Singapour: Leader technologique de l’ASEAN

Démontrant une des plus grandes connectivités au monde, la première place, devant les États-Unis, le Japon et la Chine, dans le AI Readiness index d’Oxford insights 2019 et un développements de politiques publiques importants en matière technologique, Singapour se place présentement au haut de l’échelle en matière de quatrième révolution industrielle. Au travers d’investissements majeurs et d’une intégration rapide des nouvelles innovations, la ville a su devenir compétitrice mondiale contre certains géants technologiques.

Or, ces avancements ne viennent pas sans conséquences ou défis. En avance sur les pays de sa région, la disparité technologique de ses voisins pourrait devenir le plus grand défi du petit titan technologique de l’ASEAN.

Techno-tigre

Singapour représente faisant face aux plus grandes possibilités de développement économique de la quatrième révolution industrielle. Or, le pays tente déjà de consolider son avance à l’aide d’une implantation rapide de politiques publiques dans le domaine. Il s’est doté de trois initiatives – Smart Nation Singapore, SkillsFuture et l’établissement de trois universités spécialisées – en prévision des changements à l’économie (Gleason, 2018). Ces projets, spécialement la Smart Nation Initiative, visent à tirer profit des nouvelles technologies afin d’améliorer la vie des citoyens et de transformer la ville en domaine intelligent où les innovations guident les décisions publiques et de faciliter leur implantation (Tan, Shang su, 2017), assurant du même coup un développement économique.

Premier ministre de Singapour, Lee Hsien Loong, et des écoliers interagissant avec des panneaux digitaux lors de la réouverture de la Galerie Nationale en 2019 (Mohd Fyrol / photo AFP)

Or, ces initiatives se concrétisent au travers de certains projets gouvernementaux. Les centres de recherches, comme le National Research Infrastructure et le Research Centre of Excellence, se font, de nos jours, nombreux et profitent tout autant aux industries privées ainsi qu’au domaine public. De nombreux projets sont déjà en place pour intégrer les nouvelles technologies dans la planification de politiques publiques ou pour assister les initiatives des entreprises privées afin de favoriser un développement économique concertées entre les deux sphères. Tel est le cas pour Virtual Singapore, un projet de 73 millions en déploiement depuis 2018 qui tente de créer un modèle 3D de la ville afin de mieux guider les recherches ou initiatives publiques ou privées (National Research Foundation, 2020).

Défis attendus

Toutefois, un des plus grands défis des nouvelles technologies, spécialement l’intelligence artificielle, est la perte d’emploi ou le dépassement technologique des travailleurs. Or, en 2017, le Report of the Committee on the future Economy Case établissait les 7 objectifs de développement économique sortaient au grand public (Ministry of Communications and Information Singapore, 2017). Ce rapport visait à préparer et pallier les conséquences plus néfastes des innovations de la quatrième révolution industrielle, spécialement celles liées à l’éducation.

Bien qu’ils doivent rester à l’affût des taux de chômage et de l’augmentation réelle du PIB (Gleason, 2018) pour calculer l’efficacité des politiques publiques, le pays pourra tout de même compter sur les nouvelles technologies pour pallier le danger du vieillissement de la population. Une meilleure intégration des technologies de l’intelligence artificielle et la robotisation permettra au pays de remplir les trous causés par les changements démographiques importants. (Tan, Shang su, 2017)

Malgré qu’ils doivent rester à l’affût des taux de chômage et de l’augmentation réelle du PIB (Gleason, 2018) pour calculer l’efficacité des politiques publiques, le pays pourra tout de même compter sur les nouvelles technologies pour pallier le danger du vieillissement de la population. Une meilleure intégration des technologies de l’intelligence artificielle et la robotisation permettra au pays de remplir les trous causés par les changements démographiques importants. (Tan, Shang-su, 2017)

Dangers réels, dangers extra-nationaux

La cybersécurité, elle, pourrait devenir un problème pour son modèle de développement. Avec son utilisation des technologies connectées, des Tics et de l’« Internet des objets », Singapour fait face à un danger constant concernant les fraudes, vol de données ou les cyber attaques. En 2014 et 2015 seulement, la cybercriminalité a connu une hausse importante (Tan, Shang su, 2017). Avec une connectivité plus importante et une distribution plus importante des données par l’utilisation accrue des nouvelles technologies, le pays doit se pencher sur la question.

