Par Ingrid Welschinger
Les ressources naturelles, pour le Viêt Nam et beaucoup d’autres pays, sont un élément non négligeable de leur économie. Se développe alors différentes stratégies géopolitiques autour de leur exploitation. Chacun tentant d’avoir le meilleur rendement de ses ressources.
Nous verrons l’évolution de l’exploitation des ressources naturelles par le Viêt Nam et de ce fait comment il a su développer son PIB. Il sera aussi question des conflits qui découlent de cette exploitation et donc de ses stratégies géopolitiques misent en place par ce dernier.
Le développement de l’économie vietnamienne passe aussi par ses ressources naturelles
L’accroissement de la population vietnamienne engendre une demande croissante en besoins énergétiques. La demande de pétrole a considérablement crû. Toutefois le pays, regorgeant de ressources non exploités, se tourne de plus en plus vers celles-ci pour se développer, notamment au niveau économique.
Le Viêt Nam est à la troisième place mondiale des réserves de bauxite au monde. Cependant, cette exploitation se fait au détriment des conséquences sociales et environnementales[1]. Hanoï développe ainsi son PIB en se servant du secteur minier comme levier. Le pays a bien compris qu’il peut s’appuyer sur ce secteur pour attirer des investisseurs étrangers tout en se garantissant une certaine indépendance énergétique sur le long terme[2]. Ainsi, le secteur qui, autrefois était laissé au dépourvu, est maintenant une source de croissance économique pour le pays.
En outre, le Viêt Nam avec ses 270 barrages hydrauliques en opération, se tourne davantage vers son énergie hydroélectrique. Il prévoit de construire 211 barrages supplémentaires qui devraient être opérationnels d’ici 2020[3]. Ainsi, comme tous les autres secteurs de l’énergie, les entreprises d’État sont au contrôle. En faisant cela, le pays s’assure une plus grande main mise sur les revenus tirés de l’exploitation des barrages.
Une valorisation des ressources naturelles transcrivant des objectifs géopolitiques variés
L’exploitation des ressources naturelles permet d’assurer une certaine indépendance énergétique en perspective. En effet, avec ses propres ressources, l’état n’est pas obligé d’importer et donc de dépendre des prix fixés sur les marchés. Ici, les entreprises énergétiques sont principalement des entreprises d’Etat, ce qui lui permet de fixer ses prix.
Par ailleurs, cette exploitation permet de restructurer le territoire et de le développer[4]. En effet, grâce à l’exploitation des ressources, il fut possible une modernisation des réseaux routiers, une augmentation des voies ferrées, ports… Cela peut entraîner un cercle vertueux comme avec les « industries industrialisantes ».
En outre, le gouvernement vietnamien accorde visiblement un grand intérêt à l’origine des entreprises, d’autant plus lorsqu’il s’agit de projets stratégiques. Ainsi, ce dernier signa « des accords avec des entreprises chinoise, américaine et australienne »[5]. Ce besoin de diversité dans les flux d’investissements s’explique principalement par une nécessité de ne fournir aucun avantage aux entreprises étrangères et donc aux états d’origines de celles-ci.
Le développement des tensions géopolitiques en mer de chine méridionale (MCM)
Le Mékong est un fleuve qui se transforme en delta et qui se jette dans la MCM. Il traverse 6 pays d’Asie du Sud-Est (ASE) et fait vivre 18 millions de personnes, soit un quart de la population vietnamienne[6].
Ce fleuve, et plus particulièrement les barrages construits en amont, notamment par la Chine, représente des sources de tensions géopolitiques pour le Viêt Nam. Ceux-ci sont des moyens de pressions et de contrôles aux mains de la Chine. Ces barrages permettent de contrôler le débit du fleuve dont la baisse pourrait être plus que néfaste pour le Viêt Nam ainsi son agriculture et donc in fine pour sa sécurité alimentaire. En effet, l’eau issue du fleuve permet d’arroser les terres fournissant les apports nécessaires à la croissance des champs. Les récoltes qui en découlent sont nécessaires aux commerces et surtout à la survie de la population.
