Rodrigo Duterte, un président controversé

Par India Deblois

Rodrigo Duterte, qui est-il vraiment ?

Figure 1: Le président Rodrigo Duterte Source : Reuters

Dans l’histoire, il y a eu plusieurs chefs d’État célèbres pour leur personnalité controversée dont Lénine, Kim Il-Sung, Donald Trump, etc. Aux Philippines, le président actuel Rodrigo Duterte, fait partie de ces nombreux hommes de pouvoir à être reconnu, adoré ou exécré par la population. Ce personnage est connu pour ses mesures radicales et son franc-parler. Pendant son mandat, il n’hésite pas à insulter Barack Obama et le pape François de « Fils de pute ». Lors de certains de ces discours, il émet des opinions positives sur le viol des femmes et se vante lui-même d’avoir plusieurs maîtresses.[1] La campagne de Duterte pour la présidence était centralisée sur l’élimination de la drogue aux Philippines, celui-ci n’hésitant pas à encourager la population à tuer tout personnes liées avec le commerce de drogue. Lors d’un discours, Duterte se compare à Hitler, en comparant le nombre de juifs tués avec les 3 millions de trafiquants qu’il souhaite tuer.[2] Depuis qu’il est devenu le 16e président des Philippines, il y aurait eu plus 7000 morts liés avec les toxicomanes suite à son élection.[3] Ces toxicomanes n’ont pas le droit à de réels procès : ils sont tués par la police directement dans les rues. Rodrigo Duterte a révélé lors d’une entrevue qu’il avait lui aussi déjà tué des gens lors de sa jeunesse, et encore à ce jour il affirme fermement qu’il souhaite tuer le plus de criminels. Plusieurs organismes se sont opposés à ses discours et ont protesté, mais Duterte a répondu aux critiques en menaçant de quitter l’ONU. [4] Pour plusieurs experts, les politiques de Rodrigo Duterte se rapprocheraient d’un populisme autoritaire, qui devient de plus en plus commun dans le monde.[5] Ainsi, le caractère excentrique pousse les dirigeants des pays à être préoccupé par les actions du président des Philippines.

Un culte de la personnalité ?

Figure 2: Rodrigo Duterte est aimé par plusieurs Philippins. Source: AFP

Bien que le président des Philippines crée des questionnements et la polémique dans le reste du monde, il est aux Philippines considéré par plusieurs comme un héros. Plusieurs Philippins de la classe ouvrière se retrouvent dans sa manière de voir les choses et de sa personnalité.[6] Plusieurs personnes ont voté pour Duterte et acclament sa transparence, contrairement aux précédents présidents accusés de corruption.[7] Lors des élections, Duterte a remporté avec plus 38,6% des votes, contre son adversaire qui était à 23,45 %.[8] Avant son élection à la présidence, la drogue était grandement implantée aux Philippines. Duterte a été maire de la grande ville de Davao, et grâce à lui, la ville est passé de la plus dangereuse à la ville la plus sûre des Philippines. En connaissance des exploits de l’ancien maire de Davao, les Philippins sont rassurés de savoir qu’il existent de stricts mesures anti-drogue dans le pays contrôlé par Duterte. Cependant, ce régime autoritaire amène plusieurs victimes innocentes, dont des enfants, à être tué. Ces enfants sont tué injustement et sans que des actions légales et que des procès aient lieu.  Selon l’avis du président, ces victimes sont des « dommages collatéraux » de l’anéantissement du commerce de la drogue aux Philippines. Certains étudiants ou proche des familles endeuillées manifestent contre ces mesures draconiennes pour obtenir le droit de recevoir des vrais procès et la fin de cette ère sanglante.[9] Pour anéantir la drogue aux Philippines, le président est prêt à tous et cela bien qu’il ait plusieurs morts d’innocents. Le territoire des Philippines est en plein milieu de véritable carnage sanglant.

 

Des relations internationales préoccupantes.

 

À l’international, ce n’est pas juste les insultes et les propos déplacés du président qui font polémique, mais bien ses relations diplomatiques fragiles avec les autres pays tel que la Chine et les États-Unis. En effet, Duterte critique férocement toutes puissances qui essayent d’entrer dans les affaires des Philippines. Lorsque Duterte a mis des propos contre les droits humains, les États-Unis ont cherché à maintenir la paix et à se rendre aux Philippines pour calmer le président. Rodrigo Duterte a alors déclaré vouloir prendre ses distances avec le colonisateur américain et que ceux-ci avaient assez profité des Philippines. Pour ce faire, les États-Unis ont bloqué un contrat de plus de 26 mille fusils vendus à la police des Philippines. Cet affront amena le président à faire des pourparlers avec la Russie pour s’approvisionner en armes.[10] Bien que les États-Unis cherchent encore à d’être le médiateur entre ces deux pays, le président des Philippines a lui-même établi des négociations directes avec le pays du milieu. La Chine et les Philippines font beaucoup de pourparlers pour la répartition des îles Spratly, qui est revendiquée par chacun. Ces îles détient une source importante de pétrole et sont situées dans le couloir maritime le plus côtoyer au monde.[11] Lors de la course pour la présidence, Rodrigo Duterte a déclaré dans une conférence de presse qu’il se rendrait lui-même sur les îles en question et planterait le drapeau philippin.[12] Duterte n’a pas froid aux yeux et est prêt à couper les ponts avec les anciennes amitiés des Philippines, ce qui est alors inquiétant face à l’approche de conflits entre puissance mondiale.

