Si la dynastie précédente, celle des Lý, s’était appliquée à construire un État organisé, la dynastie Trần continua dans la même voie : elle perfectionna l’administration, la législation, la fiscalité, l’éducation, l’organisation de l’armée et de l’économie. Elle continua de prendre l’agriculture très au sérieux, car elle était la base de l’économie. Toutefois, ladite économie ne s’arrêtait pas là. Il existait de nombreuses autres activités économiques, par exemple, l’artisanat, l’orfèvrerie, l’argenterie, la poterie. La capitale fut agrandie puis divisée en quartiers; chaque quartier se spécialisait dans un domaine artisanal particulier si bien qu’au XIIIe, il y avait soixante et un quartiers différents. Il y avait aussi des échanges de marchandises entre Vietnamiens, Chinois, Siamois et Javanais qui s’effectuaient au port de Vân Đồn, qui avait été créé en 1149 par la dynastie Lý. Le commerce extérieur était très contrôlé par l’État, tout particulièrement le commerce de la soie avec les Chinois.
C’est durant la dynastie Trần que le confucianisme parvint à éclipser le bouddhisme. Jusqu’à lors, les bonzes avaient assumé le rôle de conseillers auprès des rois; il faudra cependant attendre le XIVe siècle pour que le confucianisme ait complètement pris l’avant de la scène face au bouddhisme et que les bonzes n’aient plus que leur rôle religieux à assumer.
La dynastie Trần fut surtout marquée par de nombreuses invasions venant du nord. En effet, les Chinois avaient retenté de nombreuses fois de reconquérir le territoire qu’ils avaient perdu à la suite de la victoire de Bạch Đằng Giang en 938. Cependant, cette fois, l’ennemi principal n’était pas les Chinois, mais plutôt les Mongols qui avaient réussir à conquérir l’Empire chinois. En effet, Gengis Khan, qui avait réussi à prendre Pékin en 1215, avait affaibli l’empire Song de telle sorte que son petit-fils Kūbilaï Khān avait réussi à s’emparer de l’empire, fondant ainsi la dynastie Yuan, en 1279. Il y eut trois invasions mongoles : la première eut lieu en 1258, alors que les Mongols n’étaient pas encore les souverains de la Chine, la deuxième eut lieu en 1285 et la troisième en 1287-1288. Il s’en fallut de peu pour que les Mongols réussissent à complètement envahir le Vietnam car les Mongols avaient réussi à prendre la capitale à la fin de 1287.
Toutefois, grâce au prince Trần Hưng Đạo qui usa de la même stratégie que Ngô Quyền exactement trois cent cinquante ans plus tôt, il réussit à défaire les flottes mongoles. Il fit planter des pieux pointus dans le fond de la rivière Bạch Đằng Giang; alors que les navires vietnamiens feignaient de battre en retraite, les navires mongols se lancèrent à leur poursuite. Cependant, comme la marée redescendait, les fonds des vaisseaux se fracassèrent contre les pieux, et les Mongols furent faits prisonniers. Dès la fin de 1288, le roi Trần fit envoyer une mission à Pékin qui avait pour but de négocier la paix, offrant un tribut à la Cour mongole; c’est ainsi que le Vietnam devint tributaire de l’empire Yuan.
Après 1343, les rois qui se succédèrent n’étaient pas très compétents. Cela permit à un haut mandarin, Hồ Quý Ly, de subtilement se hisser de plus en plus près du pouvoir royal. Dès 1387, il atteint la première place à la cour. Il est libre de placer qui il veut au poste de son choix si bien qu’en 1400, il éclipse totalement le souverain en place et se proclame roi.
Les années réformatrices de Hồ Quý Ly
Comme toutes les fois où un roi incapable prend la barre du pays, l’économie fut gravement touchée. Une des réformes les plus notables de l’administration Hồ fut l’émission de la première monnaie papier au Vietnam. Il obligea la population à faire changer leur monnaie métallique pour des billets; pour s’assurer que tout le métal reviendrait à l’État (surtout dans le but de fabriquer des fusils), il devint illégal et même passible de peine de mort d’utiliser l’ancienne monnaie.
Dans le but d’empêcher que quelqu’un gagne trop en puissance, Hồ Quý Ly instaura des limitations de la propriété agraire ainsi que des limites sur le nombre d’esclaves que l’aristocratie pouvait posséder. Ce faisant, il pouvait contrôler le nombre et ainsi s’assurer qu’il soit impossible qu’un aristocrate lève sa propre armée pour contester la légitimité de Hồ Quý Ly.
Il y eut d’autres réformes dans d’autres domaines, mais celle qui eut le plus grand impact fut sans aucun doute celle qui concernait l’armée. Comme il voulait se protéger de la menace chinoise et contenir les révoltes paysannes, il doubla son effectif de soldats.
L’invertention des Ming
Depuis 1368, la dynastie Ming avait pris les rênes du pouvoir en chassant les Mongols du pouvoir. Ils pénètrent au Vietnam en 1406, prétextant voulant restituer le pouvoir qui revenait de droit aux Trần. Ils prirent Hanoi, déportèrent Hồ Quý Ly et sa famille et comme l’héritier Trần qui venait d’être restauré voulut s’opposer aux Chinois, ces derniers décidèrent de tout simplement annexer le Vietnam à l’Empire chinois. L’année de 1407 marqua le début d’une nouvelle domination chinoise au Vietnam.
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Sources bibliographiques :
DEVILLERS, Philippe. « Vietnam », Enyclopædia Universalis, [En ligne] URL: http://www.universalis-edu.com/encyclopedie/vietnam (consulté le 12 janvier 2013).
MASSON, André (1960). Histoire du Vietnam, Paris, Presses universitaires de France, p. 21.
NGUYEN, Khắc Viện (1993). Vietnam, une longue histoire, Hanoi, The Gioi, pp. 31-66.
LÊ, Thành Khôi (1992). Histoire du Vietnam des origines à 1858, Paris, Sudestasie, pp. 171-202.