L’Indonésie : une tendance à suivre?

Par Sophianne Do

Températures tropicales, paysages majestueux, ambiance exotique, paradis des surfeurs, coût de vie à bas prix, l’Indonésie est une destination tendance qui n’a cessé de croître en popularité au cours des dernières années. Enregistrant une hausse exponentielle de touristes depuis 2008, l’Indonésie est un lieu de détente très prisé par les voyageurs à la recherche de dépaysement. En 2015, le pays a enregistré plus de 10 407 000 visiteurs étrangers (The World Bank 2015). Le secteur touristique engendre énormément de revenus et contribue au roulement de l’économie indonésienne. Cependant, l’Indonésie fait face à plusieurs défis. Étant un archipel, les problèmes environnementaux sont nombreux. L’aspect social est également touché. Comment expliquer que la hausse de la popularité de l’Indonésie et surtout de Bali comme destination touristique entraîne des effets néfastes sur la population locale de l’Indonésie ?

Derrière la popularité de Bali

Impacts environnementaux

Une hausse de touristes nécessite une réorganisation de l’espace et de la gestion territoriale. L’île de Bali est sans aucun doute la plus populaire auprès des étrangers. Elle est suivie de près par l’île de Java. Cet archipel aux îles paradisiaques reçoit cependant beaucoup de pression due à la présence touristique qui augmente de façon exponentielle. En effet, un des nombreux exemples serait la ville de Kuta. Sachant que les débuts touristiques de Bali tourneraient autour de l’an 1972, la croissance entourant le nombre de visiteurs impressionne autant qu’elle inquiète. « Le souci principal de l’heure, dans un contexte où les touristes arrivent de plus en plus nombreux dans le même espace, est le manque désormais criant de ressources naturelles, ainsi que la mauvaise gestion de l’eau et des déchets » (Michel 2011, 5-6.) L’Indonésie adhérant à la mondialisation et à la modernité, les décisions entourant le développement ne tiennent pas en compte du long terme. Plages polluées, endroits publics insalubres et bâtiments mal entretenus, l’absence de politiques publiques visant une meilleure gestion ne fait qu’accumuler les problèmes (Michel 2011, 5).

Avec ses plages, spas, fontaines, et hôtels de luxe, Bali consomme énormément d’eau. Une chambre d’hôtel requiert minimum 300 litres d’eau quotidiennement. Les îles connaissant déjà un problème d’inondation, il est difficile de contrôler les excès lorsque l’eau est la ressource principale utilisée pour les différentes activités touristiques (Langenheim 2016). Le tourisme occupe également beaucoup de terrains, servant à construire des attractions ou des logements pour les visiteurs. De plus, qui dit augmentation des flux touristiques dit hausse de la circulation : la pollution des îles est donc inévitable, puisque les touristes prennent la voiture pour se déplacer, ainsi que le bateau et l’avion pour aller d’une île à l’autre. Puis, une présence plus grande sur le territoire engendre de véritables défis dans la gestion des déchets : « 13 000 mètres cubes d’ordures sont déversés chaque jour dans les décharges publiques, et seule la moitié d’entre elles est recyclée » (Philip 2012).

Société et culture

Les statistiques sur le tourisme démontrent que plus de 9.3% du PIB national est lié au secteur touristique, ce qui est plus grand que l’impact de l’éducation indonésienne (World Travel & Tourism Council). Cela encourage plusieurs à travailler dans ce secteur prometteur et fructifiant. Les touristes venant s’imprégner de la culture balinaise, « la fréquence des représentations de danse comme le commerce à outrance des produits artisanaux, portent en eux le risque de banalisation et d’usure de l’authenticité culturelle pour laquelle venaient les touristes » (Cabasset 1995, 336). En effet, plusieurs pointent du doigt cette banalisation de la culture qui affecte également la langue locale, le Balinais. La société de Bali perd tranquillement ses racines, car ses pratiques se tournent vers l’exploitation de ce qui est à leur disposition pour pouvoir en tirer profit. Les locaux se mobilisent de plus en plus pour dénoncer les pratiques, assurant que « la culture est devenue une marchandise » (Philip 2012).

Malgré tout, l’économie en profite

Le tourisme occupe une part importante de l’économie indonésienne. Le domaine touristique était déjà en pleine expansion avant la crise économique de 1997, atteignant une croissance de 15% par année. « Tourism contributed 16% of total job creation in 1995, and in 2007 it is estimated that 1 of every 11 new jobs will originate from tourism» (Sugiyarto, Blake et Sinclair 2003, 685). En 2015, les arrivées ont surpassé la marque des 10 millions, générant plus de 12 milliards de dollars américains (The World Bank).

Il faut savoir que le phénomène de la mondialisation qui entraîne une hausse du tourisme a des effets secondaires, tels que la chute des prix des biens locaux, alors que les échanges commerciaux, les importations et exportations augmentent. Cela va entraîner une compétitivité sur le marché domestique, nourri par les touristes qui dépensent et investissent dans l’économie indonésienne (Sugiyarto, Blake et Sinclair 2003, 698).

En conclusion, le tourisme de masse en Indonésie dépeint bien le portrait de la mondialisation moderne. Certaines destinations plus exotiques figurent parmi les pays les plus populaires et l’Indonésie connaît un succès croissant. Malheureusement, cela vient avec son lot de conséquences, autant sur l’environnement que sur la société. À l’avenir, il faudra arrêter d’adopter des plans axés sur l’économie du pays, mais penser également à la société dans son ensemble et à ses besoins sur le long terme, pour pouvoir faire profiter d’une économie stable à la population locale.

 

Bibliographie

Cabasset Christine. 1995. « Tourisme culturel et tourisme de masse à Bali ». Cahiers d’outre-mer. (n° 191) : 319-346.

Lagenheim, Johnny. 2016. Mounting opposition to Bali mass tourism project. Dans The Guardian. En ligne. https://www.theguardian.com/environment/the-coral-triangle/2016/mar/22/mounting-opposition-to-bali-mass-tourism-project (page consultée le 3 juin 2017).

Michel, Franck. 2011. « Bali (Indonésie) : le patrimoine culturel contre ou avec le développement touristique ? Un paradis en sursis et le risque d’un tourisme de luxe non maîtrisé ». Études caribéennes : 1-22.

Philip, Bruno. 2012. « Tourisme : Bali, c’est fini ? ». Dans Le Monde. En ligne. http://www.lemonde.fr/international/article/2012/07/20/bali-c-est-fini_1736348_3210.html (page consultée le 2 juin 2017).

Sugiyarto Guntur, Adam Blake et M. Thea Sinclair. 2003. Tourism and globalization : Economic Impact in Indonesia. En ligne. http://isiarticles.com/bundles/Article/pre/pdf/135.pdf (page consultée le 3 juin 2017).

World Bank. International tourism, number of arrivals. En ligne. http://data.worldbank.org/indicator/ST.INT.ARVL?locations=ID (page consultée le 2 juin 2017).

World Travel & Tourism Council. 2015. Indonesia. En ligne. https://www.wttc.org/-/media/files/reports/benchmark-reports/country-reports-2015/indonesia–benchmarking-report-2015.pdf (page consultée le 3 juin 2017).

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