Par Paola Vegas
Depuis 2016, la Birmanie (Union du Myanmar), est une république parlementaire. Cela signifie que les citoyens peuvent exprimer leurs opinions par le biais des élections. Le pays a organisé ses premières élections libres en 2010 ; depuis, les citoyens peuvent exprimer leurs opinions par le biais de celle-ci. Comment un pays a t’il réussit à s’ouvrir peu à peu à une démocratie malgré la présence d’une junte militaire pendant près de 60 ans ? Notre billet cherchera donc à identifier les facteurs économiques mais surtout culturels – notamment avec l’impact de l’opinion publique – qui expliquent la chute d’influence de la junte militaire présente dans le pays depuis les années 50.
D’abord, nous devons mentionner le fait que le Myanmar est un pays qui a longtemps vécu sous les directives de l’empire britannique, après près de trois guerres pour coloniser le pays au 19ème siècle. De nos jours, près de 1,8 millions de birmans vivent sous le seuil de la pauvreté.
Le développement économique, quel impact sur les citoyens ?
Il est important de souligner que depuis le début des années 2000, le pays se tourne peu à peu vers une économie de marché. Cela a entre autre permis à l’opinion publique de découvrir des manières de penser plus proches des sociétés occidentales. C’est cette ouverture au monde qui a amorcé la chute de la junte militaire. En outre, il est important de noter qu’avant cette ouverture, le pays était « encadré par de nombreuses sanctions économiques internationales » (Harris 2012, 65). Ces sanctions avaient pour but d’attirer l’attention des leaders de la junte et de les forcer à s’ouvrir à la démocratie, en passant par le pouvoir que possède l’économie, notamment en matière de contrôle de l’opinion publique. En effet, si la population ne peut trouver de travail en raison du système autoritaire en place, il sera temps pour eux de trouver un régime qui pourrait leur offrir plus d’opportunités économiques.
L’impact de l’opinion publique
Aussi, il est important de noter l’impact puissant de l’opinion publique dans le pays. En effet, depuis la fin des années 80, celle-ci c’était ralliée autour d’Aung San Suu Kyi, une opposante au régime depuis son installation et fondatrice de la Ligue Nationale pour la Démocratie[1]. Son père, Aung San, avait combattu ouvertement le régime colonial anglais, jusqu’à son assassinat en 1947. Pour cela, il s’était notamment rapproché de mouvements communistes, comme d’autres anti colonialistes l’ont fait dans la région de l’Asie du Sud Est. C’est principalement à lui que le pays peut créditer l’obtention de l’indépendance du pays. Il est d’ailleurs à ce jour toujours considéré comme un « héro national » (Prager-Nyein 2013, 552).
Par la suite, l’opinion publique s’est rassemblée autour de sa désormais célèbre fille : Aung San Suu Kyi. Cette figure de proue du mouvement résistant du pays est notamment connue pour avoir vécu près de 30 ans assignée à sa résistance, à cause de son opposition publique et pacifique à la junte militaire qui détenais le pouvoir politique dans le pays. Depuis sa libération en 2010, elle défend les droits du peuple du Myanmar, selon les pouvoirs qui lui sont octroyés par la Constitution. De par son mariage avec un étranger, elle ne peut atteindre la fonction suprême de présidente du pays. Cette clause à la Constitution avait été ajouté par la junte militaire, dans le but explicite de l’empêcher de se présenter à la présidence.
Des défis perdurent tout de fois encore dans la société Birmane
En effet, il est important de noter que ce vent d’air frais dans la vie politique du pays n’est pas parfait. Le Myanmar est un pays doté d’une riche diversité ethnique, avec près de 7 groupes différents et près de 135 ethnies reconnues officiellement pas l’État birman. Malgré tout, ce nombre important peut également entrainer des disparités plus importantes entres ces « races nationales ». Certaines minorités ethniques voient encore leurs droits se faire lésés. Par exemple, la communauté des Rohingyas souffrent encore de nombreuses discriminations, voir d’attaques violentes dans leurs régions. C’est d’ailleurs l’une des plus grandes critiques formulées au sujet de Aung San Suu Kyi[2]), qui « manque de directives claires en terme de conflits ethniques » (Prager-Nyein 2013, 550). Ce silence ne passe d’ailleurs nullement inaperçu auprès de la communauté internationale, qui va jusqu’à s’inquiéter d’un possible conflit ethnique entre les Rohingyas et la communauté bouddhiste de la Birmanie.
En somme, même si la population birmane a bénéficié de nombreuses avancées en terme de liberté depuis les années 80, de nombreux progrès restent encore à faire. Les plus notables sont en terme d’égalité entre les citoyens, que ce soit avec les différentes ethnies ou les habitants du pays vivant sous le seuil de pauvreté. Il reste encore à savoir de quelle manière La Dame va gérer des enjeux comme la santé ou l’éducation de la Birmanie.
[1] Page facebook de la ligue : https://www.facebook.com/NLDParty/
[2] Pour en savoir plus : http://www.tandfonline.com/doi/pdf/10.1080/00472336.2013.771942?needAccess=true
Bibliographie
Egreteau Renaud, « Birmanie : la transition octroyée », Études 2012/3 (Tome 416), p. 295-305.
Harris JC. 2012. Daw Aung San Suu KyiFreedom to Lead. Arch Gen Psychiatry.69 (juillet) : 657-659.
Prager-Nyein Susanne. 2013. Aung San Suu Kyi between Biographical Myth and Hard Realities, Journal of Contemporary Asia. 43 (mars) : 546-554
Iconographie
A : http://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1038496/justin-trudeau-aung-san-suu-kyi-droits-personne-birmanie-myanmar