Cherchant depuis sa formation, une légitimité et une reconnaissance politique, Taiwan ou officiellement connue sous le nom de la République de Chine (RC) est une île situer en Asie du Sud-Est qui se distingue par son statut international non officiel. Historiquement, la République de Chine trouve son fondement suite à la fin de la seconde guerre mondiale en 1945.
Cependant cette date coïncide également avec le début de la guerre civile chinoise entre les nationalistes de Kuomitang (KMT) et le parti communiste. Le conflit arrive à terme en 1949 avec la défaite des nationalistes qui perdent le contrôle sur la Chine continentale. N’ayant pas beaucoup d’options, les affilies du KMT s’exile dans cette petite île au sud-est de la Chine pour finalement former la République de Chine avec Taipei comme capital. Étant donné l’historique violent qui s’impose entre ces deux belligérants, comment pouvons-nous définir la situation actuelle de Taiwan en Mer de Chine Méridionale vis-à-vis la République populaire de Chine ?
À travers leur nouvel espace géographique, l’objectif des nationalistes chinois se consolide en deux temps. D’abord, le Taiwan cherche à être reconnu à l’échelle internationale pour pouvoir, ultimement, légitimer, par la suite, ses revendications territoriales. Notons également que ces revendications territoriales ne se limitent pas aux îles et aux archipels qui constituent un enjeu économique pour le micro-État. En effet, le but ultime de la République de Chine est de pouvoir, un jour, regagner ou plutôt prendre le contrôle du territoire chinois continental.
Présentement, d’après la base de données des Nations Unies, le Taiwan est l’état qui détient la population la plus grande en nombre ainsi que l’économie la plus importante parmi tous les états non membres à l’Organisation des Nations Unies. Ceci s’explique par le fait que la République de Chine entretient des relations économiques de poids avec d’autres pays de la région, et plus spécifiquement, avec les pays membres de l’ASEAN.
Ce poids économique est également une forme du « Pragmatisme diplomatique » [1] éprouvé par le Taiwan. Cette stratégie vise à combler le manque d’une reconnaissance officielle, même à l’échelle asiatique, par une affirmation économique traduite sous forme d’échange et d’investissement intensifier entre la République de Chine et la région. Environ 2 milliards de dollars investissent en Chine contre une somme, relativement moindre, de 200 millions de dollars investis dans les différents pays de l’ASEAN. [2, Tableau 2]. Ces montants représentent le prix d’une « quasi-diplomatie » offerte au Taiwan par ces pays-là.
« Les incitations économiques ont été la devise d’une soi-disant diplomatie pragmatique qui a été menée dans le but d’atténuer l’isolement diplomatique et de susciter un soutien pour une forme de statut international qui reconnaîtrait la séparation de Taiwan de la Chine et de son gouvernement. Les principaux partenaires commerciaux régionaux sont, respectivement, Singapour, la Malaisie, les Philippines, la Thaïlande et l’Indonésie. » [1]
Cette légitimité dérobée de la part des états membres de la région est due, essentiellement, à une politique unique mise en place par ces mêmes États concernant la République Populaire de Chine intituler « One China Policy » [1].
Cette tractation s’inscrit parfaitement dans la doctrine du « ASEAN WAY » qui demande une forme de non-ingérence et surtout quand il est question d’un état aussi important que la Chine. Il est donc naturel pour les pays de l’Asie du Sud-Est et surtout ceux dont sont membre de l’ASEAN de chercher une certaine stabilité diplomatique vis-à-vis la Chine même si cette dernière venait à l’inconvénient du Taiwan et de sa reconnaissance étatique.
Une reconnaissance internationale pour la République de Chine Est nécessaire pour pouvoir consolider une certaine légitimée concernant les revendications territoriales en mer de Chine Méridionale. Jusqu’à présent, le Taiwan continue d’occuper l’île de Taiping et proclame même depuis 1998, à travers les législative de Yuan, que ses frontières maritimes incluent les îles contestées de Spratly. [1]
Il serait intéressant à noter que malgré le statut hostile, maintenue entre la République Populaire de Chine et la République de Chine, Pékin et Taipei se rassemblent autour d’un point primordial. Ils affirment une souveraineté identique du territoire sur une base historique. « Il a été souligné que Pékin et Taipei « revendiquent » la souveraineté chinoise, de manière identique, par rapport à l’histoire » [1].
Ceci a été démontré pendant le bref conflit armé entre la République populaire de Chine et le Vietnam en 1988 sur les îles Spratly. Lors d’une conférence de presse entretenue en décembre de la même année sur la question du conflit et quel pays soutenir, le ministre de défense taiwanaise Cheng Wei-Yuan exprima que son pays se tenait côte à côte contre Hanoi, étant donné que les peuples vivants sur les des deux coté du détroit de Taiwan étaient Chinois. [1]
Si cela indique une chose, ce que peu importe les différends, il existe toujours un point en commun entre nous et notre adversaire, même si ce dernier semble être notre pire ennemi. Sans futur dialogue en vue, la situation entre la Chine et Taiwan reste précaire, cependant peu importe leurs différences idéopolitiques, le territoire chinois appartient au chinois mis à part leurs convictions.
Bibliographie :
[1] Leifer, Michael. 2001. « Taiwan And South-East Asia : The Limits To Pragmatic Diplomacy. » The China Quarterly 165 : 173-185.
[2] Bing, Ngeow Chow. 2017. « Taiwan’s Go South Policy : Déjà Vu All Over Again ? » Contemporary Southeast Asia 39(1) : 96-126.
[3] Taipeitimes.com. (2018). Interior minister reaffirms Taipei is ROC’s capital – Taipei Times. [online] Available at: http://www.taipeitimes.com/News/taiwan/archives/2013/12/05/2003578356.
Iconographie :
[A] http://news.kuwaittimes.net/website/wp-content/uploads/2016/01/Taiwan.jpg
[B] https://cdn.passporthealthglobal.com/wp-content/uploads/2017/12/advice-vaccines-taiwan.jpg?x65190