par Alicia Mersy
Le 12 octobre 2002, l’île indonésienne de Bali, une station balnéaire internationale est le théâtre d’un attentat sanglant qui laissera dans le deuil plus de 200 familles et fera près de 300 blessés, pour la plupart des touristes australiens. Perpétré dans une boîte de nuit populaire, l’attaque à la bombe avait vraisemblablement pour but de déstabiliser les autorités gouvernementales et de donner de la visibilité médiatique aux revendications de ses auteurs : les membres de l’organisation Jemah Islamyah.
Dans ce pays qui regroupe la plus grande population musulmane au monde (80% des 237 500 000 indonésiens sont de confession musulmane), les discours politiques militants qui prétendent se fonder sur les préceptes du Coran ne sont pas sans trouver un écho au sein de la société civile. La plus connue des organisations islamistes d’Indonésie est sans aucun doute Jemah Islamyah (organisation islamique en arabe) dont les actes ultra radicaux ont choqué le monde entier et déstabilise le gouvernement indonésien.
Jemah Islamyah est la plus grande organisation terroriste en Asie du Sud-Est. Cet organisation islamiste milite pour la création d’un État islamique, d’un Califat et propose une révolution islamique en Indonésie et à travers la région d’Asie du Sud-Est qui inclurait, la Malaysia, le sud de la Thaïlande, le sud des philippines et l’Indonésie. Cette organisation clandestine et rebelle se bat pour le pouvoir politique et utilise la religion comme instrument de mobilisation. Ses cellules clandestines opèrent à travers plusieurs pays d’Asie du Sud-Est. Plusieurs éléments facilitent les opérations de cette organisation clandestine comme l’immense archipel qu’est l’Indonésie et ses frontières maritimes ouvertes. Pour ce qui est de la grandeur de l’organisation, le nombre de ses membres reste mal connu, son évaluation varie de 100 à 1000 membres. Les liens familiaux et les liens formés à l’université entre les membres de JI sont forts. Beaucoup des militants de JI sont représentatifs de la jeunesse indonésienne issue de conditions sociales économique précaires. (Sidney Jones, À Jakarta, la relève est assurée. Courrier International, Paris. 2008)
Les liens entre JI et Al-Qaïda ne sont pas clairement établis. Les opinions des experts divergents sur la question. Certains pensent que JI est l’aile sud asiatique d’Al-Qaida et disent que le groupe pourrait ouvrir un front contre les intérêts des États-Unis dans la région. D’autre disent que les deux groupes terroristes ne sont pas très liés parce que les ambitions régionales de JI ne correspondent pas aux ambitions plus globales d’Al-Qaida. (http://www.cfr.org/publication/8948/)
Abu Dujana, chef de la branche armée de JI et l’un des présumés coupables des attentats de Bali a été arrêté le 9 juin 2007 par la police indonésienne, avec 400 autres suspects terroristes. Ces arrestations ont dû compliquer les activités de cette organisation. Aujourd’hui, Singapour la Malaisie et les Philippines combattent activement les terroristes. Ils ont arrêté plusieurs suspects de l’organisation Jemaah Islamyah. Par exemple, Singapour a déjoué un complot qui visait les ambassades des États-Unis, de Grande-Bretagne et d’Israël au pays.
Avant l’attentat de Bali en 2002, le gouvernement Indonésien n’avait fait aucune enquête sur JI mais la Malaisie, Singapour et les Philippines avaient déjà infiltré leurs cellules. On accuse cette organisation islamique indonésienne d’être responsable de plusieurs attentats ultérieurs : celui du 5 aout 2003 de l’hôtel Marriott à Jakarta qui a fait 12 morts, l’attaque du 9 septembre 2004 qui avait comme cible l’ambassade australienne à Jakarta et l’attentat suicide du 1er octobre 2005 à Bali qui fait 19 morts. JI est sur la liste des organisations terroristes des États-Unis depuis l’attentat de Bali en 2002 et est suspectés d’avoir des liens avec Al-Qaeda. Pour les Américains, l’Asie du Sud-Est devient le deuxième endroit de lutte anti-terroriste pour les États-Unis.
La vie politique indonésienne actuelle ne peut être comprise à partir de sa seule dynamique institutionnelle ou de la rencontre des partis politiques officiels qui ont lieu en Indonésie. Les acteurs extra étatiques que sont les organisations islamistes populaires ont une importance qui ne peut pas être sous-estimée. Les conflits inter étatiques au sud des Philippines, au sud de la Thaïlande ou en Indonésie, sont le produit de facteurs sociaux, ethniques et religieux complexes. Dans tout ces cas, la cause islamiste en Asie Sud-Est se caractérise par des revendications sécessionnistes. En effet, que ce soit JI, le FILM aux Philippines ou le Pejuang Kemerdekaan Pattani en Thaïlande, tous ces mouvements réclament la création d’un état indépendant et répondent aux préceptes de la charia islamique.
RÉFÉRENCES
www.nctc.gov/site/groups/ji.html
www.cairn.info/load_pdf.php?ID_ARTICLE=OUTE_006_0079
Jones, Sidney. À Jakarta, la relève est assurée. Courrier international, Paris. 2008