3 juin 2012
Magandang Umaga !
Je suis arrivée il y a 5 jours, et déjà j’ai vécu beaucoup de choses. Je suis encore fatiguée du décalage horaire. 12h de différence entre Montréal et Manille ! Autrement dit, c’est le jour et la nuit. C’est donc assez dur. Je pensais pas que le corps s’habituait autant à nos horaires…
Première impression : C’est comme la Jamaïque ! Il fait chaud et humide, c’est pauvre, les rues sont sales, (Je trouve ça toujours effarant de voir des gens jeter leurs déchets dans la rue…. Quelle est la logique?) et les bâtiments ont parfois l’air de vouloir s’écrouler, quand ils sont en bétons, alors quand ils sont bricolés avec … des bouts de métal, du bois… Le sourire des gens, on sait jamais s’ils se foutent de ta gueule ou si ils aiment juste sourire. Mais Manille c’est plus grand, plus de monde, trop d’enfants dans les rues qui mendient, bon et puis ils sont passablement plus asiatiques et plus pâles que les jamaïcains !
Je me suis d’abord sentie agressée par cette ville au trafic bouillonnant sur les routes, polluée à en tousser, mais je crois que c’est un des rares pays ou on peut relativement se sentir accepté. C’est ce qui me rassure. J’ai rencontré déjà beaucoup de monde et j’ai déjà des amis philippins.
Première journée : J’arrive après pas loin de 22h de vol complètement ahurie, je me perds dans les bus, les taxis et les jeepneys, j’arrive exténuée à la guesthouse où je vais loger pour 5 mois. La tenancière est une curieuse petite femme relativement âgée, qui m’a l’air d’être mono-émotionnelle, on arrive jamais à savoir ce qu’elle pense, elle parle sans bouger la bouche alors j’ai parfois du mal à comprendre, mais dans l’ensemble elle est gentille. Elle a un restau bio et elle est en relation avec tout un tas d’activistes, d’ONG, de féministes, d’artistes…
Le soir, toujours aussi crevée, je vais rejoindre le professeur qui m’a amené ici, M. Caouette (hello!) et les trois québécois qui sont venus faire un documentaire en partenariat avec le third wold studies center, un centre de recherche à UP (Université des Philippines) et qui sont venus eux aussi, grâce à M. Caouette. C’est le party de départ d’une autre québécoise qui a fait un stage dans une organisation féministe. Le party philippin, c’est de la bouffe et un karaoke ! Mais pas un truc tranquille où on chante de temps en temps ! Non ! Ils sont tous à fond, ils chantent (faux parfois), ils dansent et il y a une ambiance de fou ! Il faut chanter pour montrer qu’on est capable d’auto-dérision. Moi je l’ai pas fait, malgré l’entrain et la jovialité ambiante, je m’endormais sur place… Mais je n’y échapperai pas, je le sens…
Le deuxième jour, je vais à l’Université, toujours aussi paumée, je découvre le campus… Sorte de forêt tropicale au milieu de la ville super-urbaine, c’est presque une ville en tant que tel, c’est immense, plus grand et étalé que l’UdeM, avec des communautés à l’intérieur, sortes de minis bidonvilles… On y trouve des réstau, des magasins, des imprimeurs qui te copient (illégalement) un livre en trois jours (avec couverture et tout) pour pas cher… Bref, un campus qui ressemble à rien de ce que je connais. L’architecture à l’air de dater de la seconde guerre mondiale, laissé en état, ça donne une drôle d’impression. Il y a des jeepneys qui font le tour de l’université…
C’est ça une jeepney :
Ça date de la WWII, c’étaient les jeep des milliaires américains qu’ils ont allongées … décorées, avec parfois un sens aigu de l’esthétisme et de la sobriété… Ça coûte pas cher, entre 7 et 15 (je crois) pesos. (45pesos =1CA$)
Le soir, on sort avec les francophones et on finit par chanter « 51 je t’aime » dans le taxi du retour.
