Le Parti communiste vietnamien (PCV), qui est à la tête du pays depuis la fin de la guerre, tient ses racines du Parti communiste indochinois (PCI) créé par Ho Chi Minh en 1930. À l’époque, le PCI était un groupe clandestin qui luttait contre le colonisateur français. En 1941, celui qu’on surnomme « l’oncle Ho » créa un front nationaliste uni, le Viet Minh. Cette branche du Parti communiste indochinois avait pour objectif de rassembler les Vietnamiens dans des guérillas contre les troupes françaises et Japonaises avec la coopération des États-Unis. Avec le retrait des troupes japonaises suite à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, Ho Chi Minh va investir la ville de Hanoi et créer la République démocratique du Vietnam en 1945. Il dissout le Parti communiste indochinois au même moment pour donner plus de crédibilité au gouvernement de coalition et calmer la peur d’un contrôle des communistes.
Le Viet Minh va cependant continuer de lutter contre les forces françaises et gagner la bataille de Diên Biên Phu. Après plusieurs pressions de la Chine, un allié important, le Parti Lao Dong (Parti des travailleurs) fut créé en 1951 dans le but de prendre le pouvoir politique. Le PLD va implanter un système politique autoritaire, établir une planification de l’économie basée sur le modèle stalinien et changer son nom en 1976 pour le PCV.
D’ailleurs, bien qu’il détienne le pouvoir depuis de nombreuses années, le Parti ne possède pas un nombre incroyable de membres. En effet, il est très difficile de rejoindre l’élite de la société. Il faut pour cela être parrainé par plusieurs membres et être sujet à de nombreuses enquêtes. Sur une population de près de 90 millions d’habitants, il comporte seulement 3,6 millions de membres répartis dans toutes les couches de la population. Comment peut-il alors maintenir la stabilité de son pouvoir? Tout simplement parce que le Parti et le gouvernement sont intimement liés. Bien que la constitution vietnamienne stipule que le PCV n’est là que pour donner les grandes orientations du gouvernement, il est évident que ce dernier est totalement sous l’emprise du PCV.
Les personnes ayant des responsabilités officielles doivent être membres du Parti, ce qui entraine une obligation d’adhérer au PCV pour pouvoir monter dans la hiérarchie. Des cellules et des sections locales du Parti sont présentes dans toutes les entreprises dépassant 20 employés, dans toutes les villes, les villages et dans les organismes publics. Cela permet d’acheminer de nombreuses informations diversifiées à la tête du parti et de transmettre rapidement les consignes venant des leaders politiques. Si on rajoute à cela l’efficacité d’une police omniprésente, il devient alors très facile pour le gouvernement d’étouffer tout comportement politique déviant. Le Parti utilise aussi des associations de masse pour contrôler la population et répandre sa ligne de pensée. Ces associations, comme l’Association des Femmes, l’Association des Jeunes, l’Association des Paysans, etc., ont des bureaux nationaux et régionaux dirigés par des membres du Parti.
À l’interne, le PCV fonctionne par consensus. Les décisions sont prises en accord mutuel, même si cela entraine parfois des décisions étranges. De façon assez ironique, il est nécessaire pour les dirigeants de bien s’entendre mutuellement et de cacher au public les factions rivales du Parti et les dissensions pour faire des choix qui semblent convenir à tous les membres puisque la culture vietnamienne considère les compromis comme une forme de faiblesse, ce qui pourrait nuire à la légitimité du gouvernement et entacher son image.
Le PCV est formé du Comité central, qui détient le plus important du pouvoir. Ce comité se réunit 2 fois par année contrairement au Comité national qui se réunit au 5 ans. On retrouve au sein même du Comité central le Politburo, qui comporte une quinzaine de membres extrêmement influents et élus par le Comité central. Le Secrétariat du Parti communiste vietnamien fût aboli en 1996 à cause de la concurrence extrêmement féroce qui avait lieu dans les coulisses du Parti. Cet organe important du PCV fut remplacé par le Comité du Politburo composé de 5 membres.
L’armée populaire vietnamienne reste une institution politique importante pour le gouvernement socialiste. Elle possède environ 10% des sièges du Comité central et possède plusieurs sièges au Politburo. Les dirigeants de l’armée font partie de la Commission des Affaires militaires du Parti et sont nommés par le Secrétaire général du Parti.
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Suggestion de lecture :
« L’influence du Parti communiste vietnamien sur la corruption dans le pays« , Antoine de Blauve, 1 avril 2013.
« Vietnam: structures politiques et ouverture économique« , Xavier Faraire, 27 novembre 2009
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Sources bibliographiques:
ABUZA, Zachary (2011). Renovating Politics in Contemporary Vietnam, Boulder, Lynne Rienner Publishers, 273 pages.
BERGET, Pascal (2002). Paysans, État et marchés au Vietnam, Paris, Karthala-GRET, 291 pages.
VINH, Yann et al. (2011). « République socialiste du Vietnam – Bilans annuels de 1981 à 2012 », L’État du monde, La Découverte.