Malacca entre les mains des portugais
Dans la double perspective de conversion au christianisme et de contourner les ports détenus par les arabes notamment en méditerranée, Diego Lopez de Sequeira fut le premier navigateur à arriver à Malacca chargés de présent de la part du roi Manuel du Portugal. Ils furent accueillis à bras ouvert par les autorités mais appréhendés avec suspicions par les locaux. Ils furent finalement chassés du port et deux ans plus tard le vice-roi revint dans une attitude plus belliqueuse épaulé par Alfonso de Albuquerque et mit la ville sous siège durant 1 mois. La maitrise du détroit qui était le premier objectif des portugais fut cependant inachevé face à la pugnacité des Orang Laut, ces mercenaires des mers anciennement hommes de mains de la cité Sriviyava. Cette emprise dura 130 années
Johor et la prise de pouvoir des hollandais
Le siège portugais à Malacca enclencha le déclin commercial de la ville portuaire et bon nombre de marchands s’en allèrent dans d’autres ports notamment celui de Brunei qui gagna en influence dont le rajah s’était convertit récemment à l’Islam. Sur la péninsule il y avait en outre Johor, l’État juste au nord de Singapour qui se voulait le successeur de Malacca. Lors du siège de Malacca en 1606, le Sultan s’enfuit sur l’ile de Bintan où il fonda la première cour de Johor qu’il dut déplacer à plusieurs reprises en raison des assauts portugais. Johor et les quelques états du nord furent néanmoins sous la domination relative du royaume de Siam, l’actuel Thailande
Du côté européen les mers commençaient peu à peu à tomber entre les mains des hollandais au début du XVII. La route des épices dont ils détenaient le contrôle les incita à fonder la VOC, bras armé au service des intérêts hollandais. Ils signèrent un accord avec Johor pour bouter hors de la région les portugais de Malacca. Après un siège épouvantable où 90% de la population périt, la ville de Malacca fut prise par les Hollandais. Les portugais se replièrent alors sur Makassar au sud des Célèbes.
Illustations de la prise de Malacca par les hollandais en 1606
Malacca qui avait perdu de sa grandeur sous l’ère portugaise allait renaitre de ses cendres avec les hollandais. Elle fut tout d’abord reconstruite dans un style européen, ce qui est d’ailleurs toujours visible de nos jours. Elle récupéra enfin le prestige qu’elle avait dut céder aux autres villes portuaires comme Aceh ou Brunei devenus florissantes.
On appela ce brassage de population le Peranakan (née du détroit).
Johor profita alors du traité signé avec les hollandais pour s’allier avec Malacca mais s’effondrera bientôt sous les assauts du nouveau royaume de Jambi. En 1721 les Bugis prirent le contrôle de Johor avec Riau la nouvelle capitale. Ils redonnèrent de la vigueur au royaume de Johor et firent même presque basculer Malacca. La VOC était confronté également à une rivalité croissante envers les britanniques. Ceux-ci commencèrent à contrôler quelques villes portuaires dans le Nord-Ouest de la péninsule et finalement la supériorité britannique eut raison d’eux. Grâce à des jeux d’alliances, les britanniques s’emparèrent totalement de l’archipel et établirent leurs souverainetés sur Malacca en 1824
La Malaisie britannique
Deux ports prirent de l’importance durant la colonisation britannique : Penang et Singapour qui avaient été achetés par Stamford Raffles en 1819. Ils furent regroupés sous la même administration baptisé : Straits Settlements en 1826. C’est une période où l’on assiste à un afflux considérable de travailleurs chinois dans les mines d’étains et de plantations de poivriers et gambirs. Peu à peu les britanniques s’enfoncèrent dans les terres en se rapprochant des sultanats locaux avec qui ils signèrent des traités de collaborations notamment avec celui de Pangkor de 1874 qui entérinaient la présence britannique sur la péninsule. Dès 1888 on parlait ainsi de Malaysia britannique avec désormais à sa tête une nouvelle ville dynamique Kuala Lumpur. Les années suivantes furent marquées par une lente perte des pouvoirs des sultanats locaux envers le pouvoir britannique avec au même moment un engouement économique notamment avec la culture d’hévéas. A la fin de la première guerre mondiale toute la péninsule était sous domination anglaise.
