LES BESOINS ESSENTIELS AU HONDURAS

Sarah Veilleux-Doyon

Les inégalités de développement à travers le monde ont donné lieu à de nombreux débats et controverses. Plusieurs théoriciens ont développé différentes théories cherchant à expliquer comment assurer le développement des pays du tiers-monde. Toutes ces théories ne prennent pas en compte les mêmes acteurs principaux; certaines se concentrent sur les États, d’autres sur les institutions internationales telles que le FMI ou la Banque mondiale et d’autres se concentrent sur une pluralité d’acteurs. L’approche des « besoins essentiels » fait partie de ces théories qui se concentrent sur différentes catégories d’acteurs dont, les organisations internationales et les organisations non gouvernementales. Dans ce billet, je tenterai de démontrer de quelle manière les organisations internationales et les ONG coopèrent dans le but d’assurer un meilleur développement pour les pays du tiers-monde à travers l’exemple du Honduras. D’abord, j’expliquerai ce qu’est l’approche des « besoins essentiels » puis, j’appliquerai cette théorie au Honduras en regardant les interactions entre l’Unicef et l’ONG SOS Villages d’enfants.

L’approche des « besoins essentiels » voit le jour dans les années 1970 alors que l’approche dominante est celle du nouvel ordre économique international (NOEI). De ce fait, elle obtient peu de visibilité. Il n’est pas étonnant que l’approche se concentre sur l’interaction entre les grandes institutions internationales et les ONG puisque la naissance de l’approche tient son origine d’un discours du président de la Banque Mondiale en 1972 qui prônait l’accroissement considérable de l’aide publique au développement afin de répondre aux besoins fondamentaux des plus pauvres : la nutrition, le logement, la santé, l’éducation et l’emploi[1]. Le but ultime de l’approche des « besoins essentiels » est d’élever la productivité des plus pauvres et de les inclure dans l’économie. Cette approche contraste avec le NOEI sur la question de l’ingérence puisque le premier, au nom de la solidarité avec les plus pauvres se donne des nouveaux moyens d’interventions dans les pays du Sud, alors que le second exclut l’ingérence « au nom de l’égalité souveraine des États [2]». Évidemment, cette nouvelle approche de développement a eu un impact considérable sur la majorité des États, mais elle a particulièrement déstabilisé les États d’Afrique, d’Amérique Latine et des Caraïbes qui cherchaient à prendre leur place dans l’économie internationale[3].

Bien que la fin des années 1970 marque aussi la fin du NOEI et de l’approche des « besoins essentiels », causé par la résistance et l’hégémonie des pays industrialisés, par le désenchantement et par la montée du conservatisme, il semble que les ONG continuent d’évoluer dans cette dynamique. Si on s’attarde aux champs d’activités des ONG, on remarque que la grande majorité d’entre elles centrent leurs efforts sur l’amélioration des besoins fondamentaux des populations les plus pauvres. De plus, les ONG continuent, pour la plupart, à travailler de concert avec les organisations internationales. Aurait-on annoncé trop tôt la fin de l’approche des « besoins essentiels »? Il me semble que si cette approche n’est plus majoritaire, elle continue tout de même d’exister à travers l’action des ONG en partenariat ou en collaboration avec les organisations internationales. D’ailleurs, la Banque Mondiale a établi en 2004, lors de l’élaboration de la stratégie de développement du Honduras, un cadre de consultations régulières de ses différents partenaires, dont les organisations non gouvernementales nationales et internationales[4].

La consultation des ONG faite par la Banque mondiale n’est qu’un exemple d’interaction entre les organisations internationales et les ONG. L’Unicef quant à elle, entretient une véritable relation de collaboration avec les ONG. On favorise ici collaboration, qui prétend un rapport d’égal à égal, plutôt que partenariat qui implique une forme d’exploitation, de hiérarchisation entre les partenaires[5]. Ainsi, l’Unicef travaille de concert avec l’organisation non gouvernementale SOS Villages d’enfants, qui fait maintenant partie du conseil du comité des ONG de l’Unicef et travaille à la promotion de nouvelles collaborations et au renforcement de celles déjà existantes[6]. SOS Villages d’enfants œuvre au Honduras depuis 1970 dans le but de fournir aux enfants abandonnés par leurs familles et vivant dans la rue l’accès à un toit, de la nourriture et une éducation[7].

En somme, l’approche des « besoins essentiels » est toujours valide aujourd’hui puisque les ONG et les organisations internationales travaillent ensemble à améliorer la qualité de vie des populations les plus démunies en tentant de combler leurs besoins fondamentaux. L’exemple de collaboration en l’ONG SOS Villages d’enfants au Honduras et l’Unicef démontre bien l’applicabilité de l’approche des « besoins essentiels » malgré que cette approche ait été discréditée il y a une trentaine d’années.

Bibliographie

Murphy, Brian K. 2000. « International NGOs and the Challenge of Modernity ». Development in Practice 10 (août): 1-18

Payne, Anthony. 2005. The Global Politics of Unequal Development. New York: Palgrave Macmillan.

Rist, Gilbert. 2007. Le développement : Histoire d’une croyance occidentale. Les Presses de Sciences Po.

SOS Villages d’enfants. S.d. Nos lieux d’action. En ligne. http://www.villages-enfants-sos.org/Nos-lieux-action/Amerique/Honduras/Pages/default.aspx (page consultée le 10 mars 2010).

Unicef. S.d. Le comité des ONG de l’Unicef. En ligne. http://www.villages-enfants-sos.org/Qui-sommes-nous/Partenaires/Pages/Le-comite-des-ONG-de-UNICEF.aspx (page consultée le 10 mars 2010)

World Bank. 2006. International development association country assistance strategy for the republic of Honduras. World Bank: International Bank for Reconstruction and Development.


[1] Gilbert Rist, 265-266.

[2] Ibid, 267.

[3] Anthony Payne, 37.

[4] World Bank, 29.

[5] Inter Pares, 14.

[6] Unicef, en ligne.

[7] Sos Village d’enfants, en ligne.

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03 2010

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