Par Lucie Marcoux
Durant la période de la guerre froide, l’idéologie communiste amena beaucoup de changement en Asie du Sud-Est. De nouveaux dirigeants prirent pouvoir dans cette région et Pol Pot est l’un d’entre eux. C’est un des dictateurs les plus connus dans le monde, car il fut l’auteur du génocide cambodgien. Entre 1975 et 1979, environ 20% de la population du Cambodge, soit presque 2 millions de personnes, perdirent la vie. L’objectif primordial du regroupement de Pol Pot, les Khmers rouges, était de construire un Cambodge à l’image d’une paysannerie authentique, autochtone et non souillée par le capitalisme [1]. Avec ces informations, il est facile de se questionner sur les méthodes utilisées par ce dictateur pour que son idéologie prenne place au Cambodge. Cet article aborde donc les principales stratégies qui ont permis à Pol Pot de prendre le contrôle du pays à partir du 17 avril 1975, quand Phnom Penh, la capitale du Cambodge, fut envahie par les Khmers rouges.
Premièrement, une des principales stratégies qui permirent à Pol Pot de contrôler le Cambodge est l’isolement des regroupements khmers rouges. Dès le début, il décide de dissimuler son idéologie communiste des yeux du gouvernement cambodgien. À cause des politiques sévères que le roi Sihanouk adoptait envers les groupes d’oppositions dans les années 50, Pol Pot et ses camarades décident de se cacher dans les « zones libérées » de l’Asie [2]. Pol Pot s’isole dans le sud de la capitale à partir de 1955 où il organise des rencontres politiques privées quelques fois par mois. Dans les années 60, il doit se déplacer plus profondément dans la jungle et il décide de vivre dans un campement de communistes sud-vietnamiens de l’autre côté de la frontière cambodgienne [3]. Il devra se déplacer une dernière fois, à la fin des années 70. Dans la jungle, les Khmers rouges endoctrinent les populations avoisinantes avec leur idéologie. En changeant d’endroit plusieurs fois durant la révolution, Pol Pot a réussi à préserver le communisme au Cambodge.
Deuxièmement, Pol Pot a travaillé à obtenir le soutien et la confiance de la population pour transmettre son idéal communiste. Pour amener un mouvement révolutionnaire communiste au pays, il faut que le parti de Pol Pot soit supporté par « des masses ». Pour lui, les paysans sont des êtres pauvres désireux changement. Pol Pot veut donc trouver le moyen de les embarquer dans la révolution sociale. Les Khmers rouges se mettent alors à aider les cultivateurs lors des récoltes et à soigner des malades dans le but d’obtenir leur soutien. Une fois la confiance des paysans gagnée, certains d’entre eux joignent l’armée des Khmers rouges. Celle-ci passe alors d’une centaine d’hommes à trente-cinq-mille hommes au début des années 70 [4]. Les Khmers rouges vont également transmettre aux paysans une haine envers les gens instruits. On leur reproche de vivre dans de bonnes conditions, tandis que les villageois, eux, vivent dans la jungle, sans électricité ni eau courante et avec un accès difficile aux soins de santé. On accuse les élites d’une société injuste.
Troisièmement, Pol Pot décide d’établir des alliances pour obtenir le soutien des autres pays. Dans les années 70, il fait quelques voyages dans des « zones libérées » comme le Vietnam et la Chine. Avec ces rencontres, il développe une idéologie du travail manuel [5]. Selon lui, on doit balayer les traits socioculturels de l’ancien régime. Les Khmers rouges décident donc, durant une réunion du comité central en 1972, de mettre en place un plan de collectivisation de l’agriculture et de la suppression du commerce privé [6]. C’est cette idéologie qui est appliquée après la défaite de Phnom Penh.
Une autre stratégie qui mena au contrôle du pays fut de donner des avantages aux paysans. Par exemple, en été 1972, les Khmers rouges enlèvent les terres agricoles des riches pour les redistribuer aux plus pauvres. Ceux qui s’y opposent sont menacés ou tués [7]. En faisant cela, le parti des Khmers rouges gagne encore plus de pouvoir auprès de la population, si bien qu’en 1973, le parti est présent dans presque tout le Cambodge. De plus, certains paysans, qui affectionnent l’idéologie, assassinent les gens instruits ou les espions du gouvernement de leur village [8]. À ce moment, Pol Pot a réussi à unir la population sous son idéal communiste.
Pour conclure, quand les Khmers rouges marchèrent à Phnom Penh le matin du 17 avril 1975, les gens étaient très loin de se douter que ce régime se transformerait en génocide [9]. Bien que Pol Pot fût un sombre dictateur, il eut le discernement d’utiliser ces stratégies pour amener la « masse » du côté de son idéologie et ainsi contrôler le Cambodge en entier.
Références :
[1] Short, 2007, p. 300.
[2] Kiernan, 1985, p. viii.
[3] Short, 2007, p. 187.
[4] Short, 2007, p. 296.
[5] Kiernan, 1985, p. 297.
[6] Short, 2007, p. 295.
[7] Sola, 1994, p. 67.
[8] Short, 2007, p. 327.
[9] Kiernan, 1985, p. iii.
Bibliographie :
Brown, Archie. 2009. « The Rise and Fall of Communism ». Canada: Doubleday.
Hamel, Bernard. 1993. « Sihanouk et le drame cambodgien ». Paris : Éditions L’Harmattan.
Kiernan, Ben. 2004. « How Pol Pot Came to Power: Colonialism, Nationalism, and Communism in Cambodia, 1930-1975 ». New Haven : Yale University Press.
Short, Philip. 2007. « Pol Pot : Anatomie d’un cauchemar ». Paris : DENOEL.
Sola, Richard. 1994. « Le Cambodge de Sihanouk : Espoir, Désillusions et Amertume 1982-1993 ». Paris : Sudestasie.