« Si vous forcez l’affaire, nous irons en guerre » [2], était la réplique auquel avait affaire le président Philippins Duterte, de la part de son homologue chinois, Xi Jinping concernant l’exploration pétrolière philippine dans les rives Reed.Cette réplique, exprimée par le chef d’État chinois, représente une représentation pure et simple des actions de Pékin, en mer de Chine Méridionale, caractérisées d’hostiles et unilatérales par ses voisins de la région. Plus spécifiquement, les Philippines. Manille (dû à une armée désuète, sous-financée, mal équipée et mal formée) ne détient pas les capacités militaires pour faire face au géant chinois.
« Sur les quatre États de l’ASEAN ayant des revendications sur certains îlots en Mer de Chine Meridionale, les Philippines ont les capacités d’application militaires les plus faibles. Ses forces armées sont sous-financées, mal équipées et, à l’exception de ses forces spéciales, mal entraînées.», Explique Sheldon W. Simon, professeur au department de politiques et d’etudes international à Arizona State university [1]. Avec cet aspect pris en compte, quelles sont les autres stratégies a la disposition des Philippines pour pouvoir realiser ses objectifs en Mer de Chine Meridionale ?
La reponse semble etre la diplomatie et les relations multilatérales pour appuyer leurs revendications. Cette diplomatie s’appuie en deux temps. Premièrement, Manille a tenté une approche régionale multilatérale en 2005 avec le Joint Marine Seismic Undertaking (JMSU). Accord tripartite entre la Chine, les Philippines et le Vietnam, le JMSU devait permettre l’exploration conjointe des eaux contestée en Mer de Chine, et plus tard, une éventuelle exploitation conjointe.
Cet accord représenté beaucoup plus qu’un simple traité économique pour les Philippines, en effet, on y voyait le « bout du tunnel » en matière d’instabilité régional, mais également, la fin de la menace chinoise et le début d’une coopération fructueuse. Malheureusement, le JMSU tombe à l’eau en 2008 sans aucun résultat des explorations rendu public. De plus, aucun consentement n’a été abouti concernant les modalités d’exploitation des eaux occupées.
« The JMSU was an agreement among the three to explore seabed resource potential in some of the overlapping areas they claimed. It lapsed in 2008, and no results have been made public. As for the declaration on how claimants could develop the features they occupied so that conflict among them would be minimized, no meaningful implementation was ever reached », éxpose S.W. Simon [1]
En d’autres termes, les Philippines se sont retrouvées, de nouveau, à la case de départ. Cet échec multilatéral va pousser Manille à relocaliser son approche vers une diplomatie bilatérale tournée vers les États-Unis.
Ancien Allié de Washington, les Philippines jouissent d’un traité de défense mutuel avec les Américains depuis 1951. Les Philippines ont toujours compté sur la protection des États-Unis et surtout pendant la période de clivage régionale de la guerre froide. Cependant, récemment Manille veut se distancer de son partenaire de défense dans l’aspiration de devenir plus « indépendant ».
Ors, avec l’intensification de l’unilatéralisme chinois dans la région et les capabilités militaires philippines non existante, ces derniers se retrouvent forcés de reprendre refuge sous l’égide de Washington. Cette protection symbolique américaine donne la chance aux Philippines de construire et développer son armée tout en gardant les hostilités chinoises, relativement, à distance. Par ailleurs, en réponse à l’échec du JMSU, Manille et Washington ont renforcé leur relation bilatérale à travers plusieurs moyens comme des exercices militaires interétatiques dont le but est de former l’armée philippine et améliorer la communication entre les deux au cas où un conflit armé nécessiterait une intervention américaine.
Ce renforcement diplomatique se traduit également à travers des financements américains pour établir un programme de garde côtière philippine de niveau : « Washington has assisted the Philippines in establishing the Coast Watch South program, helping fund 17 coastal watch stations in southern Philippine waters. The U.S. is also discussing the construction of an additional 30 coastal watch stations to prevent smuggling, drug trafficking, and terrorist movements between Mindanao and Borneo. », avance un tel. [1] Ou encore, à travers des ventes d’anciens équipements militaires américains.
Ces nouvelles acquisitions concernent plutôt la marine philippine pour lui conférer la capacité d’intervenir et de protéger ses eaux en mer de chine. En 2011, le président Aquino s’engage à investir plus de 250 millions de dollars pour améliorer la marine. Cependant, étant donné les coûts très élevés nécessaires pour bien équiper l’ensemble de l’armée, le chef d’états philippins, tente de louer les équipements nécessaires au lieu de les acheter. Or, historiquement, les États-Unis n’ont pas loué d’équipement militaire depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Par ailleurs, des doutes s’installent dans l’esprit des décideurs philippins au sujet du respect du traité par leur partenaire américain ou encore, au degré de l’intervention au cas où cette dernière serait nécessaire.
Plusieurs répliques faites par de hauts fonctionnaires de la diplomatie américaine ont remis en question la crédibilité d’une intervention américaine selon le traité de défense mutuelle régie entre les États-Unis et les Philippines. « In recent months, the U.S. position has seemed to stop short of automatic involvement by U.S. forces. In late May 2011, Ambassador Thomas stated […] “[We] are dedicated to being your partner whenever you are in harm’s way.” Nevertheless, on June 12, embassy spokesperson Rebecca Thompson responded to a Malacañang Palace statement that the U.S. would honor the Mutual Defense Treaty if Manila’s spat with China escalated to war by saying, “The U.S. does not take sides in regional territorial disputes.” » [1]
Cette ambiguïté nous laisse à contempler les vraies intentions des États-Unis concernant les Philippines et ses enjeux en mer de Chine. Manille est-elle vraiment protégée sous l’égide américaine ? Si une intervention demeure nécessaire, l’arsenal militaire américain est-il réellement a la, relative, disposition des Philippins ? Où est-ce simplement une protection symbolique ? Si cette « protection » et bel et bien symbolique, est-elle suffisante pour mettre les freins à l’expansionnisme régional chinois ? Seul le temps pourra fournir les réponses à ces questions.
BIBLIOGRAPHIE :
[1] Simon, Sheldon W. 2012. « Conflict And Diplomacy In The South China Sea. » Asian Survey52(6): 995-1018.
[2] Valencia, Mark J. 2018. « The ASEAN Summits And The South China Sea. » The Diplomat. https://thediplomat.com/2017/07/the-asean-summits-and-the-south-china-sea/.
Iconographie :
[A] U.S. Navy photo by Mass Communication Specialist 1st class Jerry Jimenez
[B] U.S. Navy photo by Mass Communication Specialist 2nd Class Declan Barnes