Les réfugiés Hmong laotien

par Alicia Mersy

Le sort des réfugiés hmong laotiens en Thaïlande continue de susciter de vives inquiétudes au sein de la communauté internationale. En janvier 2009, 31 membres du Congrès américain ont demandé au gouvernement qu’il fasse pression sur la Thaïlande pour assurer un retour sécuritaire des refugiés hmong au Laos. Depuis des décennies, des milliers de hmong ont fuit le Laos où ils étaient victimes de persécutions pour la Thaïlande. Aujourd’hui, ils sont au nombre d’environ 5000, confinés dans un camp, près du village de Huai Nam Khao, dans la province de Petchabun dans le nord de la Thaïlande. Le Laos et la Thaïlande arriveront-ils à une entente pour mettre fin au terrible destin de ces Hmong Laotien?

Depuis décembre 2005, plus de 370 Hmong laotien réfugiés en Thaïlande ont été forcés de retourner au Laos. Médecins sans frontières, la seule organisation non gouvernementale qui était admise sur place jusqu’à tout récemment a rapporté que les réfugiés qui sont rapatriés au Laos subissent des tortures, des massacres et les femmes sont souvent victimes de viols.  Au même moment, plusieurs milliers de Hmong se cachent toujours dans les forêts des zones frontalières : “According to people living in the camp and human rights organizations, up to a few thousand Hmong, including women, children and elderly people, still live in the jungle today and continue to be subject to attacks and persecution by the Lao military. As a result, Hmong have continued to flee Laos since the end of the war.” (http://www.atimes.com/atimes/Southeast_Asia/KA21Ae02.html).

Le gouvernement laotien refuse l’aide internationale dans les procédures de rapatriement des Hmong au Laos. Le 4 mars 2008, Human Rights Watch a déclaré que le gouvernement Thaïlandais devait arrêter le retour forcé des Hmong au Laos sans une supervision d’organismes internationaux.

Les Hmong forment une ethnie venue de Chine qui s’est progressivement installée dans différent pays  limitrophes: soit, le Vietnam, le Laos, la Thaïlande et le Myanmar. Ainsi, on retrouve près de 124 000 Hmong dans quelques 230 villages en hautes montagnes, dans le nord de la Thaïlande. Pendant plus de deux siècles, au Laos, les Hmong vivaient en marge de la société, retirés dans les montagnes. Au moment de la colonisation, les Français ont utilisés cette ethnie pour combattre les communistes vietnamiens.

Lorsque la France se retire à la fin de la première guerre d’Indochine, les Américains arrivent et à leur tour recrutent les Hmong. Durant la guerre du Vietnam, les Hmong sont engagés par la CIA pour soutenir l’armée américaine qui combattait le parti communiste Pathet Lao. Tout comme les Français, les Américains se servent d’eux pour combattre les communistes. Après le départ des américains en 1975, on estime à 300 000 le nombre de hmong qui ont fuit le Laos pour se réfugier en Thaïlande.

Encore aujourd’hui, le Laos continue de persécuter les communautés Hmong à cause de leur implication avec les États-Unis contre le Parti communiste du Laos. Selon Human Right Watch, “At best, when Hmong asylum seekers and refugees arrive in Laos after deportation, Lao authorities prohibit return to their homes and force them to stay in relocation sites or with relatives in government-friendly villages. At worst, Hmong deportees face arbitrary incarceration, sexual abuse, torture, and disappearance.”(http://www.doctorswithoutborders.org/publications/reports/2007/Hmong_Briefing.pdf)

Selon Gar Yia Lee, co-auteur du livre Hmong/Mia in Asia et spécialiste de la région les Hmong qui sont restés au Laos après le départ des Américains en 1975 peuvent être divisés en trois catégories : ceux qui supportaient la révolution du Pathet Lao (Thirty-years Hmong), les réfugiés ou soldats du coté du gouvernement royal lao qui n’ont pas pu s’enfuir ou ont décidé de rester (Vang Pao Hmong) et finalement des groupes de résistance (Chao Pa) considérés comme des bandits. Ces derniers habitent dans les hautes montagnes et résistent aux politiques d’assimilation agressives du gouvernement laotien. Aujourd’hui, on compte entre 500 et 1000 guérilleros hmong aujourd’hui.

Depuis qu’il a pris le pouvoir en 1975, le parti révolutionnaire populaire est depuis son accession au pouvoir, le seul parti politique autorisé au Laos. Une dictature qui n’admet pas les voix dissidente alors que les hmong essaient de conserver leur identité et leur culture. Peu de signes encourageants viennent du Laos car il est admis que le bilan du Laos en termes de droits humains est faible et qu’il y a très peu de transparence.

Les deux capitales, Bangkok et Vientiane voient dans le contentieux sur les hmong un obstacle pour une plus grande intégration et pour le renforcement de leurs liens économiques. La Thaïlande, en menaçant de renvoyer les réfugiés cherche à faire pression sur le gouvernement laotien. De la même façon les États-Unis voudraient voir cette question se régler car c’est une question qui divise le Laos et la Thaïlande. Les États-Unis souhaitent que la Thaïlande et le Laos forme un bloc fort pouvant agir en contrepoids à la Chine, superpuissance dans cette région du monde. Peut être que les jeux d’Asie du Sud-Est de décembre 2009 qui se dérouleront à Vientiane seront l’occasion de mettre une priorité sur le dossier des Hmong pour que les relations soient plus harmonieuses entre ces deux États. Des événements comme ceux-ci sont souvent l’occasion pour les États de donner une bonne image d’eux-mêmes et ils ont tendance à vouloir régler les conflits qui provoquent la réprobation la internationale, comme le conflit des Hmong,

RÉFÉRENCES:

www.atimes.com/atimes/Southeast_Asia/KA21Ae02.html

www.doctorswithoutborders.org/publications/reports/2007/Hmong_Briefing.pdf

www.tragicmountains.org/id19.html

Tapp Nicholas, Jean Michaud, Christian Culas et Gary Yia Lee. Hmong/Miao in Asia, Silkworm Books. Bangkok. 2004

www.hrw.org/en/news/2007/08/29/thailand-protect-hmong-refugees

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