COMMERCE ÉQUITABLE, DÉVELOPPEMENT ÉQUITABLE
Sarah Veilleux-Doyon
La mondialisation et la surconsommation ont amené certaines personnes à réfléchir sur les impacts de nos habitudes de vie. Ainsi, dans le but d’améliorer la qualité de vie des petits producteurs du Sud et de minimiser les impacts négatifs de la consommation de masse, est né, il y a une quarantaine d’années, le commerce équitable[1]. L’un des premiers et principaux produits à être visé par cette nouvelle forme de commerce est le café. Cette ressource « occupe une place essentielle dans le commerce international des matières premières, la seconde en valeur après le pétrole [2]». Le café est commercialisé sur deux marchés très peu liés, le premier entre l’Afrique et l’Europe et le second entre l’Amérique latine et l’Amérique du Nord. Ce dernier représente plus du deux-tiers des productions mondiales[3]. Au Honduras, le café est, avec la banane, la principale source de devises[4]. Dans ce billet, j’examinerai les bienfaits du commerce équitable du café en comparaison avec le commerce traditionnel en commençant par expliquer ce qu’est le commerce équitable et en énonçant les principaux principes. Puis, j’en démontrerai les effets positifs sur les populations productrices de café, dont celle du Honduras avec l’exemple de la coopérative COMISAJUL.
La différence fondamentale entre le commerce traditionnel et le commerce équitable est la valeur accordée au travail du producteur. Les consommateurs veulent constamment payer le prix le plus bas et les multinationales, elles veulent faire le plus de profit possible. Le seul moyen de répondre à ces deux critères est de diminuer le prix d’achat des matières premières afin de baisser le coût de production des produits consommés au Nord[5]. Ce sont donc les producteurs de grains de café des pays du Sud qui payent la note, pouvant même vendre leur produit à perte à cause des spéculations et des variations des prix des produits agricoles sur le marché international. Effectivement, le prix d’une livre de café peut varier entre 0.50$ US et 0.80$ US selon le marché boursier[6].
Le commerce équitable cherche donc à redonner aux producteurs une rémunération juste leur permettant de couvrir leurs coûts de production et de subvenir aux besoins de leurs familles[7]. On peut dire que l’objectif à long terme de ce type de commerce est « de modifier profondément les règles commerciales [8]». Les principes de base du commerce équitable sont donc l’élimination des intermédiaires, des prix justes reflétant les coûts de production, des engagements à long terme donnant accès au préfinancement, une gestion démocratique des profits, une agriculture respectueuse de l’environnement et aucun travail forcé[9]. Avec le commerce équitable, les producteurs de café reçoivent minimum 1.26$ US la livre comparativement à un prix variable entre 0.50$ US et 0.80$ US pour le commerce régulier. Les bienfaits du commerce équitable sur les populations productrices de matières premières ne se limitent pas à l’augmentation des revenus pour les producteurs, généralement organisés en coopératives. Ces coopératives ou associations démocratiques décident donc d’un plan de développement pour leur communauté, car les profits de la vente de leurs produits sont réinvestis selon les besoins, bénéficiant ainsi à toutes les familles de la région[10]. Le site d’Équita propose un court vidéo sur les bienfaits du commerce équitable en utilisant l’exemple du chocolat.
