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Par Benjamin Faillard

En cette année 2010, l’Organisation des Nations unies fête ses 65 ans. En effet, cette organisation a été créée officiellement à la suite de la conférence de San Francisco, le 26 juin 19451. Depuis de longues années, l’ONU veut s’imposer comme la plus importante organisation supranationale, car c’est la seule qui couvre tous les champs de l’activité internationale2. Au moment même de la création de l’Organisation des Nations unies, la théorie de la modernisation s’est installée à l’échelle planétaire et cela a permis au projet du développement d’émerger aux yeux de tous. Effectivement, on peut considérer la théorie de la modernisation comme la première grande approche des théories du développement3. Face à l’émergence de l’Organisation des Nations unies et devant la mise en avant de la théorie de la modernisation dans la même décennie, on peut se demander si l’une n’a pas amené l’autre.

Alors que la Seconde Guerre mondiale n’était pas encore terminée, les grands dirigeants du monde des « alliés » ont pensé à une réorganisation du monde et de ses enjeux. On voulait dès 1941 avec la Charte de l’Atlantique, développer l’idée d’un organisme capable de « garantir durablement la paix »4. Au cours des années qui ont suivi, les Américains ont poussé l’idée à son maximum pour instaurer ce système, qui se devait de prendre les acquis de la Société des Nations5. De nombreuses réunions et conférences se sont déroulées sur la planète entre 1941 et 1945, il y a eu la déclaration des Nations unies qui fût signée le 1^er janvier 1942 par les 26 pays alliés, la conférence de Moscou en octobre 1943 et la conférence de Yalta en février 19456.

Crédit photo 1: http://www.archives.gov/publications/prologue/2004/winter/images/big-three-yalta.jpg

Après de longues années de discussions, de négociations et surtout de guerre, les pays alliés se sont réunis à San Francisco le 25 avril 1945 pour instaurer ce nouveau système tant demandé. Deux mois plus tard, le 26 juin, l’ONU était créée par 51 pays. Les objectifs de cette organisation étaient de maintenir la paix et la sécurité internationale, de développer des relations amicales entre les pays, de promouvoir le progrès social, d’instaurer de meilleures conditions de vie et d’accroître le respect des droits de l’homme7.

Il faut savoir que l’année 1945 marque un tournant dans l’histoire du vingtième siècle. À ce moment là, les États-Unis qui dominent le monde par leur puissance et leur influence, arrivent à ralentir puis stopper la guerre tout en proposant un nouveau système. C’est également à cette période que la théorie de la modernisation a vue le jour toujours sous l’impulsion américaine8.

Cette théorie trouve ses fondements dans les écrits de Walt Whitman Rostow (économiste et théoricien politique américain) vers les années soixante avec « Les étapes de la croissance économique », qui énumère un processus de développement des sociétés industrielles en cinq grandes étapes9. Mais si on regarde de plus près la théorie de la modernisation, on peut voir que celle-ci peut trouver des fondements avec la fin de la guerre et le début de la reconstruction.

Pour en revenir à l’ONU, cette organisation a vue le jour à l’été 1945 et sa mise en fonction s’est effectuée le 24 octobre de la même année10. Elle se devait d’éviter tout nouveau conflit à l’échelle mondiale et elle devait former un tout cohérent et homogène, un peu comme le veut la théorie de la modernisation. On voulait également avec les Nations unies, développer une nouvelle société stable et juste, on voulait instaurer un nouvel ordre dans les relations des humains entre eux et face au système. La modernisation se veut également porteuse de l’« homme moderne », un homme capable de s’ouvrir à de nouvelles expériences, un homme capable de croire en les capacités de l’humanité, et ce malgré les deux dernières guerres très violentes11. Cette vision est très proche de la vision onusienne, en effet, l’ONU a toujours voulu défendre la paix et la modernité.

La modernisation, ou du moins sa théorie, est un processus irréversible et souhaitable qui se déroule en différentes étapes et qui requiert du temps. À son point culminant, cette théorie doit amener une homogénéisation du monde pour imiter le modèle américain. L’ONU est un peu dans cette optique là, en effet c’est les États-Unis qui ont amené aux yeux de tous les alliés, la nécessité de reconcevoir un système inévitable pour le bien de tous et pour la promotion de la paix. L’ONU, sous l’influence américaine, se voulait promoteur d’une société « policée et intégrée »12.

La théorie de la modernisation est arrivée un peu tard pour que l’on puisse soutenir avec précision que celle-ci explique fondamentalement la construction de l’ONU. Pourtant, il est évident que cette théorie peut expliquer la mise en place de cette organisation. En effet, alors que la Seconde Guerre mondiale n’était pas encore finie, les Américains ont voulu repenser à une bonne réorganisation des enjeux sur la planète, pour cela il fallait moderniser. Effectivement, il fallait moderniser les rapports entre les États, moderniser les comportements humains et moderniser l’économie, le tout pour repartir sur des bonnes bases. Pour toutes ces raisons, l’ONU a vu le jour le 26 juin 1945. Les Nations unies n’ont pas été mise en place grâce à la théorie de la modernisation, mais ce qui est sûr c’est que cette organisation a montré la voie pour cette théorie.

Crédit photo 2: http://pagesperso-orange.fr/thierry.vareilles/ONU.JPG

2 Jean-Pierre Maury, p. 27.

3 Dominique Caouette, p. 3.

4 Yves Roué, p. 6.

5 Thierry Tardy, p. 694.

6 Jean-Pierre Maury, p. 29.

7 Site officiel de l’Organisation des Nations-Unies.

8 Jean-François Desgroseilliers, p. 4.

9 Dominique Caouette, p. 5 à 15.

10 Jean-Pierre Maury, p. 29.

11 Jean-François Desgroseilliers, p. 8.

12 Lazare Kopelmanas, p. 451.

Bibliographie

Caouette, Dominique. 2010, « Théorie de la modernisation ». Communication, Université de Montréal, Montréal, 14 janvier (texte photocopié).

Desgroseilliers, Jean-François. 2007, « Théories du développement et du sous-développement ». Communication, Université du Québec À Montréal, Montréal, 18 septembre (texte photocopié).

Kopelmanas, Lazare. 1948. « L’évolution de l’ONU ». Politique étrangère 13 (no 5): 443-456.

Maury, Jean-Pierre. 2004. « Le système onusien ». Pouvoirs 2 (no 109): 27-39.

Nations Unies. 2010. À propos de l’ONU (l’ONU en bref). En ligne. http://www.un.org/fr/aboutun/index.shtml (page consultée le 26 février 2010).

Roué, Yves. 2006, « Le bilan de la guerre ». Communication, Université Paris-Sud 11, Paris, 22 avril (texte photocopié).

Tardy, Thierry. 2000. « L’héritage de la SDN, l’espoir de I’ONU. Le rôle de I’ONU dans la gestion de la sécurité internationale ». Études internationales 31 (no 4) : 691-708.