Depuis plusieurs années déjà, une envie d’outrepasser l’influence régionale et de s’affirmer sur la scène internationale se fait ressentir. Il fait partie des pays exposant une forte croissance économique ce qui renforce sa volonté d’être reconnu par les grandes puissances.
Cependant, des discordes naissent de plus en plus avec la Chine. L’intrusion de bateaux chinois dans les eaux autour des îles Natuna a attisé les tensions puisque les autorités indonésiennes ont arrêté les membres de l’équipage, ce qui a fortement déplut à la Chine qui dit ne pas revendiquer ces îles.
Comme tous les pays de l’Asie du Sud-Est, l’Indonésie ne peut échapper à l’influence du géant chinois mais aussi à ses revendications dans la région. Plusieurs questions viennent à l’esprit lorsqu’il attrait à la compréhension des relations qu’entretiennent ces deux pays.
Comment se positionne l’Indonésie face à l’influence qu’exerce la Chine sur son territoire ? Est-il possible d’envisager que l’Indonésie s’affirme fermement aux exigences des Chinois envers la mer de Chine quitte à envisager un repli économique de ces derniers ?
Dans la région d’Asie du Sud-Est, l’Indonésie est considérée comme un pays en essors et ce dû à son étonnante croissance économique dû à la volonté de cette république « d’investir dans les infrastructures et ainsi contribuer à renforcer les connexions entre les différentes régions de l’archipel »[1].
Due à sa proximité géographique, la Chine joue un rôle important dans l’économie du pays puisque l’Indonésie et la puissance ont tous deux cherché à renforcer leurs relations bilatérales. De celles-ci, ont découlé un partenariat stratégique intégral Indonésie-Chine assurant le bon développement des relations commerciales et assurant la coopération dans plusieurs domaines tels que l’investissement, les infrastructures et les zones de libres échanges exclusives[2].
Le froid lancé entre les deux protagonistes, au sujet de la mer de Chine, a fait en sorte de remettre en question la position de l’Indonésie face aux relations qu’elle entretient avec Pékin. Cela se veut être délicat puisque deux solutions s’offre au pays soit « attirer l’investissement étranger, et tout particulièrement l’investissement chinois, afin de financer son projet ambitieux de construction d’infrastructure ; ou mettre l’accent sur la défense de l’intégrité et la souveraineté de son territoire et de l’accès à ses ressources naturelles »[3].
Même si le premier ministre indonésien affirme que les incidents en mer de Chine n’ont pas entaché les relations sino-indonésiennes, le changement de ton contre la Chine s’est fait ressentir.
L’Indonésie s’est vu renforcer ses relations avec l’Inde, nouvelle puissance émergente, afin de maintenir sa croissance économique à travers l’exploitation des champs off-shore de la région. Ce rapprochement permet à l’Indonésie de s’éloigner des griffes de la Chine et surtout de son empreinte sur l’économie indonésienne.
L’Indonésie reste tout de même méfiante de la Chine surtout depuis les incidents survenus récemment en mer de Chine méridionale. En effet, depuis plusieurs années l’Indonésie avait fermé les yeux sur le fait que les navires chinois faisaient souvent intrusion dans les eaux territoriales de l’archipel.
Cependant, les relations politiques se sont mouvementées puisque l’Indonésie a émis des protestations à l’égard de la Chine, surtout avec l’intrusion des bateaux chinois dans les eaux territoriales indonésiennes.
De plus, une volonté des autorités de Jakarta de se doter de nouvelles forces aéronavales laisse tout autant croire que l’Indonésie a opté pour la défense de son territoire au dépit de son économie. La création d’un « chasseur de combat »[4] avec l’aide de la Corée du Sud joue contre les intérêts chinois.
L’Indonésie étant un archipel, faisant plus de 5000 kilomètres de distance, a besoin de se munir de tels navires puisque cela permet la surveillance de ses bien insulaires et surtout de maintenir ses intérêts sécuritaires dans les eaux territoriales.
L’Indonésie assure donc ses intérêts sécuritaires en s’éloignant progressivement de l’emprise de la Chine mais en maintenant tout de même des relations favorables à son économie. Petit à petit, l’Indonésie se rapproche de ses voisins proches, eux aussi contraint à subir l’influence chinoise pour le maintien de leur économie. Ces alliances entre les pays de l’ASEAN favorisent les échanges régionaux le tout en « éloignant » la Chine. Entretenir une cohésion régionale favorise le renforcement de la sécurité indonésienne sans gravement entacher les relations sino-indonésiennes.
En revanche, les promesses de réformes économiques et de modernisation faite par le président peuvent être obstruées si la Chine vient à diminuer ses investissements. Ce qui est un problème dû au souci de l’Indonésie à maintenir son indépendance nationale ainsi que sa politique de non-alignement[5].
Les questions au sujet de la relation entre les deux pays restent sensibles, il est difficile se projeter sur le long terme à cause de plusieurs facteurs comme l’émergence de l’Inde, ou encore l’influence américaine dans la région. Sur le court terme en revanche, il est fortement probable que l’Indonésie reste proche de la Chine surtout au regard de ses intérêts économiques.
Sources:
[1] https://www.cairn.info/revue-geoeconomie-2013-4-page-141.htm
[2] https://www.lecourrier.vn/chine-indonesie-renforcer-les-relations-economiques/133131.html
[3] Aaron L. Connelly, professeur associé à l’institut Lowy de politique internationale.
[4] Emmanuel Lincot, président de la société Signes et stratégie, spécialiste de la mer de Chine.
[5] https://www.cairn.info/revue-politique-etrangere-2013-4-page-175.htm