La crise humanitaire sur les Rohingyas en Birmanie et les solutions sur leurs droits actuels

Par Nicolas Tetaz

Depuis plusieurs dizaines d’années, la Thaïlande ainsi que l’Inde et la Malaisie sont des destinations privilégiées des individus méprisés par leur société. C’est le cas, par exemple, des populations vivant des difficultés qui viennent pour la grande majorité des régions de la Birmanie. (Robinne, 2023). La Birmanie actuelle est en proie à une dictature qui fait pression sur la société depuis le coup d’État militaire du 1er février 2021. Se caractérisant par un contexte de drames sur une population, le peuple ethnique musulmane, les Rohingyas sont un peuple discriminé et persécuté par un génocide en Birmanie depuis 1970 jusqu’au 21e siècle.

La violence faite contre les Rohingyas

Il existe une discrimination systémique pour deux raisons concernant les Rohingyas. D’un côté, car ils ne sont pas Birmans par leurs origines. D’un autre côté, car ils sont musulmans. C’est un peuple indo-aryen installé dans la région de la Bengalie et de l’Arakan autour du Ve siècle. Ce peuple ne fut plus protégé par le royaume arakanais, par la conquête du royaume birman. Sophie Boisseau du Rocher démontre que l’origine du problème de la discrimination de la Birmanie dans l’extrait suivant : « Pendant la Première Guerre entre le Raj et le royaume de Birmanie (1824-1826), l’armée coloniale utilise les Arakanais — et parmi eux des musulmans — comme supplétifs pour renforcer ses rangs : dès lors, ceux-ci sont considérés comme des traîtres par les nationalistes birmans. » (Boisseau Du Rocher, 2018). Les Rohingyas sont donc victimes d’une double discrimination ne faisant pas partie du peuple officiel de la Birmanie et comme pratiquant musulmans. Ils subissent des moments auxquels ils commencent à ne pas se faire accepter, puis rejeter par les Arakanais bouddhistes, de même pour les Birmans.

L’équipe de HI rentre dans le camp de réfugiés de Kutupalong au Bangladesh. (©HI)

Les droits des Rohingyas par l’autodétermination

Le droit des ethnies à l’autodétermination, c’est le droit qu’ont ces ethnies à s’ordonner par eux-mêmes. La formulation retenue dans tous les documents internationaux de la définition de l’autodétermination affirme qu’une communauté a le droit de se développer économiquement, socialement et culturellement, ainsi que le droit qu’il a de déterminer son statut politique. On décrira cela comme de l’autodétermination interne lorsqu’un peuple fait cela à l’intérieur d’un État. (Seymour, 2022). Quant à l’autodétermination externe, elle se définit par les droits économiques, sociaux et culturels d’un point de vue international. Selon l’article de Michel Seymour, un peuple qui a déclaré sa souveraineté doit être reconnu par les autres États, car même si cela n’est pas obligatoire pour obtenir ses droits, cela est primordial à l’exercice des privilèges d’un État souverain. (Seymour, 2022). Concernant le peuple des Rohingyas, l’autodétermination ne peut se faire due à la dictature birmane contre cette communauté. En effet, pour les Rohingyas, il n’est plus question de privilèges, mais de droits fondamentaux pour un peuple, mais aussi de droits en tant qu’être humain.

Expatriation des Rohingyas

Après l’exode d’une partie de la minorité musulmane de la Birmanie en 2017, un discours important du Haut-Commissaire des Nations Unies des droits de l’homme a suivi face aux persécutions de ce peuple, qui a été visible, est connu internationalement par les autres États :

 « Lorsque le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Zeid Ra’ad al-Hussein, qualifie ainsi la situation des Rohingyas le 11 septembre 2017, plus de 300 000 d’entre eux viennent de franchir la frontière du Bangladesh en l’espace de trois semaines. […] Ce troisième exode d’importance — après ceux de 1978 et du début des années 1990 — attira l’attention du monde entier sur le sort de cette minorité musulmane persécutée.» (Debomy, Frédéric. 2018)

D’après l’article de Frédéric Debomy, Aung San Suu Kyi, fille du principal fondateur de la nation birmane, qui avait obtenu le prix Nobel de la paix par sa ténacité devant la tyrannie militaire. (Debomy, 2018). Cependant, son silence quant à la discrimination répétée par les Rohingyas avait fait douter ceux qui avaient vu une impeccable figure de militante des droits de l’homme, mais aussi plusieurs qui avaient déjà une moins bonne opinion débutée la critiquent.

Les solutions devant la crise en Birmanie

Dans une réunion-débat le 21 juin 2023, l’ONU affirme qu’il n’y a pas de solution sur le long terme quant aux difficultés des droits de l’homme des réfugiés rohingyas musulmans et des autres minorités du pays concernant leur statut légal, leurs droits d’accès au système de santé, ainsi que des moyens pour empêcher la discrimination et la violence faite à ces individus. Le haut-commissaire adjoint des Nations Unies des droits de l’homme affirme les difficultés, mais aussi des mesures qui devraient être prisent pour arriver à des solutions durables :

 « Mme Nada Al-Nashif, Haut-Commissaire adjointe des Nations Unies aux droits de l’homme, a affirmé que pour parvenir à un avenir inclusif au Myanmar, les autorités devaient garantir un système politique pleinement démocratique, représentatif et responsable, abroger toutes les lois discriminatoires, engager un dialogue inclusif et constructif en vue de la réconciliation nationale et mettre en œuvre des mesures qui garantissent le respect et la protection des droits de l’homme et de la dignité de chaque personne sans discrimination.» (Conseil des droits de l’homme : ONU. 2023)

