En 1407, le Vietnam tombe de nouveau sous la domination chinoise. Les Ming instaurèrent de telles politiques d’assimilation et d’exploitation durant leur règne que le peuple ne prit pas de temps à protester et à se rebeller contre l’autorité. Le mouvement le plus important fut celui initié par Lê Lợi et Nguyễn Trãi en 1418. Le premier était un propriétaire foncier, le second un lettré reconnu; à eux deux, ils réussirent à lever des armées suffisantes pour lutter durant dix ans contre l’administration Ming. Après une longue décennie de combats acharnés, ils réussirent enfin à repousser les envahisseurs et à rendre le pays aux Vietnamiens. Le royaume s’est toutefois retrouvé tributaire* de l’Empire chinois; cela était cependant un maigre prix à payer en échange de la liberté au sein du Vietnam.
C’est en 1427 que la dynastie des Lê postérieurs est instaurée (celle des Lê antérieurs avait régné de 980 à 1009). Elle installa sa capitale à Đông Kinh, ancien nom de l’actuelle Hanoi. Cette dynastie se distingua des précédentes par le fait qu’elle poussa la centralisation encore plus loin : la Cour fut réorganisée en six ministères et les mandarins s’occupaient de l’administration provinciale et régionale. L’administration était si présente dans tous les coins du pays qu’en 1467, l’empereur Lê Thánh Tông, qui régna de 1460 à 1479) put faire dessiner la première carte du pays.
Le développement agricole était très important pour la dynastie Lê. Ils remirent rapidement en état les terres agricoles qui avaient été abandonnées pendant les guerres. On instaura des réglementations strictes en ce qui avait trait à l’agriculture pour ainsi améliorer le statut des paysans et s’assurer d’une plus grande équité entre eux. Ces derniers s’en trouvaient stimulés, ce qui se refléta dans la production agricole.
Lê Thánh Tông fut un des souverains les plus remarquables de l’histoire du Vietnam. Philippe Devillers écrit :
« Il réorganisa le système gouvernemental (ministères, conseils, censorat) et administratif, la justice (il promulgua, en 1470, le Code dit « Hồng Đức »), la fiscalité, encouragea les lettres et les arts, mais affirma la primauté absolue du confucianisme, favorisa l’agriculture (en développant notamment le réseau de canaux et de digues) et renforça les structures communales. »
Le Code Hồng Đức comprenait les différents lois et règlements qui avaient pour but de défendre la propriété agraire de l’État. On y comptait un total de 721 articles; il était très complet et demeura en vigueur jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. Cependant, l’harmonie ne régna pas très longtemps dans le pays. Il s’ensuivit rapidement une longue période de troubles internes. De 1428 à 1527, le Vietnam connut prospérité et unification; de 1527 à 1789, le pays fut déchiré entre le nord et le sud, entre le clan Trịnh et le clan Nguyễn.
Les Nguyễn contre les Trịnh
En effet, une suite de souverains incapables provoqua une montée en puissance de factions indépendantes de la monarchie si bien qu’en 1527, un dénommé Mạc Đăng Dung, qui était le chef de l’armée, usurpa le pouvoir et se proclama roi. Cette usurpation du pouvoir fut à l’origine d’une longue période de disputes entre les familles Nguyễn et Trịnh. Alors qu’au fil des ans, la famille Trịnh avait acquis de plus en plus de pouvoir au nord du pays (Tonkin, actuel Hanoi), pendant ce temps, à Hue, la famille des Nguyen s’affirmait de plus en plus, au grand déplaisir de la famille Trịnh. En 1592, les Trịnh s’emparent de Tonkin et mettent un successeur des Lê sur le trône, mais le pouvoir reste dans les mains des seigneurs Trịnh.
Vers le 17e siècle, les relations se brouillèrent entre les Trịnh et les Nguyễn. Les Nguyễn considèrent les Trịnh comme des usurpateurs alors que les Trịnh voient dans les Nguyễn des insoumis. Les deux familles se firent la guerre de 1627 à 1674, mais aucun des côtés ne gagna. Pendant un siècle, soit de 1674 à 1774, les deux partis en convinrent que la rivière Sông Gianh séparerait leurs territoires
Toutefois, ce n’est pas parce qu’ils ne s’attaquaient plus que les Nguyễn restaient inactifs; tandis qu’ils tenaient tête aux Trịnh au nord, ils accélérèrent le Nam tiến vers le sud. En fait, les Nguyễn encourageaient les mouvements de population, qui se déplaçaient vers le sud à la recherche de nouvelles terres pour les loger et les nourrir. En même temps, ces déplacements permettaient aux Nguyễn de réduire la résistance des Cham.
Vers le milieu du 17e siècle, les Nguyễn prennent aussi un bout du territoire du Cambodge. Comme les prétendants au trône de Cambodge se faisaient la guerre, les Nguyễn profitèrent de ces tensions pour se faire céder un bout de territoire. Les Việt s’installèrent à Saigon et, dès le milieu du 18e siècle, le delta du Mékong appartenait aux Nguyễn.
Arrivée des Occidentaux
C’est en 1614 qu’arrivèrent les premiers Jésuites au Vietnam. Ils descendaient de Macao, en Chine. L’Avignonnais Alexandre de Rhodes rencontra Trịnh Tráng, qui régnait au nord, en 1627. Il commença par séjourner chez les Trinh au nord avant de descendre vers le sud chez les Nguyễn. De Rhodes mis au point l’écriture vietnamienne quốc ngữ en lettres latines pour faciliter l’évangélisation l’évangélisation des Vietnamiens. Cette entreprise d’évangélisation connut un succès assez considérable; en effet, à la fin de 1629, soit deux ans après son arrivée au pays, de Rhodes avait déjà baptisé quelque 6700 personnes.
La présence des Jésuites permit aux autorités vietnamiennes de découvrir l’Occident. En même temps, elles étaient récalcitrantes de la présence de ces missionnaires. Elles jugeaient le christianisme comme un danger pour l’ordre établi. C’est vers cette époque du 17e que commencent les persécutions chrétiennes, car l’administration commençait à trouver réellement inquiétant que le christianisme se propage aussi rapidement. En 1750, le nombre de chrétiens atteignit quelque 300 000 âmes
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Sources bibliographiques :
DEVILLERS, Philippe. « Vietnam », Enyclopædia Universalis, [En ligne] URL: http://www.universalis-edu.com/encyclopedie/vietnam (consulté le 12 janvier 2013).
MASSON, André (1960). Histoire du Vietnam, Paris, Presses universitaires de France, pp. 33-37.
LÊ, Thành Khôi (1992). Histoire du Vietnam des origines à 1858, Paris, Sudestasie, pp. 207-289.