Réunification du pays et colonisation par la France
Les luttes incessantes entre les familles Nguyễn et Trịnh causèrent à la longue des insatisfactions chez les paysans. Au Nord sévissait une crise agraire importante. Cependant, c’est ce qui se tramait au sud qui changea la donne une bonne fois pour toutes.
En 1771, à Binh Dinh, dans le sud de Huế, les frères Tây Sơn organisèrent des mouvements de résistance, soutenus par les marchands et les paysans. Les Trịnh avaient chassé les Nguyễn du Huế en 1775 et les Tây Sơn les massacrèrent deux ans plus tard. Seul Nguyễn Anh (photo ci-contre), encore très jeune, réussit à échapper au massacre. En 1786, le leader des Tây Sơn, Nguyễn Huệ, expulsa les Trịnh, prit Huế et Hanoi. Les Trịnh demandèrent l’aide des Chinois pour résister contre Nguyễn Huệ. Nguyễn Huệ battit les Chinois et se proclama empereur sous le nom de Quang Trung.
Pendant ce temps, Nguyễn Anh s’en alla chercher de l’aide auprès de Mgr Pigneau de Béhaine, vicaire apostolique en Cochinchine depuis 1774, pour se venger de Nguyễn Huệ. Avec des officiers français, Nguyễn Anh prend Saigon en 1788, détruisit la flotte des Tây Sơn en 1792, prit Huế en 1801 et finalement conquit Hanoi en 1802. Nguyễn Anh réussit à réunifier le Vietnam.
De 1802 à 1820, il règna sur le Vietnam en tant que empereur Gia Long. Il réorganisa le Vietnam en trois kỳ (régions) : Bắc kỳ, Trung kỳ et Nam kỳ (régions du Nord, du Centre et du Sud). Il restaura la paix civile, fit des grands travaux de construction, dont les digues, et construit la route « Mandarine » du nord au sud. L’administration bureaucratique sous Gia Long se « confucianisa » avec des mandarins à la Cour.
Dès 1820, Minh Mạng succèda à Gia Long. Minh était cependant très influencé par les cultures et valeurs chinoises. Alors que Gia Long ne l’était pas, Minh Mang, lui, était hostile aux « barbares de l’Ouest » (Sellier 2001, p. 81). Son autoritarisme lui a valu que des rébellions éclatent à Saigon. Ces mouvements de rébellion s’allient aux chrétiens. Minh Mạng voit dans les chrétiens des fauteurs de trouble et entreprend leur persécution. En même temps, à cause de la xénophobie de Minh Mạng, les ports de commerce du Vietnam étaient fermés aux étrangers. Le Vietnam se replie sur lui-même. Thiệu Trị (1841-1848) et Tự Đức (1848-1883), successeurs de Minh Mạng, continuent les persécutions.
Pendant ce temps, la France, qui depuis toujours cherche à s’imposer dans la région de l’Asie du Sud-Est (ASE) pour ses richesses, utilisa le prétexte de défendre les chrétiens persécutés pour envahir le Vietnam. Le Vietnam était extrêmement intéressant pour la France, car il donnait accès au littoral de la mer de Chine, stratégiquement bien situé pour accéder à tous les autres ports commerciaux de la région, possédait beaucoup de richesses et de ressources naturelles et, surtout, donnait un accès direct vers la Chine par une frontière commune.
La France visait le Vietnam aussi à cause du fait que les autres pays de la région de l’ASE étaient déjà dominés par d’autres puissances européennes. L’Angleterre, l’Espagne, le Portugal, les Pays-Bas avaient tous des colonies dans l’ASE. Prise de rivalité jalouse, surtout contre l’Angleterre, la France voulait aussi établir un dominion qui soit le sien. Malheureusement pour la France, il ne restait que le Vietnam qui n’était pas encore sous la domination d’une puissance occidentale. La France mit donc cap sur le Vietnam. Encore non colonisé, donc encore « sauvage », « non civilisé » et non moderne, le Vietnam « avait besoin de la France pour l’élever dans la modernité » et il s’agissait d' »un devoir » pour la France de civiliser des pauvres peuples ignares comme l’étaient les Vietnamiens non colonisés.
En 1859, l’armée française s’empara de Saigon. Le Nam kỳ tomba sous la domination française en 1867. En 1863, le Cambodge et le Laos devenaient des protectorats de la France. Ces deux protectorats voyaient dans les Français en moyen de protection contre le Siam (ancien nom de la Thaïlande), qui leur posait toujours des problèmes de territoire.
Tự Đức demanda l’aide des Chinois contre les Français, mais la France réagit et prit Hanoi en 1882. La France imposa à Tự Đức la signature de deux traités, qui mettaient fin à la suzeraineté* chinoise sur le Vietnam et ce dernier devient une colonie française.
En 1885, le jeune roi Hàm Nghi (photo à gauche) se révolta contre l’usurpation française. Les Français le destituèrent et intronisèrent à sa place son frère Đồng Khánh, plus facile à contrôler, moins désobéissant. Avec un empereur qui leur était « ami », les Français mirent en place officiellement la colonisation française de l’Union indochinoise en 1887.
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Références
SELLIER, Jean (2001). Atlas des peuples d’Asie méridionale et orientale, Paris, La Découverte, 208 pages