La Thaïlande est un des pays les plus inégalitaires au monde. Le taux d’inégalité atteint des propensions qu’aucun autre pays dans l’ASEAN n’atteint. Le pays a même réussit l’exploit de passer devant la Russie et l’Inde. Selon les conclusions du rapport 2018 Global Wealth Databook 2018, les statistiques compilées par le Crédit Suisse dans 40 pays montrent que les 1% des Thaïlandais les plus riches contrôlent 66,9% des richesses du pays. Dans le même temps, 50% des Thaïs les plus pauvres (25 millions de personnes) détenaient 1,7% de la richesse du pays, tandis que 70% (35 millions) en contrôlaient 5%.
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Une haute société qui vampirise toutes les ressources :
L’élite thaïlandaise est une vieille élite rattachée au pouvoir depuis le coup d’État de 1932. Les intérêts de cette élite, noble ou non, convergent avec ceux de l’armée et de la monarchie. Ces élites se placent quasiment tout en haut de la hiérarchie sociale du pays, juste en-dessous du roi. Pour sauvegarder ce système et empêcher que les gouvernements empiètent sur les dit-intérêts, par exemple en taxant les plus riches, l’armée n’hésite pas à faire un coup d’État pour soutenir cette hiérarchie très stricte. Tout cela se fait évidemment avec la bénédiction de l’élite du pays. Cela empêche le pays d’établir des mesures pouvant s’occuper des défis économiques et politiques du pays.
Un des facteurs qui empêche le pays de régler son soucis d’inégalité est le clientélisme. La monarchie thaïlandaise est la plus riche du monde, la fortune de Rama X est estimée à plus de 30 milliards de dollars. L’argent coule à flot au sein des clans d’entreprises familiales, dont les monopoles sont protégés de la concurrence par les amis et la famille œuvrant en politique et des généreux allégements fiscaux, tandis que les généraux siègent dans les conseils d’administration. L’intrication entre le pouvoir et l’argent est fort, extrêmement fort en Thaïlande.
Il serait possible d’imaginer que la croissance économique du pays ces dernières années aient permis de régler, même un peu, le problème. Mais les chiffres ne permettent pas d’affirmer cela. Malgré une croissance importante de la richesse moyenne par adulte, qui est passé de 3 350 dollars en 2000 à 9 969 dollars en 2018, des millions de Thaïlandais continuent de vivre dans la misère tandis que les citoyens les plus riches gardent la mainmise sur les opportunités de création de richesse. Le coefficient de GINI du pays qui permet de déterminer si un pays est égalitaire ou non est élevé. Depuis 30 ans, le coefficient est toujours resté au-dessus de 0.40.
Des disparités régionales :
Les inégalités régionales sont très fortes en Thaïlande, plus que n’importe où. Dans la capitale Bangkok, l’influence économique de cette dernière est importante. La moyenne des salaires mensuelles à Bangkok est deux fois supérieur à celle des campagnes. 13 des 76 provinces, constituant le centre et la périphérie de Bangkok, concentrent 65% du PIB total, 85% de PIB industriel et 52% de la population urbaine ».
A l’inverse, les campagnes sont les victimes du développement économique du pays. Le revenu moyen en milieu rural est la moitié de celui du milieu urbain et le revenu moyen à Bangkok est égal à trois fois celui du Nord-Est. Ces écarts entre le centre économique et les provinces se traduisent par exemple avec un taux de population pauvre très supérieur à celui des villes. Les régions rurales ont été marginalisées et le centre connait une croissance urbaine. Cette pauvreté pousse les thaïlandais à aller en ville, chercher un salaire qu’ils ne peuvent espérer gagner en restant en campagne. Les bidonvilles de Bangkok se remplissent jour après jour.