Des pêcheurs locaux aident les demandeurs d’asile rohingyas à leur arrivée dans le nord d’Aceh, en Indonésie, le 25 juin 2020. (©2020 / AP Photo)

Ainsi, les réfugiés rohingyas au Bangladesh et dans d’autres pays ne peuvent être aidés malgré les difficultés qu’ils vivent dans les camps de réfugiés. Des mesures de rapatriement ont été discutées, malgré l’enjeu de sécurité de ce peuple en Birmanie. Il y a ainsi une ambivalence concernant le rapatriement des Rohingyas qui démontre qu’il faut découvrir de nouvelles façons de venir en aide aux réfugiés en leur offrant une forme de stabilité grâce à l’accès aux emplois, à la santé et à l’éducation. Malgré tous, il y a quelques progrès concernant la crise, puisqu’il y a eu des mesures positives concernant les Rohingyas, particulièrement pour l’inclusion dans les processus de décision et dans les bureaux des ministères. Mme Chris Lewa, fondatrice de l’organisation Arakan Project, a pour sa part jugé l’insistance à accélérer le rapatriement des Rohingyas qui inquiète étant donné que les exigences d’un retour volontaire dans la sûreté et la dignité ne sont pas assemblées. Elle affirme ainsi qu’il faut affirmer davantage les droits de ce peuple par l’action des mots : « Il faut que les autorités s’engagent directement avec les communautés de réfugiés et la société civile. Il faut passer des mots à l’action, notamment en ce qui concerne la loi de la nationalité, a plaidé Mme Lewa. » (Conseil des droits de l’homme : ONU. 2023).

D’après l’expertise de plusieurs, l’ONU et l’Union européenne sont les seules à pouvoir essayer d’améliorer le sort des camps de réfugiés rohingyas, en exerçant une pression sur Naypidaw, la capitale de la Birmanie et au rôle d’aider les réfugiés économiquement étant donné l’ASEAN et les pays membres dont les pays voisins de la Birmanie dont la cohésion est affaiblie par ce sujet, mais auquel Mahathir, premier ministre de la Malaisie affirme le besoin de non-ingérence des États pour leur indépendance, mais que cela devrait être en désaccord si un État veut l’indépendance par un génocide. (Boisseau du Rocher, 2018)

Conclusion

Pour finir, les conditions ne sont pas encore réunies pour la stabilité des peuples discriminés et le rapatriement des réfugiés des États voisins auxquels leurs droits ne sont pas réellement reconnus par manque d’efforts de la part du gouvernement de la Birmanie. Dans cette problématique, c’est donc l’Asean qui joue sur un plan d’influence majeure et directe. Malgré l’enracinement de la haine musulmane en Birmanie, certaines mesures ont quand même été prises pour aider contre la détention des personnes discriminées dans l’État, mais aussi contre la livraison d’armes dans l’État qui pourraient encore causer de la violence.

Bibliographie

Boisseau du Rocher, Sophie. 2018. « Rohingya : une sortie de crise est-elle possible ? », Politique étrangère, vol., no. 4, p. 117-132. https://www.cairn.info/revue-politique-etrangere-2018-4-page-117.htm

Conseil des droits de l’homme. 2023. « Des retours durables des réfugiés rohingya sont impossibles tant que les droits humains, les libertés et la sécurité de la communauté rohingya ne seront pas garantis au Myanmar, est-il affirmé devant le Conseil des droits de l’homme ». Nations-Unies. Des retours durables des réfugiés rohingya sont impossibles tant que les droits humains, les libertés et la sécurité de la communauté rohingya ne seront pas garantis au Myanmar, est-il affirmé devant le Conseil des droits de l’homme | OHCHR

Debomy, Frédéric. 2018. « Controverses autour d’Aung San Suu Kyi et de la situation des Rohingyas », Les Temps Modernes, vol. 698, no. 2, p. 90-114. https://www.cairn.info/revue-les-temps-modernes-2018-2-page-90.htm?contenu=article

Humanité et Inclusion. L’équipe de HI Rentre Dans Le Camp de Réfugiés de Kutupalong Au Bangladesh. Août 2017. https://www.hi-canada.org/fr/actualites/pres-d-un-million-de-refugies-rohingyas-au-bangladesh- (Accédé le 16 septembre 2024)

Human Rights Watch. Local fishermen help Rohingya asylum seekers as they arrive in North Aceh, Indonesia, June 25, 2020. https://www.hrw.org/news/2020/06/26/asean-overhaul-regional-response-rohingya-crisis (Accédé le 16 septembre 2024)

Robinne, François. 2023. « De l’autre côté de la frontière : quelles formes de socialisation dans un contexte de désocialisation totalitaire ? ». Anthropologie et Sociétés 47, no 3 : 17–44. https://doi.org/10.7202/1110599ar

Rancourt, Jean-François. 2018. « Les Rohingyas : portrait d’une minorité persécutée ». Relations no 795 : 35–37. https://www.erudit.org/fr/revues/rel/2018-n795-rel03467/87800ac/

Seymour, Michel. 2022. « L’autodétermination interne et externe des peuples », Revue québécoise de droit international/Quebec Journal of International Law/Revista quebequense de derecho internacional. p.167–178. https://www.erudit.org/en/journals/rqdi/2022-rqdi06890/1087963ar/

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