L’influence anglaise transparaît naturellement dans le choix du système politique de Singapour. Du point de vue institutionnel, le système singapourien se veut une copie du modèle de Westminster. République parlementaire monocamérale, une constitution écrite consacre les principes de la séparation des pouvoirs, garantie la laïcité de l’état et reconnaît un ensemble de droits et libertés démocratiques. Depuis 1990, le président de la république est élu au suffrage universel. Pourtant, un nouvel indice démocratique publié en 2007 démontre un côté sombre de la démocratie Singapourienne. Sur une échelle de 167 pays, Singapour se classait alors au 84ème rang, derrière la Malaisie (81), Hong Kong (75), Taïwan (32) et l’Indonésie (65). L’analyse faite par le magazine « The Economist » décrit Singapour comme un régime hybride où se côtoient des éléments démocratiques et autoritaires.
En effet, certains aspects de la démocratie Singapourienne s’écartent de la conception occidentale de la démocratie. En entrevue, Lee Kuan Yew affirme d’emblée qu’en raison de sa façon de gouverner, certaines libertés ont été bafouées à Singapour. Il continue en parlant de l’importance pour un gouvernement de maintenir un contrôle serré sur les médias. À Singapour, quiconque désire publier quoi que ce soit doit préalablement recevoir un permis. Le gouvernement manipule le découpage de la carte électorale, censure l’opposition et limite grandement la liberté d’association. En fait, le gouvernement exerce un contrôle sur l’ensemble de la population en imposant un système où les libertés de parole et d’action sont limitées par une panoplie de règles non-formelles. Lee Kuan Yew affirme sans remord que le miracle économique Singapourien n’aurait été possible sans ces écarts démocratiques. Selon lui, d’une manière générale, les Singapouriens sont assoiffés d’emplois et de sécurité économique, et non de démocratie.
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Critère souvent mis de l’avant comme indicateur de démocratisation réussie, l’alternance au pouvoir fait toujours défaut à Singapour. À cet effet, il importe premièrement de rappeler le caractère formel du multipartisme dans la cité-État. Principal parti d’opposition dans le pays, le « Workers Party » n’occupe présentement que deux des 84 sièges disponibles à l’Assemblée Nationale. De manière générale, depuis l’indépendance, l’opposition se présente comme une force faible et divisée. L’existence de « Group Representation Constituencies » explique en partie cet état de fait. Cette spécificité électorale veut que dans certaines circonscriptions, les partis présentent une liste de candidats, et non un candidat unique. Cette série de 5 à 6 candidats doit regrouper des représentants de l’ensemble des minorités Singapouriennes. Ce système désavantage naturellement les plus petits partis, qui ne peuvent compter sur un grand nombre de candidats, et minimise leurs chances de faire élire un candidat vedette. En résulte donc que, depuis 1965, le PAP exerce un contrôle complet sur l’ensemble du pouvoir législatif et exécutif.
Depuis son indépendance, l’essentiel du pouvoir politique est resté concentré entre les mains que de deux hommes. Père de la nation, Lee Kuan Yew prend le pouvoir en 1959. Il gouvernera ensuite sans interruption jusqu’en 1990, année où son fils Lee Hsien Loong lui succède. Aujourd’hui, Lee Kuan Yew, continue à siéger à l’assemblée nationale à titre de ‘ministre mentor’. Il jouit toujours d’un pouvoir considérable.
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