Relations bilatérales Canada-Singapour

Par Juliette Klein

Drapeaux nationaux de Singapour et du Canada

Cet article présentera les relations politiques et économiques du Canada et de Singapour, en se penchant sur les moyens mis en place pour supporter ces échanges. Ces derniers permettent de renforcer les liens économiques, de favoriser la collaboration et de stimuler le développement mutuel entre les deux pays, tout en renforçant les liens avec l’Asie du Sud-Est.

Informations générales

L’établissement de liens diplomatiques entre le Canada et Singapour remonte à 1965, date de l’accès à l’indépendance de ce dernier (Gouvernement du Canada 2023). Singapour compte un consulat général à Toronto, et le Canada possède un haut-commissariat à Singapour. De plus, les deux pays ont plusieurs accords en commun, tels que le Partenariat Trans-Pacifique Global et Progressiste (PTPGP), l’APEC ou encore le Conseil de l’Arctique, au sein duquel Singapour est un État observateur depuis 2013. Si la cité-État s’intéresse à ce forum tourné vers le développement durable de la région polaire, c’est en partie parce que la montée des eaux due au réchauffement climatique menace son territoire insulaire (Observatoire de l’Arctique 2016). Mais l’intérêt pétrolier lié à la circonscription est aussi un enjeu important : le savoir-faire en matière de construction de plateformes pétrolières est un point fort de l’industrie singapourienne, et le plateau arctique est riche en ressources naturelles, offrant des opportunités économiques intéressantes dans le domaine (Mottet 2015, 68). La position géographique de Singapour, frontalier du détroit de Malacca, en fait un carrefour maritime capital et un partenaire de choix notamment pour le raffinage pétrolier (Mottet 2015, 69). Ces données permettent de comprendre pourquoi l’exportation canadienne vers Singapour la plus élevée en 2017 était le pétrole raffiné, qui constituait pas moins de 35,2 % de la valeur totale des exportations à cette période avec les turbines à gaz, soit environ 101,7 millions de dollars (Richards 2018, 3).

(©Gouvernement du Canada)

Difficultés et mesures d’adaptation

Le Canada et Singapour entretiennent de solides relations politiques. On le voit par exemple à l’instauration du Centre Canada-ANASE basé à Singapour depuis 1989, ou par le Conseil d’affaires Canada-ANASE aussi établi à Singapour en 2012 par des entreprises du secteur privé pour promouvoir les relations commerciales entre le Canada et l’ANASE. Pour mieux comprendre la dynamique Canada – Singapour, il faut se pencher sur celle avec l’ANASE en général, Singapour y étant fortement impliqué. Le Canada a mis plus de temps à s’intéresser à l’Asie du Sud-Est qu’à d’autres territoires asiatiques émergents rapidement dans l’économie mondiale comme le Japon ou la Corée du Sud (Stubbs et Williams 2009, 927). Pour cette raison, certaines difficultés apparaissent dans les relations commerciales avec l’ANASE. En ce qui concerne Singapour, l’un des écueils est que ce pays est peu familier pour les investisseurs canadiens, ce qui rend la vision des débouchés commerciaux possibles imprécise (Eyking 2018, 3). De plus, la rencontre de partenaires appropriés pour faire des affaires dans le pays est complexe, et la création de relations commerciales solides prend un temps assez long (Eyking 2018, 3). Enfin, à cause de ce délai dans l’intérêt porté à la région, le Canada n’a pas conclu d’Accord de Libre Échange (ALE) avec Singapour. L’ALE est un traité signé pour faciliter les échanges commerciaux, par exemple en réduisant les taxes d’import-export ; l’absence de ce genre d’entente entre deux pays a tendance à ralentir leur commerce bilatéral. Les entreprises canadiennes sont donc en retrait par rapport à leurs concurrents opérant en Asie du Sud-Est (Eyking 2018, 3).

Le Centre Canada-ANASE a conscience de ces difficultés et cherche à mettre en place des solutions appropriées pour consolider l’engagement canadien en Asie du Sud-Est. Ainsi, pour faire connaître Singapour aux entreprises et investisseurs canadiens, une chaire invitée a été mise en place entre trois grandes universités canadiennes, avec des titulaires de différents pays d’Asie du Sud-Est (Bentley 2023, 213). Une bourse universitaire pour les étudiants canadiens a aussi été mise en place à l’Institut d’études sur l’Asie du Sud-Est à Singapour (Bentley 2023, 213). Ces mesures montrent l’implication canadienne dans l’éducation et le développement universitaire au sein du monde entier. Ces éléments sont bien représentatifs des relations Canada-Singapour : en effet, les objectifs du Canada envers la région, à savoir la prospérité mutuelle et la stabilité de l’union des deux pays, sont mis en valeur par ces procédés. Enfin, pour rattraper l’écart de confiance que le retard d’engagement du Canada dans la région a causé, des projets de soutien financier sont en cours d’étude. En effet, pour que le Canada soit considéré comme un partenaire fiable dans la région, il devrait être capable d’assurer un soutien financier à long terme, « adapté aux priorités émergentes locales, durable et basé sur le bénéfice mutuel », et ce durant au moins une décennie [traduction libre] (Bentley 2023, 215). Le Canada a donc d’intéressantes opportunités pour améliorer ses relations avec Singapour, mais elles seront bénéfiques à condition qu’il s’engage pleinement et se démarque grâce à ses qualités tout en apportant des avantages spécifiques au secteur.

Conclusion

Finalement, les relations Canada – Singapour sont marquées par des intérêts économiques et politiques communs et semblent destinées à évoluer à mesure que l’influence commerciale de Singapour et de l’ANASE sur la scène mondiale augmente.

Bibliographie :

Bentley, Julia G. 2023. « Rethinking Canada’s Engagement in Southeast Asia: Lessons from the Canada-Asean Centre ». Canadian Foreign Policy Journal 29 (2): 211–16. https://doi.org/10.1080/11926422.2023.2227291

Eyking, Mark 2018. Accroître les échanges commerciaux et les investissements avec certains pays de l’Asie Pacifique : Rapport Sur Une Mission D’étude À Singapour, En Malaisie et en Thaïlande : rapport du comité permanent du commerce international. Ottawa : Chambre des communes. https://publications.gc.ca/collections/collection_2018/parl/xc75-1/XC75-1-1-421-11-fra.pdf

Gouvernement du Canada. 2023. « Relations Canada-Singapour ». Gouvernement du Canada. https://www.international.gc.ca/country-pays/singapore-singapour/relations.aspx?lang=fra

Mottet, Éric. 2015. « Singapour et L’Arctique : entre opportunité économique et rivalité commerciale et maritime ». Monde Chinois 43 (3): 68–68. https://doi.org/10.3917/mochi.043.0068

Observatoire de l’Arctique. 2016. « Singapour ». Observatoire de l’Arctique. 5 Octobre 2016. https://www.observatoire-arctique.fr/analyses-regionales/autres-pays-et-integrations-regionales/singapour/singapour/

Richards, Simon. Bibliothèque du Parlement. 2018. Canada-Singapour : Profil de Singapour. Commerce et Investissement, Publication No 2018-595-F. Ottawa: Bibliothèque du Parlement. https://publications.gc.ca/collections/collection_2020/bdp-lop/ti/YM32-7-2018-595-fra.pdf

Stubbs, Richard, et Mark S. Williams. 2009. « The Poor Cousin? : Canada-ASEAN Relations ». International Journal 64, no. 4 : 927–39. http://www.jstor.org/stable/40542166

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