Par Cassandra Bélanger
Les premiers échanges entre la Thaïlande et les États-Unis remontent aussi loin qu’au 19e siècle, alors qu’un navire américain visite la Thaïlande en 1818 (Duke 1982). Dès 1833, un traité d’amitié et de commerce est signé entre les deux pays, marquant le début de leur coopération et d’une amitié commune (Siam 1833). C’est en 1954 que la Thaïlande et les États-Unis deviennent de réels alliés avec un traité signé en 1954 (Chanlett-Avery 2010, 1). Depuis, les relations entre ces deux pays sont considérées comme étant fortes, malgré certains désaccords au sujet de coups d’État menés par l’armée thaïlandaise, notamment celui de 2006 et celui de 2014, et au sujet de combats qui ont lieu dans le sud du pays. Dans ce qui suit, il sera question des relations économiques et des relations militaires entre ces deux États.
Relations économiques
Comme mentionné plus tôt, les États-Unis et la Thaïlande ont une longue histoire de partenariat commercial et d’accord économique, l’accord le plus ancien datant de 1833. De nos jours, les États-Unis sont le troisième plus gros partenaire en matière d’échanges économiques de la Thaïlande (Chanlett-Avery 2018, 2). La Thaïlande compte énormément sur les investissements et les échanges avec les États-Unis. Effectivement, les États-Unis sont un élément clé dans la stratégie économique thaïlandaise, celle-ci essayant de s’axer sur l’économie mondiale, et non une économie plus locale (Chanlett-Avery 2010, 15). Malgré cette stratégie économique et l’importance des États-Unis pour l’économie thaïlandaise, le gouvernement militaire qui avait pris la tête du pays en 2006 avait mis en place de nouvelles régulations et politiques économiques. Ces dernières visaient à imposer le contrôle de devises aux compagnies étrangères (Chanlett-Avery 2010, 15). Ces mesures ont été grandement dénoncées par les principaux investisseurs internationaux qui financent et investissent dans l’économie thaïlandaise, notamment les États-Unis, la Chine et le Japon. Voyant que ces nouvelles mesures ne faisaient pas l’unanimité dans la communauté internationale, le gouvernement militaire thaïlandais a adouci les politiques et les contrôles de devises, diminuant le mécontentement des compagnies et des pays concernés (Chanlett-Avery 2010, 15).
Les États-Unis et la Thaïlande ont annoncé en 2003 leur désir commun de parvenir à un accord de libre-échange (FTA) (Chanlett-Avery 2010, 16). En 2007, après 4 ans de discussions et de négociations pour arriver à un accord, les États-Unis mettent un frein au projet de FTA. En effet, durant le mois de septembre 2006, l’armée thaïlandaise a effectué un coup d’État pour destituer le gouvernement de Thaskin (Chanlett-Avery 2010, 16). Désapprouvant les méthodes de l’armée thaïlandaise, l’administration Bush a décidé d’arrêter complètement les négociations pour le FTA (Chanlett-Avery 2010, 16). Du côté de la Thaïlande, cette dernière ne s’est pas arrêtée à passer des accords de libre-échange avec d’autres pays après l’échec avec les États-Unis. Effectivement, de nombreux FTA ont été passés avec d’autres puissances économiques, comme la Chine, le Japon, l’Inde et l’Australie (Chanlett-Avery 2010, 16). En passant de tels accords, le gouvernement thaï s’assure un apport et un export constant de marchandises à des frais nettement plus avantageux.
Relations militaires
Les relations militaires entre les États-Unis et la Thaïlande sont ancrées profondément dans leur relation. En effet, la Thaïlande est un allié important pour la présence des États-Unis dans la région sud-est asiatique. L’un des points qui expliquent l’importance de la Thaïlande aux yeux des autorités américaines est l’accès aux infrastructures militaires que le gouvernement thaïlandais donne aux unités américaines (Chanlett-Avery 2018, 2). Ces accès ont prouvé être importants pour les Américains par la position stratégique qu’ils donnaient lors des guerres en Iraq et en Afghanistan. Les infrastructures thaïlandaises sont bien situées pour le ravitaillement rapide des avions et des unités au sol et permettent d’établir des arrières postes stratégiques en cas d’urgence (Chanlett-Avery 2018, 2). Les alliances militaires entre ces deux pays étaient également axées vers la lutte contre les réseaux terroristes internationaux et les réseaux de drogues clandestins, des enjeux qui sont très importants aux yeux des deux États (Chanlett-Avery 2018, 2). Toutefois, les deux coups d’État qui sont survenus en Thaïlande en 2006 et en 2014 ne sont pas survenus sans sanctions de la part des États-Unis. En effet, les États-Unis, conformément à leur politique étrangère, ont décidé de suspendre plusieurs programmes militaires auxquels les formes armées thaïlandaises avaient accès. Dans ces programmes, il est possible d’y retrouver la suspension de certains financements militaires, des programmes d’entrainement militaire spécialisés, des programmes d’opérations pour la paix et des fonds pour des opérations antiterroristes (Chanlett-Avery 2010, 9).
En conclusion, il est possible de constater que la relation entre les États-Unis et la Thaïlande est somme toute positive et entraine des retombées économiques et militaires pour les deux parties. Par contre, les agissements de l’armée thaïlandaise ne sont pas jugés comme étant démocratiques par les États-Unis, posant donc un problème de valeurs conflictuelles entre les deux pays. Tant que les forces armées thaïlandaises vont continuer de renverser le gouvernement thaï et, ensuite, d’imposer un régime militarisé sur le pays, il est très peu probable que ces deux vieux alliés arrivent à un quelconque accord de libre-échange dans le futur.
Bibliographie
Chanlett-Avery, Emma. 2010. Thailand: Background and U.S. Relations. Washington D.C. : Congressional Research Service. https://apps.dtic.mil/dtic/tr/fulltext/u2/a524082.pdf.
Chanlett-Avery, Emma. 2018. Thailand: Background and U.S. Relations. Washington D.C. : Congressional Research Service.
Duke, Pensri. 1982. « Historical Perspective: 1833-1940 ». Dans A Century and a Half of Thai-American Relations. Sous la direction de Wigwat Mungkandi & William Warren. Bangkok : Chulalongkorn Press.
Siam. 1833. Convention of Amity and Commerce. Mis à jour en 1856. Siam.