La religion au Laos

Le Laos : un pays bouddhiste ?


Le Laos est un pays qui se considère comme bouddhiste, néanmoins il serait trop simple de le réduire à cette religion. En effet, d’autres cultes sont pratiqués au Laos, officiellement acceptés ou non. Tentons de dresser une liste des religions pratiquées au Laos.


Les religions officielles :


Le bouddhisme : le bouddhisme Theravada est considéré comme la religion principale, et il était la religion d’État du royaume du Laos, avant l’institution de la république. A l’époque du royaume du premier roi Fa Ngoum, c’était le bouddhisme Mahayana qui dominait, mais cela a changé au fil du temps. Un clergé important constitué de Monk gère ce bouddhisme Theravada au sein du Laos. C’est une organisation parallèle à la hiérarchie politique. Les bouddhistes du Laos constitueraient environ 50% de la population, ce sont les « Lao Loum ». Ils restent tolérants envers les autres cultes pratiqués dans le pays.


Le bouddhisme peut également être l’objet de mélanges au Laos : avec les immigrés de la Chine du Sud, on assiste à un mélange entre le bouddhisme, les religions locales et les idées confucéennes ; de même pour les Vietnamiens vivant au Laos qui mélangent le bouddhisme Mahayana et le confucianisme.


Le christianisme : en 2002, les chrétiens étaient environ 150 000 au Laos, catholiques et protestants. Les protestants eux-mêmes sont séparés en deux groupes : l’Église Évangélique Lao et l’Église adventiste du Septième Jour.


Les adeptes de Baha’i : c’est une organisation religieuse apportée par Said (businessman iranien) en 1952, installée à Vientiane. Cette foi fait la promotion de valeurs telles que l’amour ou l’assistance mutuelle.


L’islam: c’est la dernière religion officielle du Laos, mais également la moins pratiquée. Il n’y a que quelques milliers d’adhérents. Il se divise ici en deux groupes : les musulmans venus d’Inde et du Pakistan, résidents permanents ; les Cham, groupe ethnique qui a fui le régime de Pol Pot. Aujourd’hui les Cham se prénomment « la Société Musulmane Lao ».


Les religions non officielles :


Les religions locales animistes : non acceptées officiellement par l’État, elles continuent pourtant de prospérer. On retrouve des communautés comme les Lao Theung ou les Lao Soung qui font le culte des esprits et des génies (phi). Ce sont des ethnies minoritaires, mais l’animisme a survécu à l’essor massif du bouddhisme. Ces ethnies effectuent des rituels très anciens, vénèrent les dieux de la forêt, montagne, jour et nuit, les morts, etc… De même, elles pratiquent le culte des bons génies pour la prospérité.


Il faut également noter qu’en dehors des religions pratiquées, les laotiens sont un peuple très superstitieux et cela les accompagne au quotidien. Ils sont convaincus qu’ils ont 32 âmes (khouanes). Chaque âme correspond à une partie du corps, mais elle peut fuir face au moindre événement. Ainsi les laotiens les rappellent lors des cérémonies « Sou Khouane » ou « Baci » : ce sont aujourd’hui des pratiques nationales. De même, il est courant que les laotiens se rendent chez des devins.


Après ce panorama des religions du Laos, revenons sur le bouddhisme. Comme nous l’avons mentionné plus haut, le bouddhisme est la religion majoritaire, cependant il est intéressant de noter que les autres religions sont surement plus pratiquées qu’il ne l’est affiché officiellement (Lev Morev). En effet, beaucoup préfèrent ne pas affirmer leur vraie religion et dire qu’ils pratiquent le bouddhisme, car ils trouvent cela plus prudent. Le bouddhisme est-il donc si majoritaire ?


Depuis les années 1980, le bouddhisme laotien est en difficulté, et certains parlent même de déclin. Avec l’ouverture socialiste, le bouddhisme a subi de lourdes conséquences. En s’ouvrant sur le monde occidental, le Laos risquait de perdre son identité nationale, ainsi le bouddhisme est devenu un moyen de protéger le pays des influences du monde extérieur : on a assisté alors à une renaissance de cette religion, une mise en valeur faite par le gouvernement. Les temples ont été restaurés et construits en masse. C’est pourquoi paradoxalement, au premier abord, on pourrait penser que le socialisme a permis l’essor du bouddhisme à cette époque (le symbole étant la stupa bouddhiste qui a remplacé le marteau et la faucille sur le drapeau du parti révolutionnaire), or c’est tout l’inverse.

Le bouddhisme et son clergé ont constamment dû s’adapter aux changements politiques, et a subi l’interférence constante de l’État dans les affaires spirituelles.


Ainsi, certains auteurs tels que Lev Morev parlent de « sécularisation » progressive au Laos. Petit à petit la société laotienne perdrait sa religiosité et son attrait pour le bouddhisme. Le meilleur exemple de ce phénomène est la perte de prestige de la fonction de Monk. Aujourd’hui, beaucoup de Monk novices décident de revenir à la vie séculaire après leurs années d’études au monastère.

4jeunes moins


Il faut également souligner que l’État a un grand rôle dans la religion au Laos. En effet, si officiellement la Constitution promeut la liberté de religion, cette dernière n’est en réalité pas totalement libre. Tout d’abord, l’État réprime les pratiques animistes des ethnies minoritaires. De même, si le bouddhisme est la religion majoritaire, elle est étroitement contrôlée par le gouvernement. De plus, l’État a toujours été suspicieux envers les chrétiens (il faut quand même préciser que le gouvernement socialiste n’est pas anticlérical). Cela s’explique car l’État n’apprécie pas beaucoup les religions occidentales associées au colonialisme. De plus, les chrétiens ont toujours été hostiles au communisme et se sont opposés en majorité au Pathet Lao pendant la révolution et la guerre civile. Enfin les chrétiens dépendent du Vatican, alors que le gouvernement voudrait que les religions du Laos le soient uniquement vis-à-vis de la législation nationale. C’est pourquoi le gouvernement surveille de près le christianisme laotien.


Enfin, notons que sur de nombreuses mesures concernant la religion au Laos, l’État reste totalement flou. Rien n’est précisé quant aux pratiques et leurs limites. Si la liberté de culte est affirmée, personne ne sait exactement jusqu’où elle peut aller. Depuis 2001, le gouvernement tente cependant d’améliorer la situation, et œuvre en faveur d’un modus vivendi entre toutes les religions du Laos et l’État. Le 5 juin 2002, un décret permettait la réunion régulière des leaders laotiens et des leaders religieux. Il apparaît donc que le Laos est bel et bien un pays bouddhiste car c’est sa religion majoritaire, néanmoins il faut nuancer cette affirmation. Il est bel et bien majoritaire, mais d’autres religions nouvelles émergent de plus en plus, parfois de manière plus forte qu’on pourrait le penser.

Bibliographie :


Retour vers le Laos/Haut de la page

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *