Les origines du Timor
Les premiers peuples qui sont venus s’établir au Timor l’auraient fait il y a de cela plus de 40 000 ans en traversant l’archipel insulindien pour se rendre d’Asie en Australie. En effet, les plus vieux vestiges retrouvés sur le territoire remonteraient à 42 000 ans, et selon les estimations d’experts, le peuplement du territoire timorais par les Homo sapiens pourrait dater de 50 000 à 60 000 ans. Une deuxième vague de migration vers l’île aurait eu lieu il y a environ 4500 ans, permettant aux nouveaux arrivants d’introduire au Timor plusieurs espèces animales domestiquées.
Saviez-vous que… Selon un mythe local, l’île serait née du corps d’un vieux crocodile. On peut remarquer des similitudes entre la silhouette du Timor et celle d’un reptile! C’est pour cette raison que de nombreux motifs traditionnels timorais ont la forme d’un reptile. (Durand, 2009)
Premiers contacts extérieurs
Au XIIIe siècle, l’une des premières entités étrangères à établir des contacts avec des royaumes Timorais fut la Chine . Ceux-ci étaient intéressés par le commerce du bois de santal, très abondant sur l’île. Le commerce se concentrais principalement dans des pôles à l’ouest et au nord-Ouest de l’île. Bientôt, ce fut au tour des marins Javanais et du golfe Persique de s’aventurer au Timor pour les mêmes raisons que les Chinois. Évidemment, il est important de préciser que les Timorais entretenaient aussi des liens avec les îles avoisinantes, pas seulement avec les commerçants d’outremer. (Durand, 2009)
L’Occident au Timor
Les Portugais auraient commencé à faire du commerce avec des royaumes timorais vers 1915. L’attrait pour le bois de santal pousse la compagnie hollandaise des Indes Orientales, la VOC, à s’aventurer au Timor dès 1613. Les Hollandais signeront un traité d’alliance avec deux souverains locaux, tandis que la présence portugaise au Timor s’intensifie à l’ouest en 1963. Plusieurs royaumes seront alors convertis au catholicisme par les Dominicains portugais , ce qui permit au Portugal de prendre le contrôle de l’important royaume de Waiwiku-wehale en 1642 avec l’aide de ses nouveaux alliés catholiques. Cette victoire permet au Portugal d’amplifier son pouvoir et diffuser davantage le catholicisme sur l’île.
En 1651, les Hollandais ripostent et chassent les Portugais de la ville de Kupang. Lufau devient alors la nouvelle base principale des Dominicains portugais. Ceci va mener les deux pays à signer un traité qui stipule que la VOC peut occuper la ville de Kupang, tout en concédant au Portugal la souveraineté sur la majeure partie de l’île de Timor ainsi que l’île de Solor.
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Pendant ce temps, une communauté de métis de portugais et Timorais, les Topasses, gagnent en importance. Un «virtuel roi du Timor », un topasse du nom de Antonio de Hornay, pris le contrôle
des îles de la Sonde de 1673 à 1693. Domingo Da Costa fut son successeur de 1693 à 1722, et fut même gouverneur de Timor entre 1751 et 1718.
L’attachement des Topasses à leur origine portugaise, confrontée à leur désir de rester indépendant de forces extérieures, était assez problématique.
En 1703, l’instauration d’impôts que les royaumes timorais devaient verser au gouverneur portugais la finta, a créer une vague de colère sur l’île. Plusieurs guerres se sont enchaînées, sans réel vainqueur. En 1733, de nombreux royaumes de l’Est acceptaient désormais de payer la finta.
Dans les années 1760, les Topasses reprirent du poil de la bête et ont assassiné les représentants hollandais et portugais sur l’île, ce qui a poussé le nouveau gouverneur portugais de l’époque à déplacer la capitale de Lifau vers l’est, à Dili. En 1769, 42 Royaumes de l’est du Timor concédaient l’autorité de la région au Portugal. La couronne du Portugal interdit le commerce au religieux dominicain, et la situation avec les populations timoraises se dégrade rapidement jusqu’en 1810, ou seulement 16 royaumes timorais versait la finta au portugais.
Même avec leur hégémonie limitée dans la région, les Pays-Bas et le gouverneur portugais au Timor ont délimité un premier tracé de la frontière entre le Timor oriental et occidental en 1851, et ce traité fut officialisé en 1859.
Ceci marque le début d’une colonisation plus marquée au Timor Oriental. (Durand, 2009)
Colonisation et conflits
Ainsi, malgré les oppositions des royaumes timorais, les Portugais intensifient la culture du café à l’aide du travail forcé. Celestino DaSilva, gouverneur de 1894 à 1908, mena beaucoup de campagnes militaires qui ont consolidé l’hégémonie portugaise dans la région, dont les guerres de Manufahi, de 1895 à 1912.