Le lendemain je me lève tard, dans la guesthouse, il y a un musicien de Mindanao, une province au nord, un campagnard quoi. Il sait pas bien parler anglais alors il est mal à l’aise et du coup moi aussi. Mais bon il est cool et il m’invite à venir avec lui dans un « festival de musique internationale » qui se composait en fait de d’artistes… philippins et un japonais. C’était sympa, c’était des « underground » des philippins en marge, des artistes, bref ils sont très différents, peut-être plus proches du monde que je connais, ça m’a rassuré. Finalement, même ici, ya pas de comportement idéal, pas de conformisme partout, on peut être qui on est, après tout. Ça donne souvent cette impression, quand on est dans un pays étranger que tout le monde a un mode de vie commun et qu’il faut absolument se conformer au modèle local pour pouvoir s’intégrer. Mais bon en fait, même si ce conformisme existe, comme dans tous les pays, il est largement dépassé par tous ceux qui osent sortir du lot.
Le quatrième jour, j’essaie d’explorer mon quartier un peu mais je reçois vite un text qui m’invite à aller faire du tourisme. On va donc visiter la ville « intramuros » le restant de la colonisation espagnole. Bon ça ressemble un peu au Laos dans le genre architecture occidentale d’époque avec cocotier sur le bord, pas entretenue donc les murs sont souvent noirs de saleté, on sent que ça date. Ils en sont fiers, c’est un lieu touristique, forcement, on a droit aux calèches, avec des chevaux miniatures, des poneys sans doute, tout rachitifs. Il y a des remparts, souvent recouverts de mousse. Et oui l’architecture coloniale a cela pour critère de ne surtout pas correspondre au climat local, soit tropical.
On rentre dans une boutique d’art local, d’artisanat, etc, je vois un tableau que j’aurais bien acheté, à 500$, mon instinct sans doute paternel qui me dit que c’est beau et que ça vaudra plus ensuite, surtout vendu au canada comme venant des Philippines… Mais bon je vais pas m’encombrer de ça à mon 4ème jour ici… Ça coûte quand même, même si je l’achète à crédit… Bref. En tout cas c’était drôle, j’en ai parlé à un philippin et il rigolait. Pour lui, l’art moderne, ça sert à rien et c’est même pas « beau »… Mais quand il a vu que moi j’aimais, il a fait « euh mais ya des belles couleurs ! » hahaha ! J’y reviendrai ptet plus tard…
Ensuite on est allé dans un marché, et on s’est fait prédire l’avenir devant une grosse église où y avait la messe (du dimanche) retransmise en direct sur grand écran à l’extérieur de l’église. Alors je vais me marier à 26ans, je vais avoir 2 ou 3 enfants, à 24 j’ai le job de mes rêves, il faut que je fasse attention aux hommes mariés, à pas manger trop de sucré ni de gras, et à tous les gens qui m’envient et me jalousent parce que j’ai du pouvoir, de la force, bref je suis une super-héros qui a la classe internationale quoi. Vous êtes prévenus !!
Le soir, j’ai du me sacrifier… J’ai chanté au karaoke (c’est comme un test à passer) sur No woman no cry, assez terriblement pas en rythme et totalement faux, mais… ils l’ont voulu, ils l’ont eu !!
Aujourd’hui, cinquième jour, je dois aller à l’Université remplir un tas de trucs administratifs, ça va être pas-sio-nant ! Surtout que le typhon a pas encore pété et qu’aujourd’hui il va pleuvoir toute la journée !
Dans mes prochaines missions, il me faut :
– trouver un vélo à acheter pour aller à l’université
– aller dans un giga centre d’achat, LE pèlerinage incontournable, ou je pourrais m’acheter des t-shirt et ptet d’autres chaussures, et éventuellement me faire couper les cheveux. (C’est terrible comme mes cheveux frisent ici, j’ai l’air d’avoir un vieux tas de cheveux sur la tête, c’est vraiment pas beau !)
Sur ce, à bientôt !
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Je m’appelle Sandra et je suis partie aux Philippines pendant cinq mois en 2012. J’ai écrit régulièrement à un groupe d’amis pour leur donner de mes nouvelles. Voilà donc mes histoires.
J’essai aussi d’écrire de la fiction. Vous pouvez retrouver mes tentatives ici.