L’anecdote de Bornéo
Le traité anglo-hollandais qui partageait le territoire entre les deux puissances coloniales n’incluait pas Bornéo. Cependant James Brooke, avide de gloire et de prestige, fut chargé par Raffles de transmettre un message au Sultanat de Brunei. Il arriva à point nommé pour sauver le sultanat d’une rébellion qui avait alors lieu. Il reçut en récompense une grande partie du Sarawak comme fief personnel établissant à Kuching sa capitale en 1841, devenant ainsi le premier rajah de ce qu’on appellera les Rajahs blancs. Il entretint des rapports particuliers avec les populations locales s’alliant à certaines ethnies et n’hésitant pas à agrandir son territoire. En 1888 le Nord Bornéo deviendra un protectorat britannique.
Portait de James Brook
La montée des nationalismes et l’invasion japonaise
L’administration britannique avait sans le savoir permit la naissance à un bouillonnement interracial en attribuant les fonctions selon les ethnies : les Malais à l’administration et Chinois au commerce. A la fin de la Première guerre mondiale, le Parti communiste de Malaisie Chinois allait devenir le fer de lance de la résistance contre les britanniques. Les Malais de leurs côtés allaient fonder un parti à caractère musulman. Suite à la rapide invasion japonaise, un régime particulièrement antichinois fut mis en place et donna lieu à plus de 50 000 exécutions à Singapour ou autres prisonniers de guerres déportés pour construire le pont de la rivière kwai entre Siam et la Birmanie. La résistance du Parti communiste Malais qui s’était organisée contre l’invasion japonaise, principale composante du nationalisme régional fut particulièrement active pour la lutte pour l’indépedance.
Reconnaissant vis-à-vis des Chinois qui avaient contribué à la résistance, les britanniques souhaitaient accorder un titre de citoyenneté équivalent aux Indiens et Chinois qu’aux Malais, mais en faisant passer la Malaisie au statut de protectorat à colonie transferant les pouvoirs à Londres. Ce retour à la dépendance du pays aux britanniques provoqua des soulèvements dans tout le pays et conduisit à la formation de l’Organisation Nationale des Malais Unis (ONMU) en 1946.
En 1948 suite aux contestations qui se poursuivaient, l’union de Malaya fut dissoute et remplacé par la fédération de Malaya qui reprenait les principes de l’OMNU à savoir : pouvoir des sultans maintenus, et constitution d’un gouvernement central. Singapour, seule fut tenu à l’écart de cette réunion ; la forte population chinoise qui y habitaient aurait pu contraindre la Malaisie de se voir sous domination chinoise. La principale force d’opposition restait malgré tout le parti communiste de Malaya avec Chin Peng à sa tête dont les rangs grossissaient et entama une campagne de terreur vis-à-vis des britanniques sur place. On appela cette période l’État d’urgence (1948-1960). En 1950 le haut-commissaire Henry Gurney fut assassiné sur la route de Fraser’s Hill. Durant cette lutte entre les pouvoirs britanniques et les communistes, le Parti de l’Alliance s’était formé composé des partis de l’ONMU et de l’Association des chinois de Malaya (MCA) et du Congrès des Indiens de Malaya (MIC) dont le succès aux élections de 1955 constitua le premier pas vers l’indépendance. En 1957, la Grande Bretagne renonçait à sa souveraineté sur le pays et le premier ministre Tunku Abdul Rahman proclamait la Malaisie État indépendant au cri de Merdeka (indépendance) avec Kuala Lumpur capitale fédérale.