Massacre de Mỹ Lai

Le massacre de Mỹ Lai

Un évènement de la guerre au Vietnam a contribué à tourner les Américains en la défaveur de la guerre. Il s’agit du massacre de Mỹ Lai (ou Sơn Mỹ).

Après l’Offensive du Tet en janvier 1968, le 16 mars de la même année, 120 GI du 1er bataillon de la 11e brigade d’infanterie légère de la Charlie Company (C Company) se rendent dans le hameau de Mỹ Lai. Mỹ Lai est situé dans la province de Quang Ngai, au sud de l’endroit où est stationnée une base de l’armée américaine. La veille, le 15 mars, les supérieurs de la 11e brigade leur ont informé qu’ils se battraient contre l’unité 48 des Viêtcong. Le hanmeau de Mỹ Lai était soupçonné d’être un repère de Viêtcong, car il était situé dans un sanctuaire Vietcông. Leurs supérieurs leur ont dit de tirer sur tout ce qui bouge, animal ou humain. Les soldats devaient se battre contre l’invisible ennemi Vietcông, qui avait déjà tué quatre de leurs camarades et blessés 38 autres. Après 3 ans au Vietnam, l’armée avait appris que n’importe qui pouvait être des partisans des Vietcong, qu’importe l’âge ou le sexe.

wmylai2Le matin du 16 mars, la 11e brigade de la C Company arrive à Mỹ Lai au moment où les villageois prenaient leur déjeuner. Suivant les instructions, ils tirent sur tout ce qui bouge : buffles, porcs et hommes.

Seulement, il n’y avait pas d’ennemis, mais seulement des civils dans le village : vieillards, femmes, enfants et bébés. Les GI ne voyaient aucun homme en âge de faire la guerre. Les soldats jetaient des grenades dans les maisons où s’étaient entassés les villageois terrifiés. Ensuite, ils ont brûlé les maisons. Les habitants dans le village étaient massacrés : scalpés, décapités, mutilés, éventrés. Les adolescentes et les femmes étaient déshabillées, violées (viol de groupe par les soldats), sodomisées, battues, torturées puis tuées d’une balle dans la tête ou mitraillées dans le vagin. Les femmes enceintes étaient éventrées puis leur cadavre était jeté dans la rue avec le reste des autres cadavres. Certaines femmes mutilées avaient la signature « C Company » gravée dans la chair. Les cadavres étaient emplilés en tas dans la rue.

Un GI impliqué dans le carnage expliquait ainsi ses actes:

« I cut their throats, cut off their hands, cut out their tongues, scalped them. I did it. A lot of people were doing it and I just followed. I lost all sense of direction. » (Digital History).
(Je les ai égorgés, coupé leurs mains, coupés leur langue, et les ai scalpés. J’ai fait ça. Beaucoup de gens [ses camarades soldats] faisaient ça et je les ai imitiés. J’ai perdu tous mes sens de direction.)

Pour d’autres villageois, ils étaient bâillonnés avant d’être tués à coup de matraque. D’autres sont jetés dans une fosse avant de se faire mitrailler par les GI. Pham Thi Thuan (photo en bas) avait 39 ans lors de la tuerie. Six membres de sa famille ont été tués devant se yeux. Elle a survécu avec sa fille, car elles étaient enterrées par les cadavres des autres morts dans une fosse.

wmylai16« Je pressais ma fille contre moi pour que les soldats n’entendent pas ses pleurs. Nous étions allongées, silencieuses, au milieu des morts. C’était notre seule chance: dès que les GI voyaient quelqu’un bouger, ils tiraient. À un moment, j’ai aperçu mon père qui courait le long du fossé; un Américain s’est approché et lui a tiré une balle dans la tête. Je ne sais pas combien de temps je suis restée là. Quand ils sont partis, je suis sortie du fossé, avec ma fille, et j’ai couru vers un hameau tout proche. Là-bas, les gens nous ont donné du riz. Ils ont lavé nos vêtements, maculés de sang et de cervelle… Je ne sais pas pourquoi les Américains sont venus. Notre région était calme. Quand ils sont partis, il ne restait rien. » (Epstein, L’Express, 12 mars 1998)

Pham Dung avait 24 ans lors du massacre. Il a perdu neuf membres de sa famille : sa fille, son frère, son oncle, sa femme Do Thi Thiu, tuée à bout portant tandis qu’elle protégeait leur bébé de 12 mois.

« Les GI nous ont jetés dans des fossés, à coups de crosse. Ils tiraient partout. J’ai fait semblant d’être mort. Beaucoup d’adultes ont été tués sous les yeux de leurs enfants. Il y avait des cris: « Maman?! Maman!… » Quand les GI ont entendu ces plaintes, ils sont revenus achever les enfants. La terre était imbibée de sang. C’était atroce. » (Epstein, L’Express, 12 mars 1998)

L’enquête officielle de l’armée américaine dénombre 374 décès, mais le monument érigé à la mémoire ces victimes du massacre en répertorie 504 Vietnamiens, âgés entre 0 et 80 ans et plus. À la fin de la mission, la 11e infanterie rédige un rapport du « succès » leur mission : 128 Viêtcong tués et 22 malheureuses victimes prises dans le feu de la « lutte violente » qu’il y avait eu (Digital History). Les soldats ont ramené 3 armes pour appuyer la preuve de cette « lutte violente ».

