L’Asie du Sud-Est se caractérise par un large brassage de populations issus de différentes ethnies et cultures qui vont donner naissance au fil des siècles à un foisonnement d’identités qui atteste de la richesse de la région.
La Malaisie originel
La population Malaise est ethniquement très diversifiée par les différentes vagues de migrations de la Chine et de l’Indochine entre 2500 et 200 avant notre ère. De Sumatra à Bornéo ils formaient un peuple hétérogène mais porteur d’un patrimoine culturel animiste qui savait allier la modernité des pratiques agricoles et commerciales tout en conservant le respect traditionnel des populations locales, les Orang Asli.
Les Orang Asli sont les plus vieilles populations indigènes de la péninsule de Malaisie. Ils constituaient 0,5% de la population en 2000 répartis en 18 tribus.
C’est autour de l’an -300 que des marchands Indiens et Chinois vont commencer à échanger massivement avec les populations de la région initiant ainsi l’essor économique. En échange de tissus, métaux et céramiques, les populations autochtones vont exploiter leurs richesses locales avec différentes matières premières comme du bois aromatique, perles de coquillages et autres richesses dont la région regorge.
L’abondance des réserves en étain et d’or fit connaitre la région sous le nom de Suvarnabhumi (terre de l’or) par les commerçants et explorateurs dont le célèbre astronome grec Ptolémée qui y fera référence dans sa célèbre Géographie vers l’an 150 et qu’il appellera d’ailleurs l’hersonèse d’or.
Le détroit de Malacca prit ainsi de l’importance dans la région devenant à la fois un point d’escale pour les marins entre l’Inde et la Chine, et à la fois une région où le commerce s’intensifiait durablement.
Le royaume de Langkasuka
Au II -ème siècle émerge ce légendaire royaume avec à sa tête un roi se déplaçant de pavillon en pavillon à dos d’éléphant paré de dorure sous une ombrelle blanche. Son emplacement exact est toujours sujet à controverse cependant les écrits du contemporain chinois Liangshu semblent indiquer que sa position se situerait dans l’ancien Kedah, une région au Nord de l’actuel Malaisie.
Voici une illustration où l’on y voit ici le roi Gemala Johari visitant son royaume
C’est durant cette longue période que de nombreux ports vont entretenir des relations étroites avec l’Inde et permettront l’expansion hindouiste dans la région. Ainsi plusieurs États hindouisés se formaient le long du détroit afin de contrôler le commerce régional et exerçait une autorité religieuse sur leurs sujets. Au même moment va émerger la puissante Thalassocratie de Srivijaya sur l’île de Sumatra concurrençant ainsi le royaume de Langkasuka et constituer un réseau puissant de cité-état.
Thalassocratie de Srivijaya
Du VII -ème siècle au XIII le puissant comptoir de l’ile de Sumatra, Srivijaya, comprit qu’il fallait développer des relations commerciales et diplomatiques avec la Chine, alors grande puissance impériales. Srivijaya gère les liens économiques de l’archipel avec d’une part la Chine dont il est tributaire et l’Inde jusqu’au Moyen orient. Srivijaya domina probablement la péninsule durant les empires agricoles d’Angkor et Pagan. Il contrôle le détroit de Malacca et le détroit de la Sonde qui lui assure un pouvoir certain dans la région.
C’était également une capitale spirituelle renommée pour les bouddhistes Mahayana, une des trois branches du bouddhisme. Pendant ces siècles de domination, la force de Srivijaya fut d’exercer une contrainte sur les différents ports de la région en disposant d’une autorité religieuse et coercitive avec la peuplade des Orang Laut, populations autochtones qui s’étaient constitués en une sorte de police maritime. Peu à peu l’État s’affaiblit et fut envahit par des empires rivaux qui instituèrent de nouvelles règles en soumettant la bourgeoisie locale à devoir payer les nouveaux arrivants. C’est l’époque de l’essor de la monarchie de Majapahit. L’empire de Srivijaya qui avait rayonnée pendant 600 ans s’effondra et laissa place à Malacca.
L’essor de Malacca
Illustration du Prince Parameswara
Dans sa fuite lors de l’effondrement du royaume de Srivijaya, le prince Parameswara va fonder son propre royaume sur les terres actuel de Malacca. Le territoire était encore mieux situé que l’ancien État par sa position adéquate avec des vents dominants et l’embouchure du fleuve Bertam, nommée désormais fleuve Malacca. Le prince sut jouer habilement des alliances notamment avec la Chine qui lui promettait une sureté et avec qui il mit en place des relations commerciales. C’est également à cette époque, au début du XVème siècle que l’Islam va faire son apparition dans la région, et dura jusqu’à l’époque contemporaine. En fin stratège il épousa une princesse d’un État musulman du nord et se déclara Shah, proclamant ainsi un sultanat et donc une légitimité religieuse sur la péninsule. Le port se développa fabuleusement dans la région en commerçant avec les chinois et les indiens grâce à de nombreuses alliances locales. Les richesses accumulées permirent au sultanat de renforcer son prestige régional et religieux avec une abondance de luxe pour l’aristocratie et la famille royale. Ce fut véritablement une ville cosmopolite où le Malais devenait la lingua franca de la région. Véritable cité État, Malacca se trouvait à son apogée à la tête du réseau de comptoir de tout l’archipel Malais. Bientôt les européens jetteront leurs dévolues sur la puissante Malacca.