Le rapport du Viêt Nam à l’ASEAN

Par Ingrid Welschinger

L’association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) est un regroupement économique, politique et culturel au sein d’une organisation, formée en 1967, lors de la Déclaration de Bangkok. Le Viêt Nam entra dans cette organisation en 1995[1]. Ainsi, il se servit de l’ASEAN pour se développer économiquement. Pour se faire, il allie utilitarisme et pragmatisme. C’est ce que nous tenterons de démontrer en voyant les différentes implications du pays dans l’ASEAN et ses limites.

 

L’utilitarisme vietnamien et l’ASEAN

L’ASEAN, en temps de Guerre froide, a réussi, à aiguiller le Viêt Nam vers sa réforme économique du « Đổi mới » et passer vers une économie de marché. L’intégration à l’ASEAN permit au parti au pouvoir de renforcer la confiance envers son aptitude à poursuivre le développement du pays. Le régime politique ne pose pas de problème. Cela confère à l’organisation plus de sécurité et de prospérité dans la région.

Du fait d’une coopération régionale, le Viêt Nam retire un appui plus grand auprès des institutions internationales. Le pays a pu recevoir le soutien des pays membres de l’ASEAN lorsqu’il a voulu entrer dans l’APEC (Asian Pacific Economic Cooperation), qu’il a intégré en 1998, et à l’OMC dont il rejoint les rangs en 2007[2]. En outre, la diplomatie vietnamienne s’appuie sur l’ASEAN afin d’augmenter ses marchés de consommateurs et partenaires commerciaux comme l’Australie, l’Inde…

Au niveau diplomatique, l’ASEAN était une bouée pour le Viêt Nam encore isolé. Cela lui permit de modifier pour le mieux son image et sa crédibilité. On y voit ici une forme du pragmatisme vietnamien. Cette intégration donna au pays une résonnance à ses préoccupations, entre autres par rapport à la montée de la Chine et de ses revendications en mer de Chine méridionales (MCM).

C’est donc bien de façon utilitaire que le Viêt Nam se sert de l’ASEAN. Il a compris qu’il devait participer de manière proactive aux les négociations sur la charte de l’ASEAN signée en 2007[3]. Il est effectivement plus intéressant de participer à la création des normes que de les endurer.

 

L’AFTA (Asean Free Trade Area)

Le Viêt Nam avait un potentiel économique fort avant les guerres qui l’ont ravagé au XXe siècle. Cependant, entre 1992 et 1998, le pays a eu un taux de croissance du PIB supérieur à 8%. Ce taux chuta brutalement avec la crise asiatique de 1997. Toutefois, une reprise économique eut lieu et le pays atteint un taux de croissance supérieur à 7% en 2001[4].

Cette reprise fut portée par les exportations. Avec l’ouverture du pays, celui-ci augmenta son commerce extérieur, notamment grâce à l’ASEAN qui lui ouvre les marchés des membres de l’APEC (Asia-Pacific Economic Cooperation). De plus, l’ASEAN, par le biais de l’AFTA, permet de supprimer les barrières tarifaires entre les pays signataires, favorisant les échanges commerciaux entre les pays du Sud-Est asiatique.

En outre, le Đổi mới et l’adhésion à l’ASEAN permirent à la fin des années 1980 l’affluence grandissante des investissements étrangers. Le fait d’appartenir à l’ASEAN a rassuré les investisseurs étrangers. Cette appartenance rassure car les autres membres ont des politiques « libérales »[5].

 

La présidence de l’ASEAN en 2010

Le Viêt Nam  présida l’ASEAN en 2010. Ceci lui permit d’optimiser son utilisation de l’organisation. En effet, « le défi fixé par Hanoï est d’apporter des suggestions concrètes pour faciliter les ajustements vers la communauté de l’ASEAN (2010-2015) »[6]. Le pays lança une série d’initiatives pour accroître la coopération intra-ASEAN. Cela permettra une augmentation du rôle de l’ASEAN ainsi que le développement d’une meilleure image de celle-ci. La présidence par le Viêt Nam fut acclamée par de nombreux experts qui ont salué l’efficacité de la diplomatie vietnamienne. Cela s’est vu notamment avec l’accueil des États-Unis et de la Russie pour la première fois au Sommet de l’Asie de l’Est[7].

 

Le conflit en MCM et l’échec d’une réponse de l’ASEAN

Le Viêt Nam est depuis longtemps en conflit avec la Chine, notamment avec ses revendications en MCM. En effet, le Viêt Nam décrit ses revendications comme une menace à sa sécurité et son indépendance. Il cherche l’appui de l’ASEAN, en sachant que l’organisation ne peut l’aider militairement. L’ASEAN est censée être experte dans les domaines de la souveraineté et des options diplomatiques. Or, depuis le début du conflit et de l’intensification des tensions en 2008, l’ASEAN ne put fournir de résultats probants face à la Chine.

Le Viêt Nam a de plus en plus de mal à se positionner entre répondre aux provocations chinoises et permettre une unité régionale avec l’ASEAN. Il cherche de la part de l’organisation des « progrès tangibles sur un engagement commun substantiel »[8], ainsi qu’une réponse commune en faveur de ses intérêts de la part des membres. Toutefois, Hanoï a expérimenté les limites de l’ASEAN dans ce contexte de sécurité. Celle-ci se cloître dans une diplomatie de conciliation et veut assurer sa neutralité en incitant les protagonistes à signer un code de conduite.

Bibliographie :

Boisseau du Rocher, S. (2001). L’Asean et les nouvelles règles du jeu: Le régionalisme en Asie du Sud-est à l’épreuve de la mondialisation. Revue internationale de politique comparée, vol. 8, (3), 395-417. doi:10.3917/ripc.083.0395.

Boisseau du Rocher, S. (2015). Le Viêt Nam et l’ASEAN : dépasser la stratégie de l’utilitaire. Hérodote, 157, (2), 56-71. doi:10.3917/her.157.0056.

Virginie Briand, Claire Mainguy. « Le processus de régionalisation au sein de l’ASEAN : les enjeux pour les nouveaux membres – Le cas du Vietnam », Mondes en développement 2001/3 (N° 115-116), p. 135-150.

ENTREE AU TITRE DE L’IMAGE (« propriétaire » de l’image non indiquée). « VNA » (sans date) [logo], sur le site VietnamPlus. Consulté le 28 mai 2018. https://fr.vietnamplus.vn/ceremonie-de-lever-du-drapeau-de-lasean-au-pakistan/78635.vnp

 

[1] Boisseau du Rocher, S. (2001). L’Asean et les nouvelles règles du jeu: Le régionalisme en Asie du Sud-est à l’épreuve de la mondialisation. Revue internationale de politique comparée, vol. 8,(3), 395-417. doi:10.3917/ripc.083.0395.

[2]Boisseau du Rocher, S. (2015). Le Viêt Nam et l’ASEAN : dépasser la stratégie de l’utilitaire. Hérodote, 157, (2), 56-71. doi:10.3917/her.157.0056.

[3] Ibid.

[4] Virginie Briand, Claire Mainguy« Le processus de régionalisation au sein de l’ASEAN : les enjeux pour les nouveaux membres – Le cas du Vietnam », Mondes en développement 2001/3 (N° 115-116), p. 135-150.

[5] Ibid.

[6] Op. cit : Boisseau du Rocher, 2015.

[7] Ibid.

[8] Ibid.

 

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