PERSPECTIVE COMPARÉE : QUEL PAYS S’EN SORT LE MIEUX FACE À LA MONDIALISATION?
Par Laura Picard
Depuis les années 1970, l’Amérique latine est le théâtre d’innovations en matière de développement. Pour faire face à la mondialisation une série de mesures néolibérales, en accord avec les théories de l’école de Chicago, ont été mises en place dans le but d’accélérer la croissance des pays andins. Cependant, on remarque que la finalité de cette expérience n’est pas vraiment concluante. Certes la croissance augmente et relève l’Amérique latine de la crise des années 2000, cependant une série de dégradations sociales et environnementales n’ont fait qu’entacher ce progrès relatif. Contrôle de l’inflation et stabilisation monétaire, baisse des dépenses publiques et lutte contre le déficit budgétaire, privatisations et réduction considérable des attributions de l’État : tels sont les principes directeurs de la politique économique à partir du milieu des années 1970 (Olivier Compagnon). Les politiques sociales sur l’éducation, la santé, l’environnement sont alors mises de côté et « Les inégalités n’ont pas diminué même là où le taux de croissance économique a été très élevé »[1].
Nous pouvons cependant établir un comparatif évident par rapport aux différentes évolutions des pays d’Amérique latine pour en déduire quel pays s’en sort le mieux face à la mondialisation. Pour cela nous allons comparer les statistiques brésiliennes avec celles des autres pays de l’Amérique latine
Il semble notable que le Brésil représente un pôle important de développement dans la communauté andine. En effet, il se caractérise économiquement par un large développement des secteurs agricoles, miniers, manufacturiers et de services.[2] On remarque notamment se concentre en priorité sur ce secteur. En effet 66% du total de la main d’œuvre brésilienne y est employée contre 20% dans l’agriculture et 14% dans l’industrie, ce qui prouve qu’il a su s’investir et se spécialiser dans les secteurs de développement le plus valorisant et le plus fort dans notre société mondiale actuelle.
Ces dernières années, le Brésil a su prouver au monde sa force et sa crédibilité économique. En effet, il a très bien su s’insérer dans l’économie mondiale en gardant une stabilité économique notoire et en ouvrant son marché vers l’extérieur, le montant de ses exportations s’élevant à plus de 158 milliards de dollars loin devant l’Argentine et ses 55 milliards de dollars d’exportations. La différence avec les autres pays d’Amérique du sud est également notable du point de vue de la réserve de capitaux étrangers que le Brésil possède, celle-ci s’élevant à plus de 298 milliards de dollars, suivi des réserves de l’Argentine avec 31,7 milliards de dollars puis du Pérou et du Chili[3]. Bien que la crise de ces dernières années ait provoqué un retournement de situation non négligeable en Amérique latine, poussant les investisseurs étrangers à se retirer progressivement, le Brésil fut le premier pays andin à se relever et s’inscrire dans une dynamique de croissance positive.
L’un des effets les plus déterminants de l’évolution positive du Brésil est sa suprématie dans le MERCOSUL.[4] En effet, cette alliance commerciale et politique prouve tout d’abord la volonté de l’Amérique latine de se détacher de la suprématie nord-américaine. De plus, on constate que le PIB du Brésil, véritable moteur de cette alliance, domine le PIB de ses alliés. En effet, il représente 4 fois le PIB de l’Argentine, 44 fois celui de l’Uruguay et 87 fois celui du Paraguay.[5] On peut donc constater qu’en comparaison avec ses voisins géographiques, ayant connu le même genre de problématiques économiques et sociales, le Brésil se démarque considérablement d’un point de vue économique.
Cependant, cette croissance n’est pas sans conséquences. En effet malgré l’enrichissement notable du pays et sa participation active à l’économie mondiale, les disparités sociales s’agrandissent. En effet, on constate que 26% de la population vit encore sous le seuil de pauvreté avec un taux de chômage atteignant les 7,6% .Nous pouvons rajouter à ces statistiques que l’âge moyen de la population est de 28 ans et que la durée de vie scolaire s’arrête à 14 ans ce qui constitue une population relativement jeune et inexpérimentée.[6]Notons également qu’une hausse de la criminalité affecte la bonne conduite du Brésil dans sa route vers la croissance économique mondialisée.
Nous pouvons en conclure, que l’enrichissement d’un pays, sa croissance et son insertion dans la mondialisation ne sont pas forcément facteurs de bonne santé sociale. Alors quels seraient les critères à déterminer mondialement pour savoir si un pays s’en sort plus ou moins bien dans le développement ? Ceci restera la grande problématique des théories du développement qui se heurtent à l’antagonisme entre bonne santé sociale et économique.
Bibliographie
Bret, Bernard,(2006) le Brésil : construire le Mercosul pour affronter la mondialisation » Cafés géographiques, en ligne : http://www.cafe-geo.net/article.php3?id_article=809 (Page consultée le 17 Avril 2010)
The world Factbook,(2010) Brazil, Central Intelligence Agency, En ligne : https://www.cia.gov/library/publications/the-world-factbook/geos/br.html (Page consultée le 17 avril 2010)
The world Factbook (2010) Argentina, Central Intelligence Agency, en ligne : https://www.cia.gov/library/publications/the-world-factbook/geos/ar.html (Page consultée le 17 avril 2010)
The world Factbook (2010) Peru, Central Intelligence Agency, en ligne : https://www.cia.gov/library/publications/the-world-factbook/geos/pe.html (Page consultée le 17 avril 2010)
The world Factbook (2010) Chile, Central Intelligence Agency, en ligne : https://www.cia.gov/library/publications/the-world-factbook/geos/ci.html (Page consultée le 17 avril 2010)
[1] Jacques CHONCHOL, « Mondialisation et néolibéralisme en Amérique latine », DIAL, D 2520, 16-31 décembre 2001.
[2] Voir : The world Factbook sur le Brésil , Central Intelligence Agency (2010)
[3] The world Factbook sur le Brésil, l’Argentine, le Pérou, et le Chili. Central Intelligence Agency (2010)
[4] Bret, Bernard,(2006) « le Brésil : construire le Mercosul pour affronter la mondialisation »
[5] Bret, Bernard,(2006) « le Brésil : construire le Mercosul pour affronter la mondialisation »
[6] The world Factbook sur le Brésil , Central Intelligence Agency (2010)