Le grand royaume timorais Manufahi, fort de 42 000 habitants et s’alliant avec chefferies locales, va résister à l’hégémonie portugaise pendant quelque temps. Cependant, après quinze ans et trois campagnes militaires portugaises, le royaume de Manufahi capitule.
En 1914, une délimitation officielle de l’île entre Portugais et Hollandais est adoptée. Les Portugais forcent les sociétés timoraises à changer drastiquement dans leur fonctionnement, les chefs des royaumes maintenant administrateurs et collecteurs d’impôts.
La Seconde Guerre mondiale s’annonce au Timor-Leste quand les Australiens et les Hollandais mettent les pieds sur l’île en 1941 dans le but de protéger l’Australie d’une potentielle invasion. Cela n’empêche pas les Japonais d’envahir l’île en 1942, et en 1943, d’obtenir le contrôle de l’île. L’occupation japonaise dure jusqu’à la fin de la guerre, en 1945. Entre 45 000 et 70 000 Timorais seraient morts de 1942 à 1945, et plus de 90 pour cent des constructions timoraises ont été détruites. Le Timor fut un grand oublié des réparations de guerre des Alliés; le pays a connu une reconstruction lente.
C’est après la guerre que les premiers bouleversements liés à l’Indonésie au Timor font surface. En juin 1959, un soulèvement populaire organisé par des réfugiés indonésiens a lieu à Viqueque, et en 1966, une tentative d’invasion indonésienne en 1966. (Durand, 2009)
La route vers l’indépendance
La révolution des œillets au Portugal en avril 1974 aura des répercussions jusqu’en Asie, avec la création de nouveaux partis politiques au Timor jusqu’alors interdits. L’UDT et le Fretilin sont créés.
Les services secrets indonésiens se faufilent chez l’UDT et les persuadent de se soulever contre le pouvoir. Un coup d’État est organisé le 11 août 1975, et à partir de septembre 1975, l’Indonésie multiplie les offensives au Timor. L’indépendance du Timor sera déclarée le 28 novembre 1975.
Malheureusement, cette indépendance du Timor-Leste est de très courte durée, puisque l’Indonésie envahit le pays seulement 9 jours plus tard. 24 ans d’occupation indonésienne attendent le Timor-Leste. (Molnar, 2010)
Cette occupation indonésienne n’est pas de tout repos. La résistance timoraise n’est pas passive face aux Indonésiens et continue à lutter pour leur indépendance. Plusieurs civils sont placés dans des camps par l’armée indonésienne, et en 1978, 60% de la population timoraise se retrouvait confinés dans ces camps. Près de quatre périodes de famines ont été observées ai Timor de 1978 à 1987.
En 1983, un bref cessez-le-feu entre l’armée indonésienne et la guérilla de la résistance permet aux Timorais de mieux s’organiser entre les groupes révolutionnaires et de se renforcer.
Face aux mécontentements du gouverneur timorais Mário Carrascalão qui dénonça les piètres conditions de vie de la population, le gouvernement indonésien de Suharto permet une
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ouverture partielle du territoire du Timor-Leste en 1989. Le Timor s’ouvre au monde, et une fusillade à Santa Cruz tuant approximativement 271 manifestants indépendantistes va amplifier l’attention que reçoit le pays à l’international.
La démission du général Suharto en Indonésie, confronté aux soulèvements de la population indonésienne qui vit une période de crise, est l’évènement déclencheur des pourparlers menant à l’indépendance du Timor-Leste.
Le 5 mai 1999, un accord tripartite entre l’ONU, le Portugal et l’Indonésie ouvre la voie au référendum du 30 août 1999. 98% de la population se rend aux urnes, et 78% se prononce en faveur de l’indépendance du pays.
D’octobre 1999 à mai 2002, l’ONU administrera le pays à cause des nombreux troubles causés par la milice indonésienne.
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Le 14 avril 2002 ont lieu les premières élections au Timor Leste, et Xanana Gusmão est élu. Après une longue attende ardue, le peuple timorais devient ainsi indépendant le 20 mai 2002. (Durand, 2009 et Molnar, 2010)
Pour en savoir plus
Bibliographie
Durand, Frédéric. 2009. 42 000 ans d’histoire de Timor-Est . France: Éditions Arkuiris.
Durand, Frédéric. 2002. Timor Lorosa’e: Pays au carrefourde l’Asie du Pacifique; un atlas géo-historique. France et Thaïlande: Presses Universitaires de Marne-la-Vallée et IRASEC.
Molnar, Andrea Katalin. 2010. Timor Leste: Politics, History and Culture. États-Unis: Routledge.