Par India Deblois
Le commerce d’animaux illégal en Asie
Lorsqu’il est question de commerce illégal en Asie, la plupart auront en tête le commerce des armes, des stupéfiants et d’être humains, alors que le trafic d’animaux s’avère être des plus présents et lucratifs. En effet, ce commerce qui passe souvent sous silence, est à la deuxième place pour ce qui est du marché noir dans le monde, derrière le trafic des stupéfiants. Le trafic d’animaux, pour la majorité exotique, est estimé à environ 19 milliards de dollars chaque année. Le trafic d’animaux se définit par « Tout crime environnemental qui implique le commerce, la contrebande, la capture, la collecte ou le braconnage illégaux d’espèces menacées, d’espèces sauvages protégés et de dérivés ou de produits de ces espèces ».[1]Les demandes pour les animaux et leur attribut proviennent de différents groupes de personnes. Depuis quelque temps, les animaux exotiques sont de plus en plus désirés à des fins domestiques. En Asie, cela fait de nombreuses années que certaines espèces d’animaux sont utilisés pour la médecine traditionnelle, tel que le célèbre et prisé pangolin chinois dont les écailles sont utilisées pour guérir le cancer. L’utilisation d’animaux pour cette médecine est source de débats, alors que certains experts déclarent que des herbes naturelles pourraient être remplacées. D’autres acheteurs sont des collectionneurs ou ont le désir de fabriquer des meubles luxueux comme avec l’ivoire des éléphants. Le trafic d’animaux et le braconnage sont généralement plus portés à se former dans les pays où la corruption est présente et les lois peu strictes. Selon des études, l’Asie constitue à elle seule 25% du marché noir d’animaux sauvages.
C’est en 2004, que l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est, aussi appelé ANASE, que de nombreux pays, dont les Philippines, ont annoncé leur projet de freiner le commerce illégal d’espèces sauvages.[2] Cependant, les législations restent faibles et très peu appliquées. Les punitions ne sont pas assez convaincantes pour bloquer les braconniers et vendeurs de cesser leur commerce. En 2019, des trafiquants de pangolins ont été condamnés à trois mois de prison et une amende de 394 USD, alors que selon la loi, la peine serait d’environ 12 ans.[3] Ces mesures sont si peu respectées qu’en 2013, les Philippines ont été répertoriés comme le pays le plus touché par le commerce illégal de l’ivoire, avec ses voisins asiatiques : la Thaïlande, le Vietnam, la Malaisie et la Chine. La convention sur le commerce international des espèces de faunes et de flores sauvages menacées d’extinction a ainsi demandé à ces pays de mettre en place des lois encore plus strictes pour combattre le commerce d’ivoire. Aux Philippines, la peine maximale pour possession illégale d’ivoire est d’environs 4 ans. L’organisation essaie de sensibiliser les pays avec des campagnes et instruit des spécialistes dans le domaine du trafic et de la fraude animales. [4]
Figure 1: Grande saisis d’animaux dont sept oiseaux de paradis rouges et 26 cacatoès des Moluques que l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) considère comme menacés d’extinction. Source:NOEL CELIS, AFPhttps://www.lapresse.ca/environnement/especes-menacees/201803/13/01-5157091-des-centaines-danimaux-de-contrebande-saisis-aux-philippines.php
Des extinctions et d’importantes répercussions
Le trafic d’animaux cause de nombreuses conséquences sur la biodiversité et l’environnement d’un pays. De plus en plus de pays et d’organismes s’allient pour mettre fin au commerce illégal. Aux Philippines, le commerce est géré par des organisations criminelles qui s’enrichissent de ces ventes. Ainsi, la vente d’animaux leur rapporte de l’argent qu’ils investissent dans d’autres commerces illégaux comme la drogue. La capture des animaux sauvages est gérée par des braconniers, ceux-ci font de l’abattage intensif et causent la disparition de certaines espèces. Ce commerce illégal est l’une des causes principales de l’extinction de certains animaux en Asie tel que le pangolin, l’éléphant, la tortue et le rhinocéros des Philippines.[5] De plus, ces animaux transportent parfois des virus et des bactéries qui peuvent être transmises aux humains pendant les transactions, comme est suspecter le pangolin et son lien avec le Coronavirus. [6]
Figure 2: Le pangolin est l’animal le plus trafiqué au monde à des fins médicales. Source: Illicite Trade News Networks https://www.illicit-trade.com/fr/2021/02/banques-et-trafic-danimaux-sauvages/
Le commerce d’animaux sur Facebook, une brèche ?
