L’ENVIRONNEMENT OU LA CROISSANCE?
Par Adil Boukind
Les pays d’Asie du Sud Est sont réputés pour leur période de forte croissance économique pendant près de 30 années (1970-1997). Cette croissance est d’une telle importance que les auteurs libéraux n’hésitent pas de parler de « miracle ». Malgré ce miracle, la fin de cette ère s’est soldée par un importante crise économique (appelée crise du troisième type par les économistes). Cependant la région garde un fort potentiel de développement économique essentiellement grâce à ses pôles technologiques que sont les tigres d’Asie. (Singapour, la Birmanie, l’Indonésie, les Philippines et le Brunei). La région propose beaucoup de défis dans le domaine du développement, dont un des plus prépondérants est la problématique environnementale. Le niveau technologique étant encore bien trop faible dans certaine régions (nous pouvons penser à la Malaisie où, une fois sorti de Kuala Lumpur, la campagne et la paysannerie prédomine). Ce billet s’intéressera aux solutions restantes pour les pays n’ayant pas encore atteint ce haut niveau de technologie dans les moyens de productions.
Tout d’abord il semble inévitable pour un pays de passer directement par une industrie polluante avant d’atteindre un mode de production utilisant des hautes technologies. La raison principale est que d’un point de vue rapport production/prix il est plus intéressant pour les pays en développement de se spécialiser dans une production moins coutante, c’est à dire utilisant un faible niveau technologique . L’État aurait par conséquent très peu d’intérêt à développer tout de suite des hautes technologies dans le sens où celles-ci seraient trop exigeantes pour l’économie et cela la rendrait fragile.
Chaque région du monde représente des raisons et enjeux spécifiques et par conséquent les modèles de développement de l’Asie du Sud-Est ne sont pas les mêmes que ceux de l’Afrique ou de l’Amérique latine. En effet, l’emplacement géographique influe sur les enjeux stratégiques, ceux-ci expliquent comment le « miracle » a pu être réalisable. Le contexte de Guerre Froide a grandement influencé le développement (1) de la région qui venait d’obtenir son indépendance. L’influence du communisme grandissant par le biais de l’union soviétique ainsi que la Chine. Les grandes puissances occidentales ainsi que le Japon, afin de bloquer l’expansion du communisme, ont investi beaucoup de capitaux dans les pays d’Asie. Cette aide apportée a été importante dans le déroulement de la région dans le sens où elle a permit d’effectuer son « démarrage » et aussi a déterminée sa place dans l’économie globale. Dans ce sens, la politique économique pour les années à venir est en quelque sorte planifiée car la région est entrainée dans l’inertie de sa politique de la guerre froide. Ce phénomène implique une certaine continuité dans les moyens de productions c’est à que logiquement la région continuera à polluer.
Prise dans l’engrenage, la région doit prendre part à la logique du marché mondial (3). Ce dernier possède déjà ses producteurs de produits manufacturés à haute technologie (Singapour en fait parti avec par exemple les processeurs). Par conséquent, ces pays sont en quelque sorte contraints à produire des produits ne répondant pas à leurs besoins et à se spécialiser dans les domaines où ils ont un avantage comparatif: en Asie les avantages se trouvent essentiellement dans la production du riz et dans le tourisme. En cas de crise, une sur-spécialisation pourrait s’avérer être une source de fragilité dans l’économie du pays et donc nuire au court terme.
Cette focalisation sur les deux domaines que sont le riz et le tourisme présente beaucoup d’inconvénients en matière d’environnement global et de protection du patrimoine naturel de la région. Ces domaines possèdent la particularité d’être productif en temps de prospérité mais pas dans l’autre extrême en cas de catastrophes climatiques ou de crises économiques.
Pour ce qui est du riz, la faiblesse qui a été constatée lors de la crise de 1997 est que tous les pays d’Asie du Sud étaient spécialisés dans cette production. L’entrée en récession a eut pour effet de modifier la politique des états. Produisant les mêmes bien (le riz donc), les états de l’Asie du Sud est sont rentrés dans une compétition économique aggravant le phénomène de récession. Dans un système, où la coopération est le maître clé, l’Association of South East Asia a été paralysée à l’instar de l’ONU durant la Guerre Froide. À long terme, la surproduction de riz a tendance à assécher le sol favorisant l’érosion du sol rendant ce dernier impraticable pour l’agriculture et infertile pour la flore locale.
Le tourisme quant à lui est de plus en plus en expansion dans la région. Malgré la création importante de travail, ce domaine impose certaines problématiques que ça soit au niveau social (tourisme sexuel), économique mais surtout environnementale. Tout comme le riz, ce secteur est dépendant à l’état du marché. Le secteur est en quelque sorte moins lié à la géographie est plus sujet à des phénomènes éloignés.(2) Concrètement cela s’explique par le fait que le principale client est occidentale et donc la demande aussi. Si un phénomène survient en occident réduisant le pouvoir d’achat, la demande en sera affectée en conséquence. En ce qui attrait à l’environnement, l’installation de complexe touristique a un effet très nocif pour l’écosystème: déforestation, destruction de la vie maritime au profit des ports de plaisance. La disparition de la faune et de la flore se répercute sur la vie des groupes ethniques locaux qui n’auront plus accès à leurs ressources primaires en nourritures et en plantes.
Malgré les problèmes engendrés au niveau environnemental, la dépendance envers ces économies reste très forte. La région est engagé dans un engrenage qui l’oblige à appliquer la politique économique décidée par le centre. Le principal défi pour la région dans les années à venir serait de prendre de plus en plus le contrôle de leur mode de production peut être moins rentable sur le court-terme mais plus bénéfique sur le long terme. La solution (4) serait la mise en place de politiques s’orientant petit à petit vers des industries non polluantes proposant des produits ayant des demandes inélastiques. Les cas les plus éloquent de ces politiques sont le Japon et l’Allemagne, deux pays avec des économies solides très peu affectées par les crises. La particularité de ces produits est que leur demande est très peu sensible aux fluctuations du marché. Là où réside l’intérêt de modes de productions à très haute technologie est son faible taux de pollution et que généralement la nature des produits est tend à être inélastique. Le meilleur exemple de réussite de ce modèle reste Singapour qui a été le pays le moins touché par la crise de 1997.
Bibliographie
Jonathan Crush – « Power of Development » (1)
Michael Hitchnock, Victor T.King, Michael J.G Parnwell – « Tourism in South East Asia ». (2)
Jonathan Rigg – « Southeast Asia, The human landscape of modernization and development » (3)
Helen Hughes – « Acheving Industrialisation in South East Asia » (4)