LES REVENDICATIONS DES FEMMES AUTOCHTONES : RÉPONDRE AUX PROBLÈMES DE DÉVELOPPEMENT
Par Janie Beaupré Quenneville
L’émancipation des femmes dans la société industrielle occidentale a été un moment décisif du développement de notre société. Suite à la Deuxième Guerre mondiale, les femmes ont pris de plus en plus de place que ce soit au sein de la politique par le droit de vote ou sur les bancs d’école par l’éducation, étant même majoritaires actuellement dans les classes d’école[i].
En tant que société occidentale ayant un niveau de développement élevé, il est tout à fait normal d’avoir accès aux instances politiques et scolaires. Par contre, les femmes autochtones canadiennes n’ont pas la même chance que nous. Étant canadiennes et autochtones, elles se retrouvent dans une dualité nationale : femmes au sein du pays et femmes au sein de la nation autochtone. Dans les années 70, période où l’émancipation des femmes était au centre des revendications politiques, les femmes autochtones ont dû intervenir au sein de ces deux instances afin de se faire valoir.
La majorité des revendications étaient les mêmes, à savoir, l’égalité politique et l’abolition de la discrimination. Cependant, ces demandes, quoique fondamentalement équivalentes, avaient quelques différences. Alors que les femmes du pays luttaient pour obtenir le droit de vote, les femmes autochtones devaient en plus se battre pour regagner leur statut d’ « Indienne »[ii]. En effet, la Loi sur les Indiens faisait en sorte que ces femmes mariées à un non-autochtone perdaient le statut d’autochtone en plus de tous les bénéfices y étant rattachés. Elles devaient donc quitter la Réserve en étant privées de leur système d’éducation, des programmes de santé et de logement propre aux Réserves ainsi que de leur héritage[iii].
Afin d’établir une reconnaissance égalitaire, les femmes vont mettre sur pied l’Association des femmes autochtones du Québec (FAQNW). Lors de sa fondation en 1974, son but premier est donc d’établir l’égalité juridique entre les hommes et les femmes. Par contre, lors de la modification de la Loi sur les Indiens en 1985[iv] pour annuler cette discrimination sexiste sur la perte du statut autochtone de certaines femmes, la FAQNW va réorienter son champ de bataille. Tout en continuant à militer contre la discrimination politique, car malgré la loi une certaine réticence perdure chez les hommes de la communauté, la FAQNW va s’attarder à la discrimination sociale essentiellement provoquée par la violence familiale[v].
Les femmes autochtones, qu’elles vivent sur la Réserve ou non, sont victimes de plusieurs sortes de violence[vi]. Près de sept femmes sur dix subissent de la violence physique (abus sexuel, coups, tentative d’homicide) ou psychologique (manipulation, menace, dénigrement), dans les deux cas pouvant provoquer des séquelles temporaires[vii]. Ce haut taux de violence a beaucoup de conséquences auprès des femmes : chômage élevé, toxicomanie, tensions sociales, faible taux de scolarisation, isolement et plusieurs autres problèmes[viii]. En plus de vivre dans une Réserve où les problèmes énumérés précédemment sont prépondérants, les femmes sont encore plus affectées que les hommes à cause du contexte socio-économique propre à ce groupe. Ainsi, la FAQNW travaille à améliorer les conditions de vie des femmes autochtones sur le territoire québécois, en se concentrant principalement à réduire les actes de violence subis.
De plus, l’Association des femmes autochtones du Québec est nécessaire afin de répondre aux objectifs du Canada au Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). Afin d’améliorer le développement, le Canada a mis sur pied un programme d’intégration des questions de genre. Les trois objectifs de cette intégration sont la participation égale des hommes et des femmes dans le développement de la société, soutenir les femmes dans la mise en place des droits humains et la réduction des inégalités dans l’accessibilité et le contrôle des ressources[ix]. Tel que vu précédemment, les femmes autochtones connaissent plusieurs contraintes au sein des trois objectifs énumérés précédemment.
Ainsi, il est primordial pour le Canada et le Québec de se concentrer sur les problèmes de développement, pas uniquement au sein de la population canadienne et québécoise en générale, mais viser plus spécifiquement la nation autochtone. Le développement interne d’un pays passe par toutes les strates de la population, y compris la nation autochtone.
[i] Ressources humaines et Développement des compétences Canada, en ligne.
[ii] Carole Lévesque, p.74
[iii] Carole Lévesque, p.75.
[iv] Assemblée des Premières nations, en ligne.
[v] Carole Lévesque, p.79.
[vi] Patricia Bourque, Mylène Jaccoud et Ellen Gabriel, p.174.
[vii] Patricia Bourque, Mylène Jaccoud et Ellen Gabriel, p.179.
[viii] Patricia Bourque, Mylène Jaccoud et Ellen Gabriel, p.179.
[ix] Programme des Nations Unies pour le développement, en ligne.
Bibliographie
Assemblée des Premières nations. 2005. Le projet de loi C-31vingt ans plus tard : le Chef nation de l’APN demande que la citoyenneté des Premières nations soit contrôlée par les Premières nations. En ligne. http://www.afn.ca/article.asp?id=1549 (page consultée le 12 mars 2010).
Bourque, Patricia, Mylène Jaccoud et Ellen Gabriel. 2009. « Stratégies adoptées par les femmes autochtones dans un contexte de violence familiale au Québec ». Régulations sociopénales et peuples autochtones 42 (no 2): 173-194.
Canada. Ressources humaines et Développement des compétences Canada. 2010. Indicateurs de mieux-être au Canada. En ligne. http://www4.rhdcc.gc.ca/.3ndic.1t.4r@-fra.jsp?iid=56 (page consultée le 12 mars 2010).
Lévesque, Carole. 1990 « D’ombre et de lumière : l’Association des femmes autochtones du Québec ». Nouvelles pratiques sociales 3 (no 2): 71-83.
Nations Unies. Programme des Nations Unies pour le développement. Le Canada et le PNUD. En ligne. http://www.undp.org/canada/french/gender.shtml (page consultée le 12 mars 2010).