18 Juin 2012
Mangandang Happon !
Nom d’une climatisation qui marche pas ! Ça fait déjà plus de deux semaines que je suis ici ! Pffu je suis clairement une guerrière aguerrie maintenant !
Et la preuve, c’est que j’ai déjà pu faire ma maline et montrer à un français perdu comment on prend les jeepneys, deux trois trucs, une bonne place pour prendre un verre et manger beaucoup pour pas cher, le Tomato Kick ! Quel sentiment de jouissance de « montrer » des choses à quelqu’un ! Ça donne l’impression d’être cool, de savoir les « trucs » de gens malins, bref !
Petite anecdote à propos du Tomato Kick. C’est une place assez connue dans mon quartier, tout le monde va là bas entre amis etc. Donc tu peux dire « Tomato Kick » à un tricycle et il sait où c’est. Mais la première fois, j’ai du m’y reprendre à 6 ou 7 fois avant que le chauffeur du tricycle prenne soudain un air de compréhension et me dise « Aaaah, Tomééééto kick ! » Hum, oui, Tomato Kick…
C’est pas toujours facile d’arriver à prononcer les noms des lieux avec le bon accent. D’ailleurs ici, j’ai remarqué que ça marche pas mal par mots clés. Si tu connais les bons mots clés, tu peux te rendre n’importe où sans problème. Philcoa ( prononcez Philcouu-wa) ? Bayad po ! (voilà mon paiement, 8 pesos) Para po ! ( = stop please, et là ça peut être en plein trafic, rien à foutre, ils te larguent et débrouille toi!, mais j’ai appris à jongler entre les voitures, les jeeps, les tricycles, les motos, de toutes façons elles vont tellement pas vite… Mais la plupart du temps je me colle derrière un philippin qui traverse.) – Cubao, UP (prononcez youpi) (l’université), anonas (chez moi), MRT (métro), SSS (social security service je crois), SM (SaveMore, un énorme mall)… Comme on peut le voir, ils aiment beaucoup les diminutif, les abréviations.
En tout cas j’admire les chauffeurs de jeepneys. Quand on dit que seules les femmes sont capables de faire plusieurs choses en même temps, c’est faux ! Les chauffeurs de jeeps, ils conduisent une antiquité ! Le grand volant sans direction assistée aucune, les pédales approximatives, les vitesses qui ont pas toujours l’air facile à passer, tout en recevant le paiement de chacun, en se souvenant de qui est monté quand et s’arrête où, il rend la monnaie et le tout avec un flegme et une classe nonchalante en claquettes et en short, la petite serviette sur la nuque et parfois la musique à fond. Non et puis c’est tous de vrais pilotes. N’importe qui largué dans ce trafic causerait 18 accidents en moins de 2 minutes, mais non, eux ils ont le truc, ils ont tous un tas de codes pour se comprendre, faits de klaxons, de gestes, d’interjections (ou d’insultes?) diverses.
Midi, l’église d’à côté entame une mélodie de cloches électroniques. Cela sonne complètement irréel et cet air candide ne saurait correspondre à cette chaude, lascive et opprimante journée.
Je ne vous ai pas encore parlé des toilettes. Aaaah les toilettes. Ici, comme dans plusieurs autres pays asiatiques, on trouve que s’essuyer avec du papier, c’est vraiment dégueulasse. Eux, ils se lavent à chaque fois. Il y a un sceau d’eau et une écuelle, et en avant mon brave. Donc il n’y a jamais de papier, ou s’il y en a, il faut le jeter dans la poubelle. Et oui, les canalisations sont pas faites pour ça du coup. Mais bon moi je me demande toujours comment ils font, parce que c’est bien beau de se laver, mais après, quand t’es bien trempé, tu fais quoi ? Parce que se rhabiller dans ces conditions, ça veut dire avoir l’air de s’être pissé dessus ! Or je n’ai vu personne mouillé, ni personne avec une serviette de bain… Mais c’est difficile de poser la question à un philippin… Alors le mystère demeure. En attendant, je me ballade avec mon rouleau de PQ sur moi ;p
La douche ! Je sais pas chez les autres, mais chez moi c’est pas une douche, c’est pareil que les toilettes, un sceau qu’on rempli et une écuelle. Mais en fait j’aime bien parce que quand t’as bien chaud, t’asperger d’eau comme ça c’est rafraîchissant, et puis on dépense moins d’eau. (Mais du coup je prends deux à trois douches par jour… hum)
Cette semaine, les cours ont commencé. Ah ! Toute une expérience. L’université en tant que telle est très surprenante. Buildings à l’architecture semi aventureuse, entourée de végétation tropicale… L’intérieur… Les salles de classes ont l’air d’être extraite directement des années 20, avec des mini bureaux en bois avec la chaise attachée, entassés dans une toute petite salle climatisée qui pourrait faire attraper une pneumonie à un inuit.
