

Berque Augustin et Guy Mercier. 2004. Les territoires de la mondialisation. Montréal :   les presses de l’Université de Laval

Besson, Alexandre. 2011. « État des lieux de la relation Singapour/Malaisie en 2011 ».   Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS). Paris (mars).

Fau, Nathalie. 2004. Le détroit de Malacca : porte océane, axe maritime, enjeux  stratégiques. En ligne. http://geoconfluences.ens       lyon.fr/doc/transv/Mobil/MobilScient4.htm (page consultée le 18 juin 2018).

Lafaye de Micheaux, Elsa. 2014. « Chine-Malaisie (vue de Malaisie) : menace ou relation           consensuelle inscrite dans la continuité ? ». Revue de la régulation. Capitalisme,            Institutions, pouvoirs. Paris : 15(printemps).

Stubbs, Richard. 2001. La Malaisie et la mondialisation : crise et politique de       l’ambivalence. Revue internationale de politique comparé 3 (vol 8) :461-472.

Iconographie

Legault, Jean-Pierre. 2014. « La mer des tensions ». Le Devoir (Montréal), 15 février :1-2.

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