Par Priscilla Phan
L’Australie fait face à une situation délicate face au fléau du trafic humain provenant de l’Asie du Sud-Est.
Une cour de justice australienne illustre un cas parmi des milliers où une jeune fille thaïlandaise a été contrainte à l’exploitation sexuelle par une autre femme thaïlandaise qui lui avait promis un meilleur futur en Australie. Arrivée en Australie, la jeune fille a été exploitée sexuellement sous la menace d’être dénoncée aux autorités australiennes en tant qu’une immigrante illégale et d’être déportée en Thaïlande[1].
Quelle est la situation actuelle de la traite des personnes en Australie provenant de l’Asie du Sud-Est et pourquoi les individus sont autant attirés par ce continent?
Quelques chiffres
Plusieurs cas ont été reportés par les autorités locales où souvent les victimes ne veulent pas collaborer avec les autorités par crainte de représailles ou par méfiance et parce qu’elles font encore confiance à leurs trafiquants nationaux. Cela fait partie des raisons pour lesquelles il est extrêmement dur de déterminer des données exactes sur l’ampleur de la traite humaine puisqu’il est estimé que moins de 5% des victimes reportent aux autorités qu’elles sont victimes de traite humaine[2]. C’est un cercle vicieux et il est extrêmement difficile de s’en sortir. De nombreux rapports ont constaté, en étudiant le profil des trafiquants, que ceux-ci ont une nationalité qui est connectée avec celle de la victime. Ils ont conclu que ce sont rarement des étrangers qui vont trafiquer les victimes d’un autre pays[3]. Seulement 30% des condamnés étaient des étrangers principalement détectés dans un pays de destination comme l’Australie[4]. La vaste majorité des trafiquants ont donc la même nationalité que les victimes. C’est pour cette raison que les victimes font facilement plus confiance aux trafiquants qui leur fait croire qu’ils veulent leur bien pour eux et pour leur famille avec leurs fausses promesses.
Le manque de sensibilisation de la population
L’Australie est un endroit prisé pour les trafiquants d’humains. En effet, comme cela a été reporté au cours des cinq dernières années, l’Australie est reconnue pour être un pays de destination pour les victimes de trafic sexuel et de travail forcé provenant d’Asie. Cependant, très peu d’australiens sont au courant que la traite des personnes, aussi reconnue comme l’esclavage moderne, est présente dans leur pays. C’est une illusion qui réconforte les citoyens des pays développés et démocratiques en se laissant croire que ce phénomène ne leur touche pas et que cela affecte seulement les pays en développement ou en voie de développement. C’est un fait qu’il faut accepter pour mieux combattre cette menace; la traite des humains ne fait pas de discrimination parmi les pays de ce monde.
La situation des femmes trafiquées et exploitées
Des femmes provenant principalement de l’Asie du Sud-Est migrent vers l’Australie pour travailler légalement ou illégalement dans un certain nombre de secteurs de travail, y compris le commerce du sexe. Après leur arrivée, certaines de ces femmes sont contraintes d’entrer ou de rester dans la prostitution. D’autres femmes ou même des jeunes filles sont détenus en captivité, soumises à des violences physiques et sexuelles, manipulée à l’aide de drogues illicites et obligées de rembourser leurs dettes aux trafiquants. Des employeurs australiens sans scrupules et des agences d’emploi recrutent des hommes et des femmes venant de l’Asie pour travailler temporairement en Australie dans du travail forcé dans les champs d’agriculture, en construction, dans l’hôtellerie et dans le service domestique[5].
De plus, certaines victimes sont migrées en Australie pour des mariages arrangés et sont soumises à la servitude domestique. Par exemple, un autre cas commun provenant d’une cour de justice australienne illustre bien la situation. Les accusés sont un couple qui réside en Australie. Ils ont convaincu une femme d’origine philippine de marier un de leurs amis afin d’obtenir un permis de résidence en Australie. Arrivée à destination, le couple a forcé la jeune femme de travailler des longues heures à leur petite entreprise en plus de garder et de prendre soin de leurs trois enfants[6]. C’est un cas typique de travail forcé et de servitude domestique que subissent les victimes notamment des femmes.
Vu que l’Australie est un pays riche et à proximité des pays de la région de l’Asie du Sud-Est, c’est un pays de destination idéal pour la traite des personnes. Les trafiquants profitent du fait que les victimes d’origine de l’Asie du Sud-Est sont généralement plus pauvres et elles n’ont pas des bonnes conditions de vie, celles-ci espèrent trouver une vie meilleure dans un pays riche et modernisé comme l’Australie. Comme cela est accessible grâce à la proximité géographique, il est très facile pour les trafiquants de convaincre à tort les victimes de migrer vers ce continent en leur faisant payer un prix monétaire. En espérant de toucher à un meilleur avenir, les victimes sont, au contraire, exploitées dans plusieurs sens et ont perdu argent, corps et âme.
BIBLIOGRAPHIE
[1] UNODC, Global Report on Trafficking in Persons 2016 (United Nations publication, Sales No. E.16.IV.6) ; Cas provenant de la Cour Suprême d’Australie.
[2] J Putt, Human trafficking to Australia : a research challenge, Trends & issues in crime and criminal justice No. 38, Canberra, Australian Institute of Criminology, 2007; Australian Government – Department of Social Service, “Human Trafficking and Slavery”, May 21st 2018, online: <https://www.dss.gov.au/our-responsibilities/women/programs-services/reducing-violence/anti-human-trafficking-strategy>.
[3] Supra note 1.
[4] Ibid.
[5] US Department of State, « Australia : 2017 Trafficking in Persons Report », Site officiel, 2017, en ligne : <https://www.state.gov/j/tip/rls/tiprpt/countries/2017/271137.htm>.
[6] Supra note 1.