Hugh Thompson

Hugh Thompson

Un pilote d’hélicoptère, Hugh Thompson, passait par-dessus Mỹ Lai lorsqu’il a vu les piles de corps de corps dans la rue. Il a atterri son appareil pour faire monter 10 civiles et avait ordonné à ses hommes de tirer sur les soldats qui tenteraient de tuer ces civiles. Un peu plus tard, malgré qu’il était à court de kérosène, Thompson a atterri une seconde fois pour rescaper un garçon de 3 ans qui était encore vivant dans un fossé. De retour à la base et pris de colère, Thompson confronte son supérieur à propos de l’atrocité qu’il a vu à Mỹ Lai. Son supérieur lui fait remplir un rapport et l’envoi plus tard dans des missions plus dangereuses. Cependant, ce rapport sur le carnage de Mỹ Lai était juste, selon les termes de Noam Chomsky, considéré comme une « banalité » de guerre sans plus. Pendant un an, 28 officiers ont caché le massacre de Mỹ Lai.

Dévoilement du massacre

Le 5 septembre 1969, un article à propos du massacre a été publié dans un petit journal local, où le Lieutenant Calley était mentionné. Suite à quoi, Ron Ridenhour, un ancien soldat tireur de la 11e brigade envoie une lettre à Nixon et au Pentagon pour décrire en détail le massacre de Mỹ Lai avec des preuves à l’appui. En retour, l’armée lui renvoie une lettre lui demandant de « rester discret ». Un journaliste indépendant, Seymour Hersh, s’intéresse à l’affaire et commence sa propre investigation.

wmylai8Le 17 novembre 1969, Hersh publie le résultat de son enquête, qui est repris par le New York Times, le magazine Life et le Newsweek. Ronald L. Haeberle, photographe attaché à la 11e infanterie, publie les photos en couleur qu’il avait prises du massacre. Lorsqu’il couvrait la mission à My Lai, il avait deux appareils : un en noir et en blanc de l’armée et l’autre en couleur, qui lui est personnel. Dans la caméra en de l’armée, il avait pris les photos des soldats en train de questionner les villageois. Avec sa caméra personnelle, il a pris le résultat après le questionnement. Lorsqu’il était retourné aux États-Unis, il a remis la caméra en noir et en blanc, mais a gardé la sienne. Il savait que si l’armée découvrait ses photos, elles seraient détruites.

Une enquête était ouverte sur le massacre de Mỹ Lai, où 46 soldats de la Charly Company sont accusés de meurtre, de tentatives et meurtre et de viol. Cependant, seul le Lieutenant William Calley, qui dirigeait l’opération, était condamné. Il devait être emprisonné à vie. Toutefois, le président Nixon avait intervenu en sa faveur et il a seulement servi trois ans de prison.

Le massacre de Mỹ Lai a fait perdre l’appui de la population américaine pour la guerre du Vietnam. Il a contribué au mouvement pacifiste qui demande la fin de la guerre du Vietnam. Quant à Seymour Hersh, il a reçu le prix Pulitzer en 1970 pour sa couverture du massacre de Mỹ Lai.

Images de Mỹ Lai:

Avant le massacre, l'interrogation...

Avant le massacre, l'interrogation...

Pendant et après le massacre...

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Pendant et après le massacre..

Pendant et après le massacre..

À voir :

Interviews with My Lai Veterans (1971) : un film documentaire réalisé par Joseph Strick, où 5 vétérans de la guerre du Vietnam témoignent de leur implication dans le massacre de My Lai, partie 1, partie 2, partie 3.

Documentaire Four Hours in My Lai (quatre heures à Mỹ Lai), témoignage des soldats impliqués dans le massacre de Mỹ Lai. Partie 1, partie 2, partie 3, partie 4, partie 5, partie 6 et partie 7

Autres vidéos sur le massacre de Mỹ Lai:

Témoignage des survivants du massacre de Mỹ Lai

Mouvement contre la guerre après Mỹ Lai

Massacre at My Lai 4

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Références

AMERICAN EXPERIENCE (sans date). « Selected Men Involved with My Lai », [En ligne] URL: http://www.pbs.org/wgbh/americanexperience/features/biography/mylai-biographies/ (consulté le 15 janvier 2013).

DIGITAL HISTORY (sans date). « My Lai Massacre », [En ligne] URL : http://www.digitalhistory.uh.edu/learning_history/vietnam/vietnam_mylai.cfm (consulté le 15 janvier 2013).

EPSTEIN, Marc (1998). « Les fantômes de My Lai », L’Express, 12 mars, [En ligne] URL : http://www.lexpress.fr/actualite/monde/asie/les-fantomes-de-my-lai_492517.html (consulté le 15 janvier 2013).

WIKIPEDIA, « Massacre de My Lai », [En ligne] URL : http://fr.wikipedia.org/wiki/Massacre_de_M%E1%BB%B9_Lai (consulté le 15 janvier 2013).

WIKIPEDIA, « My Lai Massacre », [En ligne] URL : http://en.wikipedia.org/wiki/My_Lai_Massacre (consulté le 15 janvier 2013).

WIKIPEDIA, « Thảm sát Mỹ Lai », [En ligne] URL: http://vi.wikipedia.org/wiki/Th%E1%BA%A3m_s%C3%A1t_M%E1%BB%B9_Lai (consulté le 15 janvier 2013).

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