Les mutations politiques vietnamiennes, entre équilibre et révolte.

Par Lou Philippe

Dans cet article, nous observerons les différents régimes politiques qui constituent la légitimité du peuple vietnamien et sa volonté d’émancipation. Mais donc, comment les représentations du pouvoir vietnamien influent-elles sur la nation ? Nous observerons cela à travers l’écrit de Pierre-Richard Féray pour les ellipses politiques au Vietnam, puis de Jean-Luc Racine pour évoquer le changement d’inspiration communiste.

Ly Thai To, fondateur de la première dynastie Viet marquante. (©Dang Anh Tuan)

Le Vietnam observe des années 1010 à 1527, l’évolution de plusieurs grandes dynasties qui vont avoir leurs propres influences sur l’ensemble du Vietnam et de leur politique (Féray 2001, 9). Sous la dynastie des Ly, le bouddhisme influe, tant sur les secteurs politiques et culturels que sociaux. La dynastie des Trân quant à elle s’articule plus selon un pouvoir Ly Thai To, fondateur de la première dynastie Viet marquante. Autoritaire, elle est développée en parallèle du courant confucéen et s’ensuit une oppression chinoise des Ming de plus de vingt ans (Féray 2001, 9-12). La dynastie des Lê à son tour marqua principalement par sa définition du Viêt (Féray 2001, 13). La dernière dynastie est celle des Nguyên, qui choisissent de rétablir l’ordre ancien d’inspiration Ming, ce qui opéra une « sinisation » dans la région et une opposition aux colons français (Féray 2001, 16-7). D’après Féray, l’évangélisation du peuple vietnamien se fit en commun accord avec les grandes puissances occidentales contre le commerce d’armes et leur présence sur leur territoire (Féray 2001, 23). Le système colonial s’applique alors en 1887 au Laos, au Cambodge et à l’AnnamTonkin et à pour but de développer l’activité coloniale française à travers un contrôle politique, administratif et militaire (Féray 2001, 26). Féray ajoute que les paysans vietnamiens n’avaient pas réellement conscience d’être légiféré par deseuropéens, étant donné que des Vietnamiens participaient à l’administration pour l’organisation et que l’influence chinoise était préservée dans cette organisation (Féray 2001, 27). Finalement, la domination coloniale française se traduit par deux axes principaux. Un axe économique, puisque la France investit dans la région pour créer une économie de marché et maximiser les rendements (Féray 2001, 34). Et un axe éducatif, soit lié à la politique puisqu’il survient de la volonté d’instruire à l’Occidental pour que les Vietnamiens s’émancipent de la pensée chinoise et se développent dans les champs économiques, politiques et culturels (Féray 2001, 38). Ainsi, Féray appuie sur le caractère décisif de la colonisation française pour la constitution du Vietnam. Elle a appliqué une rupture économique, puisque l’affût des investissements et la participation vietnamienne à l’économie-monde développent des inégalités géographiques et sociales qui donnent lieu aux classes sociales (Féray 2001, 40-1). Les différentes dynasties ont donc consacré le pouvoir des Viêt et la colonisation française développe le sentiment d’une nation vietnamienne. Des regroupements œuvrent pour l’émancipation de la nation, mais c’est la pensée communiste qui rencontre le plus de succès. Ho Chi Minh constitue la figure de proue de cette mobilisation, en se calquant sur le modèle communiste soviétique. Les Japonais prennent possession du Vietnam lors de la Seconde Guerre mondiale avant de mettre fin au régime colonial le 9 mars 1945, ce qui permit à Ho Chi Minh de proclamer l’indépendance du Vietnam le 2 septembre 1945 (Féray 2001, 56). Le pouvoir vietnamien et communiste est alors mis à l’épreuve dans les deux guerres du Vietnam, d’abord de 1945 à 1954, puis de 1955 à 1975.

Le Vietnam impulse donc son indépendance en partie grâce au communisme soviétique, tout en étant très proche de la Chine. Effectivement, la victoire de Mao en 1949 consacre le communisme et constitue ainsi un allié fort du Vietnam (Féray 2001, 77). Lors des grands changements dans la zone et en URSS, le Vietnam commence à se détourner du modèle communiste soviétique et se rapproche de la Chine pour renforcer la diversité de son économie et ses liens avec Pékin. Ce rapprochement est toutefois tempéré par Féray, il explique que la Chine commence à contenir la victoire vietnamienne et à se rapprocher des États-Unis (Féray 2001, 80). Effectivement, la Chine commence à craindre le futur vietnamien, la création d’une nation victorieuse, unifiée et armée par les soviétiques (Féray 2001, 80). La conceptualisation de la sécurité chinoise créa alors une opposition entre la Chine et le Vietnam, encore fort en alliance quelques années plus tôt. Ainsi, l’ingérence des diverses puissances (France, Japon, Chine et États-Unis) façonna le Vietnam à travers différents types de politiques pour constituer la légitimité finale de son gouvernement et de sa nation. Jean-Luc Racine rapporte les propos de Claude Blanchemaison, en expliquant que les relations sino-vietnamiennes sont très délicates dans la zone puisque la Chine voit dans le Vietnam une puissance régionale lors de sa libération de tous jougs (Racine 2015, 74). Cela s’applique dans les divergences des délimitations territoriales, et plus tôt dans l’influence vietnamienne en Asie du Sud-Est qui atténue celle de la Chine (Racine 2015, 74). Aujourd’hui, la Chine demeure le premier partenaire économique du Vietnam, ce qui souligne la préservation de ce dernier pour continuer sa croissance malgré les relations tendues entretenues (Racine 2015, 75).

Bibliographie :

Féray, Pierre-Richard. Le Viêt-Nam (des origines lointaines à nos jours). Paris : Presses Universitaires de France, 2001.

Melchior. « Economie-monde ». https://www.melchior.fr/notion/economiemonde#:~:text=D%C3%A9finition%20%3A,%2C%20XV%C3%A8me%2DXVIII%C3%A8me%20si%C3%A8cles.

Mùa Xuân. « Ly Thai To (Dynastie des Ly postérieurs) », 10 février, 2021, https://www.vietnammonpaysnatal.fr/ly-thai-to-dynastie-des-ly/.

Racine, Jean-Luc. « Le Viêt Nam et le grand tournant post-1989: témoignage ». Hérodote 2, 157 (2015) : 72-81.

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