Le Courrier du Vietnam (1964) est le premier et le seul quotidien francophone au Vietnam qui est encore publié aujourd’hui[1]. En fait, la première imprimerie au Vietnam est créée à Saigon en 1861 afin d’imprimer les publications de l’administration.
L’influence de la France dans la presse vietnamienne
Puis, les premières revues ont été publiées en français ou en quoc ngu, telles que les Bulletins ou les Annuaires (1863). Ces périodiques sont inspirés des journaux de la France. À partir de 1927, il y a un grand changement dans la presse vietnamienne par plusieurs personnages. Parmi eux, Hoang Tich Chu a rénové le style journalistique. Ainsi, une présentation semblable aux quotidiens français est observable dans les journaux vietnamiens, dont le journal hebdomadaire Dong Tay (1929), qui est rédigé par ce journaliste. Il y a donc un développement dans la presse vietnamienne, et un essor de journaux spécialisés dans plusieurs domaines : les sciences, le commerce, la littérature, la culture, l’éducation, etc. De plus, les actualités font la une des journaux, ce qui est inspiré du journalisme français. Cependant, ce nouveau style n’est pas uniformément accepté par les lecteurs; les jeunes l’approuvent, tandis que les lettrés confucianistes s’y opposent[2].
Les journaux satiriques du Vietnam
Par la suite, un courant satirique fait son apparition pour la première fois dans la presse du Vietnam. En 1932, le journal Phong Hoa est lancé par le journaliste Nhat Linh, avec des dessins humoristiques et des caricatures qui ridiculisent la bureaucratie et les notables. Le public vietnamien est conscient des injustices, de l’inégalité et de l’oppression du colonialisme, alors ces pratiques sont accueillies avec un grand rire[3]. Bien que ce style de rédaction soit connu et accepté en France, c’est un nouveau début au Vietnam. Alors, plusieurs titres célèbres se font connaître, tels que Con Ong (Le Canard, 1938-1939) et Vit Duc (L’Abeille, 1939-1940)[4]. La critique dans ces journaux est superficielle, et ne s’attaque pas directement à la colonisation[5]. Malgré leur popularité, les journaux satiriques n’ont pas une longue publication, car le Gouverneur général a le pouvoir de suspendre leur autorisation. Par la suite, la technique d’impression des journaux vietnamiens s’est de plus en plus développée depuis 1945. En effet, les journaux Tieng doi (l’Écho, 1949-1954) de Saigon et Tia sang (le Rayon Lumineux, 1950-1954) d’Hanoï sont comparables aux journaux français L’Humanité ou Le Monde dans leur forme et présentation. La presse a désormais le rôle d’informer les Vietnamiens, dans le style de la France[6].
L’influence de la France dans la littérature vietnamienne
D’une part, il y a une diversification de la littérature vietnamienne depuis 1932 par l’introduction de nouveaux genres littéraires. Réformée, elle est appelée « Roman Nouveau » et « Poésie Nouvelle ». Cette nouvelle forme de poésie est inspirée de la versification française : il y a une division en strophes, des quatrains et tercets, ainsi qu’une adoption des rimes françaises, dont les rimes suivies, les rimes croisées et les rimes embrassées[7]. La Poésie Nouvelle est une poésie centrée sur l’individu, désirant une liberté individuelle[8]. De plus, le romantisme et le réalisme sont deux courants littéraires qui émergent pour la première fois dans la littérature vietnamienne. Entre les années 1932 à 1937, le romantisme domine la littérature, et de nombreux auteurs vietnamiens, dont Xuan Dieu, The Lu et Han Mac Tu sont influencés par les grands poètes français, tels que Baudelaire, Rimbaud et Verlaine. À partir de 1939, lorsque le Vietnam se retrouve sous le pouvoir de la France et du Japon, le réalisme devient plus populaire. Ainsi, la littérature entre 1940 à 1954 dénonce l’oppression des colonisateurs[9].
Dans ces œuvres réalistes, l’influence des auteurs français qui représentent la réalité quotidienne et les problèmes sociaux, tels que Victor Hugo et Hector Malot, peut être remarquée. En effet, plusieurs auteurs dénoncent les mauvaises conditions sociales, dont Vu Trong Phung, qui a rédigé plusieurs livres en se basant sur des reportages, comme Ky nghe lay Tay (L’industrie du mariage avec les Français, 1934). Alors, les écrivains et les poètes étaient des combattants lors de cette période de résistance pour l’indépendance du Vietnam. La littérature vietnamienne illustre la révolution et l’héroïsme, en glorifiant les militants, les ouvriers et les paysans. Bref, il y a un développement de la littérature vietnamienne par l’influence des poètes et auteurs français durant un demi-siècle, avec l’apparition de nouveaux genres, dont le reportage, les essais, les chroniques, le théâtre, la poésie, la prose, et les romans de genres divers : psychologiques, historiques, sociaux et policiers[10]. Les contes de Nguyen Cong Hoan, Thach Lam et Ho Dzenh, s’inspirant de Maupassant et d’Alphonse Daudet font également partie de cette nouvelle littérature[11].
[1] Le Courrier du Vietnam. 2021.
[2] Le, Thu Hang. 2008.
[3] Ngoc, Phan. 1998.
[4] Le, Thu Hang. 2008.
[5] Ngoc, Phan. 1998.
[6] Le, Thu Hang. 2008.
[7] Le, Thu Hang. 2008.
[8] Ngoc, Phan. 1998.
[9] Le, Thu Hang. 2008.
[10] Le, Thu Hang. 2008.
[11] Ngoc, Phan. 1998.
Bibliographie
Le Courrier du Vietnam. (2021). Qui sommes-nous. Le Courrier du Vietnam. https://lecourrier.vn/quisommesnous.aspx
Le, Thu Hang. (2008). « Le Viêt Nam, un pays francophone atypique : regard sur l’emprise française sur l’évolution littéraire et journalistique au Viêt Nam depuis la première moitié du XXe siècle ». Documents pour l’histoire du français langue étrangère ou seconde, 40/41, 341-350. http://journals.openedition.org/dhfles/498
Ngoc, Phan. (1998). « À la rencontre de deux cultures : l’influence de la littérature française au Viêt-nam ». Aséanie 1, 123-143. https://doi.org/10.3406/asean.1998.1573