Au Honduras, le café est une des ressources les plus importantes pour l’économie. Malheureusement, l’industrie du café, comme celles de plusieurs autres produits agricoles sont dominées par des multinationales. En effet, « quatre multinationales dominent le marché du café. Elles contrôlent 50% du marché mondial et leur chiffre d’affaires est supérieur au produit intérieur brut (PIB) des pays producteurs de café [11]». Pour réussir à gagner leur vie dignement, certains producteurs se sont réunis en coopératives et produisent maintenant du café équitable. L’organisation de base épaulant ces coopératives se nomme COMISAJUL; elle regroupe 400 petits producteurs de deux régions montagneuses du Honduras. L’organisation promeut un café de qualité et, grâce aux principes ordonnateurs du commerce équitable, a réussi à se moderniser et ainsi obtenir une plantation de meilleure qualité. Les bienfaits du café équitable se ressentent tant sur le plan économique, sur le plan social que sur le plan environnemental. De 2000 à 2004, le marché du café s’est effondré, mais, grâce aux prix minimums fixés par le commerce équitable, le café COMISAJUL s’est vendu deux fois plus cher que les cafés non équitables, permettant aux familles de conserver leur niveau de vie. Aussi, le réinvestissement des profits permet la diversification des plantations ce qui amène une autre source de revenue aux familles. Puis, comme l’association regroupe un grand nombre de producteurs, elle leur donne aussi une voix qui a permis d’obtenir plusieurs avancements politiques dont le « fonds national de refinancement de la dette du secteur du café, en crise depuis plusieurs années [12]». Finalement, sur le plan environnemental, des barrières antiérosives ont été construites et la production biologique est majoritaire ce qui permet de conserver la qualité des sols.
En somme, le commerce équitable favorise un développement plus juste et sain des pays producteurs agricoles du Sud et accordant aux paysans les rémunérations appropriées. Puisque les profits générés par le commerce équitable sont réinvestis dans les communautés, ce sont tous les habitants de la région qui en profitent. On peut constater avec l’exemple de COMISAJUL au Honduras que les bénéfices sont considérables et améliorent grandement le niveau de vie des populations locales. Même si le commerce équitable ne représente qu’une infime partie du commerce mondial; entre 0,01% et 0,02%, il est en pleine expansion[13]. En effet, le taux de croissance annuel est de plus de 25% au niveau mondial[14].
Bibliographie
COMISAJUL. S.d. COMISAJUL : Café du Honduras. En ligne. http://www.ethiquable.coop/fr/filieres-impacts/cafe/cafe/producteurs/comisajul.php (page consultée le 26 mars 2010)
Equita. S.d. Commerce équitable. En ligne. http://www.commerceequitable.com/commerce/commerce_equi.htm (page consultée le 26 mars 2010)
Équiterre. S.d. Le programme de commerce équitable. En ligne. http://www.equiterre.org/equitable/index.php (page consultée le 26 mars 2010)
Gilhodes, P. 1981. « Le café en Colombie : une production, une paysannerie ». Études rurales. 81/82 : 173-188.
L’encyclopédie de l’Agora. 2006. Commerce équitable. En ligne. http://agora.qc.ca/mot.nsf/Dossiers/Commerce_equitable (page consultée le 26 mars 2010)
Plan Nagua. S.d. Le commerce équitable. En ligne. http://www.plannagua.qc.ca/pnweb_fr/commerce/commerce_equitable.html (page consultée le 26 mars 2010)
Ritimo. 2007. Le commerce équitable. En ligne. http://www.ritimo.org/dossiers_thematiques/commerce_equitable/c_e_intro.html (page consultée le 26 mars 2010)
United Nations Human Rights. 1998. Honduras. En ligne. http://www.unhchr.ch/tbs/doc.nsf/0/89a4e3f2850e32d7802566d7003dab82?Opendocument (page consultée le 26 mars 2010)
Uniterra. S.d. Commerce équitable. En ligne. http://www.uniterra.ca/uniterra/fr/campus/passez_a_l_action/commerce_equitable.html (page consultée le 26 mars 2010)
[1] L’encyclopédie de l’Agora, en ligne.
[2] Gilhodes, 173.
[3] Ibid.
[4] United Nations Human Rights, en ligne.
[5] Uniterra, en ligne.
[6] Plan Nagua, en ligne.
[7] Equiterre, en ligne.
[8] Ritimo, en ligne.
[9] Plan Nagua, en ligne.
[10] Équiterre, en ligne.
[11] Plan Nagua, en ligne.
[12] COMISAJUL, en ligne.
[13] Ritimo, en ligne.
[14] Equita, en ligne.