Figure 3 : Publication de Facebook pour vendre des tortues étoilées indiennes. Source: TRAFFIC.ORG https://www.lapresse.ca/environnement/especes-menacees/201801/19/01-5150649-des-trafiquants-philippins-vendent-des-reptiles-menaces-sur-facebook.php
Aujourd’hui, la présence des réseaux sociaux est présente partout et son utilisation est diverse et variée. À l’instar des autres commerces illégaux, il n’est alors pas étonnant que le commerce d’animaux sauvages se retrouve lié avec les réseaux sociaux. En effet, beaucoup d’animaux, pour la plupart en danger ou en voie de disparition, se retrouvent à être vendus sur Facebook. Mark Zuckerberg, le créateur de Facebook, à assurer vouloir aider les organismes à lutter contre le commerce illégal sur Internet et que tout contenu à ce sujet serait immédiatement supprimé. Cependant, ces nouvelles technologies sont difficiles à réguler et restreindre et de nombreuses ventes d’animaux continuent de se conclurent sur ces réseaux. Par cette plateforme, de nombreuses ventes internationales ont été conclus, tels que l’envoi de tortues forestières des Philippines vers la Chine, le Japon, à Taïwan, aux États-Unis, en Allemagne, etc. [7] De juin à août 2016, il y eu plus de 5000 reptiles, incluant serpents, lézards et crocodiles, mise en vente dans plus de 90 groupes d’acheteurs. [8] (Ajouté petite conclusion de 2 phrases) Ces transactions fait par le biais d’Internet ne font qu’augmenter, étant donné que cela à l’avantage pour les vendeurs de rester dans l’anonyme et de vendre à l’international.
Références
[1] Tiphaine Bernard, 2016, « La lutte contre le commerce illégal d’espèces sauvages » Criminologie, 49 (2) : 72.
[2] Ibid.,85.
[3] Y.Sy Emerson et Kanitha Krishnasamy,4 2020. « Endangered by Trade: The ongoing illegal pangolin trade in th e Philippines», Traffic, Août 2020: 1-28.
[4] Tiphaine Bernard, 2016, « La lutte contre le commerce illégal d’espèces sauvages » Criminologie, 49 (2) : 88.
[5] Ibid.
[6] Agence France-Presse, 2020. « La Chine retire le pangolin de sa pharmacopée traditionnelle », Radio-Canada, https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1710594/coronavirus-chine-pangolin-remedes-traditionnels
[7] Emerson, Y.Sy et al.,2020. «Endangered by trade: seizure analysis of the critically endangered Philippine Forest Turtle Siebenrockiella leyte from 2004-2018 » Philippine Journal of Systematic Biology 14 (2): 6.
[8] Ma RTS, 2018. « Les trafiquants d’animaux sauvages aux Philippines utilisent Facebook », Ma RTS, https://www.rts.ch/info/monde/9261798-les-trafiquants-danimaux-sauvages-aux-philippines-utilisent-facebook.html
Bibliographie
Agence France-Presse .2020. « La Chine retire le pangolin de sa pharmacopée traditionnelle », Radio-Canada, https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1710594/coronavirus-chine-pangolin-remedes-traditionnels
Bernard, Tiphaine. 2016.« La lutte contre le commerce illégal d’espèces sauvages » Criminologie, 49 (2) : 71-93.
Emerson, Y.Sy et al.2020. «Endangered by trade: seizure analysis of the critically endangered Philippine Forest Turtle Siebenrockiella leyte from 2004-2018 » Philippine Journal of Systematic Biology 14 (2): 1-8.
Emerson, Y.Sy et Kanitha Krishnasamy. 2020. « Endangered by Trade: The ongoing illegal pangolin trade in the Philippines», Traffic, Août 2020: 1-28.
Ma RTS.2018. « Les trafiquants d’animaux sauvages aux Philippines utilisent Facebook », Ma RTS, https://www.rts.ch/info/monde/9261798-les-trafiquants-danimaux-sauvages-aux-philippines-utilisent-facebook.html