Bref historique de la période coloniale portugaise
L’histoire contemporaine du Timor-Leste n’en est pas une des plus plaisantes : d’abord colonisé par le Portugal, officiellement de 1596 à 1979, soit à peine moins de 300 ans, il fut annexé et occupé par l’Indonésie de 1975 à 1999, lorsque les Timorais accédèrent à l’indépendance à l’aide d’un référendum. L’île du Timor fut séparée comme on possède les mêmes frontières depuis 1851 lorsque l’île fut séparée entre l’est et l’ouest. À la suite d’une entente entre le gouverneur portugais présent à Dili et les autorités néerlandaises, qui se disputaient les ressources, l’est alla à Lisbonne et l’ouest à Amsterdam. L’île était intéressante pour le Portugal et les Pays-Bas en raison de la présence de bois de Santal, une ressource prisée en Europe. (Molnar 27, 2009 ; Molnar 32, 2009). Les Portugais ne disposaient pas du pouvoir total sur le territoire actuel du Timor-Leste et leur autorité reposait beaucoup sur la collaboration des chefs locaux, dont l’attitude variait en fonction de leurs objectifs. C’est au début du 20e siècle que les autorités lusophones y installèrent un régime beaucoup plus autoritaire, comportant du travail forcé (forced labor), notamment pour la construction de routes et également dans les plantations de café. (Molnar 35, 2009)
Indépendance et occupation
L’indépendance de l’Indonésie en 1949 fut un événement qui marqua à jamais l’histoire du Timor-Leste. Au moment de leur propre indépendance en 1979, les Timorais pensaient clamer victoire sur le colonialisme pour de bon. Neuf jours plus tard, l’armée indonésienne et le gouvernement à Jakarta, qui contrôlaient désormais souverainement la partie ouest de l’île, héritée des anciennes Indes néerlandaises, envahirent le Timor-Leste nouvellement indépendant et l’occupèrent jusqu’en 1999. Cette occupation fut excessivement brutale. Les États-Unis et l’Australie, les deux plus grandes puissances régionales à l’époque, supportèrent cette action de Suharto, leader indonésien. Pour les États-Unis, ceci faisait partie de la géopolitique de la région en raison de leur tendance à supporter des régimes anti-communistes. Du côté australien, c’était en grande partie dû aux importantes réserves de pétrole dans le détroit qui séparait les côtes australiennes des côtes timoraises. L’Australie avait donc les yeux rivés sur les importantes réserves sous-marines et supportait le régime indonésien dans son annexion pour accéder à diverses ententes d’exploitation. (Molnar 48, 2009)
Tel qu’on peut le constater, l’Australie et le Timor-Leste sont séparés par la mer du Timor, propriétaire de réserves de pétrole
Source : Wikipédia
Aperçu de l’occupation
Cette période d’occupation et d’incorporation à la nation indonésienne en tant que 27e province fut marquée par d’atroces crimes commis par l’armée indonésienne à l’endroit de la population civile mais également de la résistance locale. Durant les trois premières années du joug de Suharto, l’armée indonésienne souhaitait écraser le FRETILIN, le Front révolutionnaire du Timor-Leste, dans son ensemble et tuer ses dirigeants. Les Indonésiens détenaient les Timorais dans des camps de transit où ils se prêtaient régulièrement à des viols et de la torture lors d’interrogatoires. (Fernandes 2015, 3)
La réaction internationale
La question à se poser est celle-ci : y a-t-il eu une réaction internationale? La réponse est relativement simple : non. Certes, le tiers des pays de l’Assemblée générale, en majorité des pays en développement, supportaient le Timor-Leste. Toutefois, les États-Unis, la France et le Royaume-Uni n’ont appuyé aucune motion de l’Assemblée générale des Nations Unies entre 1975 et 1982. (Fernandes 2015, 4)
Comme on peut le constater dans ce tableau, la réaction internationale des pays industrialisés ne fut de ne pas venir au secours du Timor-Leste durant le génocide. Comme on peut le constater, de nombreux pays, tous des puissances occidentales, vendaient différents types d’armes à l’Indonésie durant cette période. Qu’il s’agisse de véhicules tout terrain, d’avions militaires, de bateaux, d’hélicoptères, d’armes conventionnelles, tout s’y trouvait. Ceci vint renforcer les capacités indonésiennes en matière d’armement et encourageait indirectement la brutale occupation qu’ils effectuaient au Timor-Leste. Le principal partenaire était évidemment les États-Unis, ces derniers appuyant tout régime, qu’il soit autoritaire ou non, militant contre des combattants qualifiés de communistes, que ce soit vrai ou non.
Source : Fernandes 2015, 5
Peut-on donc parler d’une réaction, à proprement parler? Certes, il y eut une réaction, mais celle-ci n’allait pas dans le sens de la protection du peuple timorais, bien au contraire. Elle donnait de l’ampleur au génocide, mais également de la légitimité au gouvernement indonésien qui s’en sortit les mains propres, sans réelles conséquences.
L’activisme du Portugal sur la scène internationale en faveur du Timor-Leste est toutefois louable. Bien que ces derniers agissaient probablement car ils ressentaient de la culpabilité, ils ont su défendre le droit à l’indépendance de leur ancienne colonie. (Gorjao 2001, 102) Ayant milité au meilleur de ses capacités, le Portugal ne pouvant pas affronter militairement l’armée indonésienne, cessa de faire du lobbying auprès de l’Assemblée générale. Le dossier fut transmis au Secrétaire Général des Nations Unies, alors Javier Pérez de Cuéllar, qui ne fit pas grand-chose étant donné le manque d’intérêt frappant de la communauté internationale. Ce n’est qu’avec le massacre de Santa Cruz, où 250 manifestants pro-indépendance furent assassinés par l’armée indonésienne, que la communauté internationale réagit quelque peu et que l’Indonésie s’est sentie forcée à s’asseoir à la table des négociations qui ne menèrent ultimement à rien (Gorjao 2001, 106)
La communauté internationale s’est complètement déresponsabilisée du sort du Timor-Leste au moment de l’annexion indonésienne. Les habitants du Timor-Leste n’avaient aucune envie de devenir la 27e province de ce pays. Ce comportement peut être attribué au manque d’intérêt suscité par une nation, mais principalement par le rôle important que joue l’Indonésie en Asie du Sud-Est.
Bibliographie
Fernandes, Clinton. 2015. « Accomplice to Mass Atrocities : The International Community and Indonesia’s Invasion of East Timor ». Politics and Governance 3 (4) : 1-11.
Gorjao, Paulo. 2001. « The End of a Cycle : Australian and Portuguese Foreign Policies and the Fate of East Timor ». Contemporary Southeast Asia 23 (1) : 101-121.
Molnar, Andrea Katalin. 2010. Timor Leste : politics, history and culture. New York : Routledge.
Image
Wikipédia. https://fr.wikipedia.org/wiki/Mer_de_Timor#/media/Fichier:Timor_See.jpg (page consultée le 30 avril 2020)