Toutefois, cet effort risque de devoir prendre une envergure bien plus grande que le territoire singapourien. La disparité technologique des pays de l’ASEAN, malgré leur intégration économique, risque d’augmenter les risques de cybersécurité pour l’économie régionale, spécialement pour celle de Singapour (AT Kearney, 2018). Dû à l’hétérogénéité des politiques publiques en cybersécurité ou technologies, certaines cyberattaques, lancées à partir d’un autre pays tel que le Vietnam, ne reçoivent pas le même niveau de traitement ou de priorisation, laissant les risques augmenter par eux-mêmes. (At Kearney, 2018 ; Dai, Gomez, 2016)

Malgré les efforts établis et la création du Singapore-ASEAN Cybersecurity Centre of Excellence, il sera nécessaire de développer une stratégie régionale et d’harmoniser les politiques publiques en matière de cybersécurité (Heinl, 2019). Cette homogénéité des pratiques, des normes et des approches sera tout de même difficile pour Singapour, qui devra faire face à l’historique de non-ingérence qui constitue la base de l’ASEAN depuis sa formation.

Dans tous les cas, ce sera à Singapour, déjà leader mondial en matière de quatrième révolution industrielle et fin prête à y affronter ses défis, d’en démontrer l’utilité et les façons de faire. Le pays devra, d’abord, tenter de concerter l’effort régional, sans quoi les risques de cybersécurité pourraient être trop grands.

 

Liens et Sources

ATKEARNEY. (2018). Cybersecurity in ASEAN : An Urgent Call to Action. https://www.southeastasia.atkearney.com/documents/1781738/1782318/Cybersecurity+in+ASEAN%E2%80%94An+Urgent+Call+to+Action.pdf/80a880c4-8b70-3c99-335f-c57e6ded5d34

Dai, Tran et Miguel A. Gomez. 2016  «Challenges and Opportunities for Cyber Norms in ASEAN ». https://css.ethz.ch/content/dam/ethz/special-interest/gess/cis/center-for-securities-studies/pdfs/Challenges%20and%20Opportunities%20for%20Cyber%20Norms%20in%20ASEAN%20Revised%20Final.pdf.

Gleason, Nancy W. 2018. « Singapore’s Higher Education Systems in the Era of the Fourth Industrial Revolution: Preparing Lifelong Learners ». ds Higher Education in the Era of the Fourth Industrial Revolution, édité par Nancy W. Gleason, 145‑69. Singapore: Springer. https://doi.org/10.1007/978-981-13-0194-0_7.

Heinll, Caitriona. 2019. « An ASEAN way of cybersecurity ». Policy Forum (blog). https://www.policyforum.net/an-asean-way-of-cybersecurity/.

Ministry of Communications and Information Singapore. 2017. « Report of the committee on the future economy». https://www.mti.gov.sg/-/media/MTI/Resources/Publications/Report-of-the-Committee-on-the-Future-Economy/CFE_Full-Report.pdf.

National Research Foundation. 2020. « Virtual Singapore ». Gouvernement de Singapour. https://www.nrf.gov.sg/programmes/virtual-singapore.

Tan, Teck-Boon et Wu Shang-su. 2017 «Public policy implications of the fourth industrial revolution in Singapore». Policy Report. https://www.rsis.edu.sg/wp-content/uploads/2017/12/PR171220_Public-Policy-Implications-of-the-Fourth-Industrial-Revolution-for-Singapore_WEB.pdf.

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