L’importance de l’éducation et stéréotype du « bon élève » vietnamien
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À l’école, les élèves vietnamiens sont souvent stéréotypés ainsi :
« [V]ous autres les Vietnamiens, vous êtes tous des bolles. »
« Les Vietnamiens étudient tout le temps, c’est des grosses bolles. »
« Ah oui, mais vous autres vous êtes Vietnamiens vous avez des bonnes notes. »
« Ah, on sait pourquoi les Vietnamiens sont bons à l’école, c’est parce que tout ce qu’ils font, c’est étudier. »
« Les Vietnamiens sont des bolles, ils sont intelligents, ils écoutent les profs, ils dorment tôt, ils étudient tout le temps. »
Comme si l’origine ethnique est la raison du succès, les Vietnamiens sont étiquetés en fonction de leurs performances scolaires (Méthot 1995, p. 122, 126). Même les professeurs entretiennent ces stéréotypes. Ils « parleraient rarement de sujets autres que scolaires aux élèves asiatiques » et propagent d’une certaine façon ces stéréotypes du « mythe des qualités intellectuels extraordinaires des Viet ». Beaucoup d’élèves vietnamiens ont peur de ces préjugés (Méthot 1995, p. 122) et se sentent très mal à l’aise lorsqu’ils sont ainsi désignés. Certes, ils s’efforcent beaucoup pour bien performer à l’école, mais ce n’est pas tout le monde qui performe tous dans l’excellence scolaire.
Vous savez déjà que la famille est la valeur la plus importante pour les Vietnamiens, mais savez-vous que l’éducation et les études constituent aussi une valeur familiale? Minh et Quan, tous deux dans la vingtaine et sont arrivés au Québec quand ils étaient encore jeunes enfants, témoignent ainsi :
« Pour mes parents, il faut pas sortir trop souvent et puis il faut étudier la plupart du temps. Le samedi étudier, le dimanche étudier et durant l’été il faut réviser ses notes pour la prochaine année. »
« Dans ma famille, les études c’est la première chose qui est importance, Pour les parents, la chose la plus importante c’est que leurs enfants réussissent leurs études. » (Méthot 1995, p. 120)
La très grande majorité des familles vietnamiennes immigrées dans la ville ont quitté le Vietnam dans des conditions catastrophiques (boat people). Ils ont tous laissé, ou presque, derrière eux. Pour ces familles, l’éducation est une garantie pour améliorer leur sort de vie. La réussite des études signifie élévation sociale, intégration et respectabilité. Bien souvent, les parents poussent fortement les enfants à fournir des efforts considérables dans les études, car « l’honneur de la famille repose sur la réussie des enfants » (Méthot 1995, p. 158). Cette valorisation du succès scolaire et vénération du diplôme sont des héritages culturels depuis la ‘confucianisation’ du pays au 15e siècle. Poussés dans vers la direction de l’importance des études, les enfants vietnamiens intériorisent en eux le désir de leurs parents. Les Vietnamiens ne sont pas des « petits génies », mais simplement ils « bûch[ent] plus » aux études (Méthot 1995, p. 124).
Pour ces Vietnamiens, performance et pression vont de pairs. Les heures consacrées aux études sont nombreuses, et, bien souvent le temps des loisirs est du temps perdu (Méthot 1995, p. 125). Ils se mettent beaucoup de la pression sur eux-mêmes pour les études, mais se font aussi mettre de la pression par-dessus les épaules par les parents, par l’entourage et par la même par communauté vietnamienne.
« Il faut avoir une certaine performance. C’est très exigeant. C’est beaucoup de pression… je vous dis franchement, être Vietnamien, c’est tought, parce que tu as beaucoup de pressions de la société vietnamienne […] ils t’en demandent beaucoup, là », dit Bao (18 ans) (Méthot 1995, p. 125-126)
Poussés par les parents à la maison, pressés par la communauté et stéréotypés par ses pairs et ses professeurs à l’école, l’enfant vietnamien trouve parfois très lourd que tous les espoirs de sa famille pour accéder à une meilleur vie reposent sur son cartable (Méthot 1995, p. 159).
Ainsi, s’il vous plaît, cessez de croire que tous les Vietnamiens sont des « petits génies »! Ils ne font seulement que travailler pour obtenir des résultats et que la réussite scolaire ne sont pas codées dans leurs gènes!
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Bibliographie
METHOT, Caroline (1995). Du Viet-Nam au Québec : la valse des identités, Québec, Institut québécoise de recherche sur la culture, Coll. « Edmond-de-Nevers », n° 13, 224 pages.