Ainsi, le Viêt Nam cherche à préserver ses intérêts auprès de la MRC (Mekong River Commission). Cette organisation internationale est sujette à controverse, puisque le Viêt Nam est le seul pays d’ASE à vouloir renforcer le pouvoir de celle-ci et la rendre plus contraignante. Toutefois, les autres pays ont moins tendance à vouloir de ce renforcement du pouvoir puisqu’ils sont avantagés par la politique bilatérale que la Chine met en place. Cette politique vise une favorisation de la négociation en fonction de la proximité des pays avec le Mékong prenant source en Chine. Le Viêt Nam, étant en aval du fleuve, bénéficie peu de cette politique. Ainsi, le Viêt Nam se rapproche de l’Inde pour assurer une protection contre la montée de la Chine en MCM, et ainsi assurer son arrivée en eau. Les deux pays ont intérêt à s’allier pour contrebalancer le pouvoir grandissant chinois. Depuis peu, il se rapproche également des États-Unis dans ce conflit. Ceux-ci deviennent de plus en plus des alliés dans les multiples différends qui opposent la Chine et le Viêt Nam.
Le Viêt Nam cherche néanmoins une solution pacifique dans le règlement de ce différend. Il a compris qu’il doit jongler entre tensions avec la Chine et coopération pour l’exploitation des ressources en MCM pour assurer sa croissance.
Bibliographie :
Delahaye, I. (2013). Le Mékong : le fleuve des six nations. Monde chinois, 33, (1), 91-99. doi:10.3917/mochi.033.0091.
Mottet, É. (2012). L’exploitation minière en Asie du Sud-Est : des trajectoires variées et incertaines. Monde chinois, vol. 30, (2), 110-113. doi:10.3917/mochi.030.0110.
Mottet, É. & Lasserre, F. (2015). Géopolitique des ressources naturelles et énergétiques au Viêt Nam : un ancrage économiquement viable ?. Hérodote, 157, (2), 141-160. doi:10.3917/her.157.0141.
Mottet, É. & Lasserre, F. (2016). L’insoluble question de l’énergie électrique au Vietnam. Géoéconomie, 80, (3), 97-112. doi:10.3917/geoec.080.0097.
ENTREE AU TITRE DE L’IMAGE (« propriétaire » de l’image non indiquée). « Un barrage hydro-électrique en MU Cang Chai Township, Yen Bai Province, Vietnam du nord » (Mai 2016) [photo], sur le site Dreamstime. Consulté le 30 mai 2018. https://fr.dreamstime.com/photo-stock-barrage-hydro-%C3%A9lectrique-au-vietnam-du-nord-image96669424
ENTREE AU TITRE DE L’IMAGE (« propriétaire » de l’image non indiquée). « Sans titre » (sans date) [photo], sur le site Eviatour. Consulté le 30 mai 2018. http://www.evivatour.com/cai-rang-floating-market-in-cantho-vietnam/
[1] Mottet, É. (2012). L’exploitation minière en Asie du Sud-Est : des trajectoires variées et incertaines. Monde chinois, vol. 30,(2), 110-113. doi:10.3917/mochi.030.0110.
[2] Mottet, É. & Lasserre, F. (2015). Géopolitique des ressources naturelles et énergétiques au Viêt Nam : un ancrage économiquement viable ? Hérodote, 157, (2).
[3] Mottet, É. & Lasserre, F. (2016). L’insoluble question de l’énergie électrique au Vietnam. Géoéconomie, 80,(3), 97-112. doi:10.3917/geoec.080.0097.
[4] Ibid.
[5] Ibid.
[6] Delahaye, I. (2013). Le Mékong : le fleuve des six nations. Monde chinois, 33,(1), 91-99. doi:10.3917/mochi.033.0091.
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