Retour des colonisateurs et négociations
Pendant que les Vietminh avancent dans le Vietnam indochinois, les pays Alliés s’organisent pour faire la défaire les nazis en Europe et des Japonais en Asie. Il y avait de fortes chances que le régime Vichy et les Japonais soient vaincus par les Alliés. Hồ Chí Minh entre en contact avec la France (celle qui n’est pas vichyste) pour se soustraire de la Chine, qui s’insinue de plus en plus dans le VNQDD. La France revient en Indochine et les Chinois évacuent le pays. S’entament alors des négociations entre la France et la RDV, que Hồ Chí Minh représente.
La France veut revenir pour reprendre le contrôle sur son ancienne colonie. Elle veut surtout conserver la Cochinchine, la « perle de la France ». La RDV veut l’indépendance totale et l’unité du pays. Les négociations ne cessaient de reprendre et duraient très longtemps, car aucun des deux côtés ne veulent céder. Pris d’impatience, une section de l’armée française provoque un incident à Haiphong en le bombardant en novembre 1946. Cette armée avait bombardé le port. Par réactions en chaîne, cet incident a provoqué la réaction des Vietminh. Dès décembre 1946, la bataille s’engage à Hanoi contre la France et la RDV. C’était le début de la Guerre d’Indochine.
La Guerre d’Indochine
L’incident de Haiphong en novembre 1946 avait arrêté les négociations entre la France et la RDV. Les deux côtés entrent en guerre, celle de la Guerre d’Indochine.
La France avait le contrôle de Tonkin, mais la résistance des Vietminh lui posait des problèmes. Les Vietminh utilisaient des tactiques de guérillas. Ce sont des petites attaques surprises très rapides et dispersées partout où les Vietminh étaient présents. L’armée française, qui n’était pas habituée à cette façon de faire la guerre, était incapable de savoir où repérer les Vietminh pour les attaquer. De plus, les Vietminh étaient appuyés par la population, surtout les paysans. Les Vietminh ne portaient pas d’uniforme de combat; ils étaient habillés en civil et se cachaient dans la population et dans les maquis.
Pour tenter de sauvegarder ses intérêts au Vietnam, surtout sur la Cochinchine, la France passa à une autre alternative. Elle se tourna vers l’ancien empereur Bao Đài, qui était réfugié à Hong Kong. Toutefois, les négociations n’avançaient pas. Les États-Unis pressaient la France de cesser de négocier et d’accorder une indépendance totale au Vietnam. La France dépendait des États-Unis pour se rebâtir après la Deuxième Guerre mondiale et les États-Unis étaient profondément anticolonialistes (eux-mêmes avaient connu le joug d’une puissance coloniale, l’Angleterre, avant 1776). Ainsi, à contrecœur, la France cède l’indépendance ainsi que la Cochinchine au Vietnam. Bao Đài resta le chef d’État.
En 1949, en Chine, les communistes vainquirent contre les nationalistes. Avec Mao Zedong au pouvoir, la Chine fournissait des armements militaires à la RDV. Ainsi appuyée par la Chine, la RDV proclame en 1950 que le communisme était la seule autorité légitime au Vietnam. La Chine, l’URSS (qui a soutenu la RDV dans son combat) et les États-Unis reconnaissent cette légitimité.
En 1954, la France changea de tactique. Toujours dans un but de reconquête coloniale, la France déclara qu’elle entrait en guerre contre le communisme. Les États-Unis aussi faisaient la guerre au communisme, qui posait des obstacles aux intérêts économiques des États-Unis dans le monde. Tel des dominos, le communisme avait déjà gagné la Chine, s’étendait déjà vers la Corée et c’était maintenant le tour du Vietnam. Les États-Unis acceptèrent de signer une entente avec la France pour contenir le débordement communiste en Asie. La France reprit les combats au Vietnam, mais avec des soldats et des armements américains.
Ainsi, les États-Unis étaient anticolonialistes et aussi anticommunistes. Puisque la France avait déclaré vouloir faire la guerre contre le communisme qui avait envahi son ex-colonie indochinoise, les États-Unis décidèrent de soutenir la France en hommes et en armes pour freiner la progression du communisme en Asie.
La collaboration américaine-française se traduisait en ce qu’on appelle l’Opération Castor. Cette opération visait à s’emparer de la cuvette de Điện Biên Phủ, une région au nord du Vietnam. Cette cuvette de Điện Biên Phủ devait permettre de stationner des avions militaires américains. De plus, son emplacement géographique était stratégiquement situé sous la Chine et au-dessus du Laos. Cet emplacement était parfait pour déployer des soldats américains et français contre les communistes. L’armée française était certaine de sa victoire à cause de son armement militaire supérieur à celui de la RDV. Conscient d’être désavantagé sur l’artillerie militaire, le général Võ Nguyên Giáp usa de stratégie pour confronter l’armée française. La France fut battue dans la bataille de Điện Biên Phủ le 7 mai 1954, au moment où avait lieu la Conférence de Genève, en Suisse.
La Conférence de Genève
Initialement, la Conférence de Genève en Suisse devait régler le conflit de la guerre de Corée, mais elle s’est rapidement penchée sur la question de l’Indochine. À cause de la défaite française à Điện Biên Phủ, les accords durent être ratifiés. Les nations impliquées dans le conflit voulaient séparer temporairement le Vietnam. La Chine poussait la RDV à séparer le pays au niveau du 14e parallèle pendant que la France et les États-Unis voulaient la séparation au 18e parallèle.