Mes cours sont en fait des cours de maîtrise ici, car ils commencent l’université à 16 ans, c’est décalé. Je crois qu’ils ont fait une réforme cette année pour s’aligner sur le système international. Ils prennent en général deux cours de maîtrise, car le restent du temps ils ont un ou deux job(s). Ils m’ont tous regardé avec de gros yeux ronds quand j’ai dit que je prenais 4 cours. Hum, j’espère que je vais pas être surchargée de travail quand même, ça serait indécent.
Je suis dans le « Asian Center » qui est un petit endroit, qui ressemble un peu au « couloir » de mon programme à Montréal « études est-asiatiques », dans le sens où on a la vague impression d’une gloire passée avec de belles images aux murs, des affiches d’événement de 2003, une équipe réduite mais chaleureuse.
(Mars 2013 : Je tiens à dire que cette dernière remarque a été reprise par M. Caouette pour demander au département (ou à la faculté je sais pas) de rénover le « couloir »… Très fière de moi !)
Un de mes cours où nous sommes 4, plus le prof, se donne dans un bureau. C’est curieux quand même, faire cours dans un bureau ! Surtout que c’est un cours assez génial : « socialisme et capitalisme en Asie ». On a déjà refait le monde plusieurs fois en quelques heures et le prof veut nous emmener visiter les temples d’Angkor, parce qu’il peut avoir des billets pas chers. Aucun rapport avec le cours… Bref !
Dans un autre cours où le temps était long, j’avais écris en français des commentaires niaiseux sur mon carnet du genre « attends il vient vraiment de dire « voilà » en français ? », ou « La politesse en anglais ici, se manifestent par un nombre improbable de « ser » dans une phrase, pourtant tout le monde texte allègrement, hum, étrange. ». Bref, des commentaires aucunement en lien avec le cours lui-même (Urbanisme et industrialisation en Asie, pfff). Une fille arrive en retard et s’assoie à côté de moi. Quelques minutes plus tard, je tourne la tête et elle avait l’air absorbé dans la lecture de mon carnet, la main sur le menton, genre « ah oui, je vois, c’est donc ça le sens du monde » …. Sauf que, elle ne parle pas français cette jeune fille. Bref, je l’ai prise en flagrant délit de totale simulation d’intérêt et d’intelligence. HA !
Sinon, ça devient très compliqué, j’essaie de changer mes cours pour avoir mes samedis de libre (avoir cours un samedi matin, c’est pas humain!!) et pouvoir partir en fin de semaine… Ça à l’air que je vais prendre des cours de tagalog !
J’ai mis 5 nouvelles photos sur flickr.
Je m’excuse, je fais peu de photos. Il y a trois photos de l’Université (malheureusement pas des salles de cours, ceci sera ma prochaine mission) et deux de ma chambre.
Dans le prochain épisode, je vous parlerai de mon excursion d’une journée (hier) à Santa Cruz et Pagsaysay.
Je vous laisse avec ces noms mirobolants de rue pas loin de chez moi : Mapagkawanggawa et Mapagkangbaba.
Proverbe philippin : Plus grand est le bambou, plus bas il s’incline.
à bientôt !
Sandra Vilder ( mon blog d’écriture )