 

Référence: 

[1]Curato, Nicole et Jonathan Corpus. 2018. « « Who Laughs at a Rape Joke? Illiberal Responsiveness in Rodrigo Duterte’s Philippines” », Ethical Responsiveness and the Politics of Difference (65): p. 2.

[2] AGENCE FRANCE-PRESSE. 2016. « Guerre contre la drogue : le Philippin Duterte dresse un parallèle avec Hitler », Le soleil, https://www.lesoleil.com/actualite/monde/guerre-contre-la-drogue-le-philippin-duterte-dresse-un-parallele-avec-hitler-b0307e153fee1034ca0c8eb26fbe3d14

[3] HUMAN RIGHTS WATCH. 2017, « License to Kill: Philippine Police Killings in Duterte’s “War on Drugs” », Human Rights Watchhttps://www.hrw.org/report/2017/03/02/license-kill/philippine-police-killings-dutertes-war-drugs

[4] Jean-Noël, Sanchez. « Un an après l’entrée en fonction de Rodrigo Duterte : la révolution des relations diplomatiques entre les Philippines et les États-Unis », « savoir/ agir », 2017/3 Nº41 : p.84.

[5] Cleve V., Arguelles. 2019. « “We are Rodrigo Duterte”: Dimensions of the Philippine Populist Publics’ Vote. » Asian Politics & Policy 11 (3) :417-437.

[6] Rachel, Obordo. 2016. « He’s vulgar- but honest’: Filipinos on Duterte’s first 100 days in office », The Guardian, https://www.theguardian.com/world/2016/oct/08/rodrigo-duterte-first-100-days-philippines-president

[7]Cleve V., Arguelles. 2019. « “We are Rodrigo Duterte”: Dimensions of the Philippine Populist Publics’ Vote. » Asian Politics & Policy 11 (3) :417-437.

[8]Jean-Noël, Sanchez. « Avis de tempête démocratique : Rodrigo Duterte, nouveau président des Philippines », « Raison présente », 2016/3 Nº199 : p.116

[9]AFP. 2017. « Philippines : les funérailles d’un adolescent tournent en vaste manifestation contre Duterte », libération, https://www.liberation.fr/planete/2017/08/26/philippines-les-funerailles-d-un-adolescent-tournent-en-vaste-manifestation-contre-duterte_1592153/

[10] Jean-Noël, Sanchez. « Un an après l’entrée en fonction de Rodrigo Duterte : la révolution des relations diplomatiques entre les Philippines et les États-Unis », « savoir/ agir », 2017/3 Nº41 : p.86.

[11]Ibid. p.85.

[12]Ibid. p.84.

 

 

Bibliographie : 

 

AFP. 2017. « Philippines : les funérailles d’un adolescent tournent en vaste manifestation contre Duterte », libération, https://www.liberation.fr/planete/2017/08/26/philippines-les-funerailles-d-un-adolescent-tournent-en-vaste-manifestation-contre-duterte_1592153/

AGENCE FRANCE-PRESSE. 2016. « Guerre contre la drogue : le Philippin Duterte dresse un parallèle avec Hitler », Le soleil, https://www.lesoleil.com/actualite/monde/guerre-contre-la-drogue-le-philippin-duterte-dresse-un-parallele-avec-hitler-b0307e153fee1034ca0c8eb26fbe3d14

Arguelles, Cleve V. 2019. « “We are Rodrigo Duterte”: Dimensions of the Philippine Populist Publics’ Vote. » Asian Politics & Policy 11 (3) :417-437.

Curato, Nicole et Jonathan Corpus. 2018. « « Who Laughs at a Rape Joke? Illiberal Responsiveness in Rodrigo Duterte’s Philippines” », Ethical Responsiveness and the Politics of Difference (65): 1-13.

HUMAN RIGHTS WATCH. 2017, « License to Kill: Philippine Police Killings in Duterte’s “War on Drugs” », Human Rights Watch,  https://www.hrw.org/report/2017/03/02/license-kill/philippine-police-killings-dutertes-war-drugs

Obordo, Rachel. 2016. « He’s vulgar- but honest’ : Filipinos on Duterte’s first 100 days in office », The Guardian, https://www.theguardian.com/world/2016/oct/08/rodrigo-duterte-first-100-days-philippines-president

Sanchez, Jean-Noël. « Avis de tempête démocratique : Rodrigo Duterte, nouveau président des Philippines », « Raison présente », 2016/3 Nº199 :109-118. 

Sanchez, Jean-Noël. « Un an après l’entrée en fonction de Rodrigo Duterte : la révolution des relations diplomatiques entre les Philippines et les États-Unis », « savoir/ agir », 2017/3 Nº41 :  83-91.

The New York Times. 2017. President Rodrigo Duterte’s Blunt Talk. The New York Times, 3:22:00. https://www.youtube.com/watch?v=fV865py2cFY

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