Le 21 juillet 1954, la Conférence a tranché sur le 17e parallèle. Le Vietnam fut séparé en deux parties : Vietnam du Nord et Vietnam du Sud. Le Vietnam du Nord devenait la République démocratique du Vietnam (RDV) avec Hồ Chí Minh à la tête de sa présidence. Le Vietnam du Sud devenait l’État du Vietnam avec Bao Đài comme chef d’État. Un armistice fut imposé pour que la zone du 17e parallèle soit démilitarisée. Une entente avait été établie entre les deux Vietnam : une élection référendum était prévue pour 1956 afin de réunifier le pays. Entre temps, chaque Vietnam se reconstitue en force.
La RDV et l’État du Vietnam voulaient tous deux la réunification du pays, mais dans des conditions politiques différentes, des régimes différents. La RDV voulait l’unité du pays. Elle voulait un régime communiste sans l’influence des États-Unis. L’État Vietnam lui aussi aspirait à la réunification, mais sous un régime non communiste. Les deux côtés allèrent chercher de l’aide extérieure pour pouvoir réunir le pays selon leur position politique. La Chine et l’URSS financèrent la RDV tandis que les États-Unis s’installaient dans l’État du Vietnam. Les États-Unis n’avaient pas signé les Accords de Genève, c’est donc pourquoi ils pouvaient se permettre d’intervenir dans le sud du Vietnam pour arrêter la propagation de communisme.
La République du Viet Nam du Sud
Avec la présence américaine, l’État du Vietnam connut un boom économique. Cependant, la situation au nord était moins favorable. Le régime procéda à une réforme agraire brutale en confisquant les terres des propriétaires terriens et en imposant des travaux forcés. À cause de la brutalité du régime, près de 800 000 Vietnamiens, la grande majorité d’entre eux catholiques, migrèrent vers le sud.
Au sud, les catholiques trouvèrent refuge sous Ngô Đình Diệm, qui était favorable au catholicisme. Ngô Đình Diệm était devenu le nouveau chef d’État du Vietnam du Sud. Les États-Unis soupçonnaient Bao Đài d’avoir entamé des négociations avec la RDV, c’est donc pourquoi ils remplacèrent Bao Đài par Ngô Đình Diệm en 1955. Ils avaient choisi ce dernier car il était un ancien agent de la CIA très anticommuniste et livrait une lutte féroce contre les Vietcông. Ngô Đình Diệm changea le nom d’État du Vietnam pour la République du Viet Nam (RVN).
Beaucoup qualifient le gouvernement de Ngô de régime dictatorial, mais il s’agissait en réalité d’un régime autoritaire, car il disposait d’une Chambre des Députés ainsi que d’une Constitution. On dit aussi que le régime de Ngô était antibouddhiste, mais une enquête des Nations Unies en 1963 avait démontré le contraire : le régime de Ngô donnait la liberté du culte bouddhiste. Toutefois, cela ne changeait pas le fait que Ngô affichait l’image d’un tyran, despote et puritain. Il plaçait tous les membres de sa famille dans les postes importants, ce qui soulevait beaucoup de protestations et encouragea la formation de mouvements contestataires.
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Le Front national de libéralisation
En réaction à l’autoritarisme de Ngô Đình Diệm, des mouvements contestataires devinrent plus importants dans la RVN dès 1960. Le plus important est le Front national de libération (FNL ou Viet công), qui regroupait des communistes, mais aussi des nationalistes (qui n’étaient pas nécessairement communistes). La RDV apporta de l’aide à la FNL en hommes et en armement. À cause de l’impopularité de Ngô, beaucoup d’hommes soutenaient la FNL.
En juin 1963, des bonzes s’immolèrent en public pour protester contre le régime de Ngô. La belle-sœur de Ngô, Mme Nhu (de son vrai nom Trần Lệ Xuân) parlait de cet incident avec désinvolture dans les médias. Elle traitait ces bonzes d’avoir abusé de la confiance des États-Unis en utilisant leur pétrole pour se « barbecue-er » (Mme Nhu, 1963). Cette déclaration de Mme Nhu aliéna la population vietnamienne contre Ngô, ce que les États-Unis ne souhaitaient pas; perdre l’appui de la population n’avantageait pas les États-Unis dans leur croisade anti-communiste. Un coup d’État, soupçonné d’être initié par la CIA, avait été organisé contre Ngô, qui fu assassiné le 2 novembre 1963. S’enchaîne alors une série d’autres coups d’État après l’assassinat de Ngô, puis le général Nguyễn Văn Thiệu est élu président à Saigon en 1965. Pendant que Saigon était prise sous les tensions des coups d’État, les mouvements de la FNL continuaient à se renforcer.
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Références
SELLIER, Jean (2001). Atlas des peuples d’Asie méridionale et orientale, Paris, La Découverte, 208 pages.
ISKANDAR, Kara (2010). « La Guerre d’Indochine 1946-1954 », Histoire pour tous, 09 août. [En ligne] URL : http://www.histoire-pour-tous.fr/guerres/3066-la-guerre-dindochine-1946-1954.html (consulté le 12 janvier 2013).
Photos
McNAB, Christ et Andy Wiest (2006). L’histoire de la guerre du Vietnam: une chronique unique, Paris, Chantecler, 256 pages.
Dien Bien Phu: page 19
Accords de Genève: page 18.