La démocratie est considérée comme le système qui assure le mieux les droits et libertés des peuples, ainsi que l’égalité et la participation des citoyens à la vie politique de leur pays. Néanmoins, plusieurs États continuent de fonctionner avec des régimes différents, entre autres l’autoritarisme. Faisant partie de ces pays jusqu’en 1998, l’Indonésie amorcera sa démocratisation le 22 mai de la même année, après la démission forcée du Président Suharto. En effet, depuis le règne de ce dernier, le pays a connu plusieurs élections contrôlées, qui ont produit de manière régulière des victoires avec 2/3 de majorité pour son parti le Golkar. Cela dit, c’est à l’arrivée de Bacharrudin Jusuf Habibie en 1998 que l’Indonésie connait un renouveau démocratique, grâce à sa reformasi (réforme) (Alles ,2009) et depuis, le pays prospère vers une démocratie.
En 2004, il a vu à sa tête le premier président élu par suffrage universel direct Susilo Bambang Yudhoyono venant du parti démocratique, et depuis 2014, il a pour président Joko Widodo, premier président non issu de la classe politique au pouvoir pendant la dictature (inrepublica, 2016). Cette stabilité et ce changement politique montrent le grand progrès qu’a fait le pays en matière de démocratie depuis l’époque de Suharto. Dans les faits considérée comme la troisième démocratie du monde en 2009, onze ans après la fin du système de ce dernier, le chemin parcouru par l’Indonésie fait de sa transition démocratique un modèle, sans équivalent à cette échelle (massée, 2012).
Face à de telles transformations, il est légitime de se demander comment expliquer que l’Indonésie ait réussi sa démocratisation. En d’autres termes, il s’agit d’expliquer la réussite démocratique du pays. Les institutions et les réformes sont des éléments explicatifs importants de ce progrès.
Des institutions favorables à la démocratie
Il est vrai que toute démocratie requière des institutions lui permettant de mettre en place et d’assurer le jeu politique, à défaut de quoi, elle sombrera dans un régime autoritaire voire anarchique. C’est pourquoi la mise en place de ces dernières est primordiale dans un souci d’établir des règles et normes qui la protègent. C’est ce qui explique la première démarche de Habibi. En effet, dans le but d’assurer une bonne tenue des élections à travers les normes démocratiques, des contre-pouvoir seront mises en place. Dans les faits, une Commission Générale des Élections (Komisi Pemilhan Umum ou KPU) verra le jour en 1999, de même qu’une Cour Constitutionnelle de la République D’Indonésie (Mahkamah Konstitusi Republik Indonesia) en 2003 (Massée, 2012). De même, des nouvelles lois électorales rendaient la création de formations partisanes relativement aisée eu égard au passé répressif du régime, seront votées en 1999, sans oublier des lois de liberalisation politique votées a la même année (Romain, 2001). Ces différentes messures conduirons Massée (2012) à dire que cette institutionnalisation de l’alternance pacifique dans la pratique élective de l’Indonésie est indéniablement une des avancées les plus significatives de la démocratisation indonésienne.
Les réformes institutionnelles
Cela dit, bien que la mise en place de nouvelles institutions ait permis une rapide democratisation du pays, les reformes faites sur celles déjà en place ne sont pas anodines. Tout d’abord, il est important de mentionner qu’une partie des institutions aujourd’hui présentes existaient déjà antérieurement, ne serait-ce qu’à l’état embryonnaire, par exemple, l’organisation des élections (massée, 2012). Effectivement, des élections régulières et fortement contrôlées étaient organisées pendant le régime de Suharto. L’existence de ces dernières ont toutefois facilité l’apport démocratique car elles ont familiarisé la population à « choisir » son leader. Toutefois, c’est avec l’application des « lois habibi » que ces élections prendront un caractère démocratique. Grâce à elles, il sera désormais possible pour des citoyens majeurs (âgés de plus de 21 ans et non déchus de leurs droits civiques) de créer un parti politique (ils devaient être pour cela au mois 50) sans risque d’être inquiétés par la police ou par les services de renseignement (Romain, 2001). Ainsi, le pluripartisme, tributaire d’un principe démocratique, désormais restauré, permet d’élargir le choix des électeurs quant à leur futur président. Sur le plan Étatique, la politique de décentralisation de l’archipel par le gouvernement via la promulgation des lois 22 et 25 en 1999 reste tout aussi importante. En effet, elle a permis l’instauration d’une gouvernance plus démocratique, car plus locale et plus directe, et donc plus responsabilisant (Massée, 2012). Ainsi, la restauration de normes démocratiques dans les instructions déjà existantes, on permit à l’Indonésie de jouir d’une démocratisation plus rapide que la plupart des pays nouvellement indépendants.
Conclusion
En somme, nous dirons que la progression démocratique après la crise politique et économique de 1998 n’est autre que remarquable. En effet, elle sert de référence non seulement en Asie, mais aussi ailleurs. Cette transition démocratique peut être expliquée de diverse façon notamment grave à la réforme des institutions électorales qui a permis une rapide acceptation du jeu démocratique. Il est donc vrai que l’Indonésie a une démocratie consolidée. Cependant, peut-on affirmer que cette dernière soit irréversible? Cette question mérite réflexion. Cependant, face à une radicalisation islamique et une corruption bureaucratique grandissante, nous avançons l’hypothèse selon laquelle la démocratie indonésienne tant vers une stagnation voire une régression. Et pour y remédier, une lutte plus acharnée contre les deux fléaux soulignés doit être entamée.
Bibliographie :
Alles, D. 2009. Indonésie : dix ans pour une démocratisation réussie. Alternatives Internationales, 43(6). En ligne : URL :http://www.cairn.info/magazine-alternatives-internationales-2009-6-page-20.htm.(Page consultée le 06 mai 2071)
Inrepublica. 2016. Indonésie, un nouvel émergent- Le dessous des cartes-07.02.2015. En ligne : URL : https://www.youtube.com/watch?v=AO5mW382gDM
Massée, Johanna. 2012. « L’Indonésie en quête d’une émergence annoncée mais encore incertaine ». En ligne: https://www.gerac.hei.ulaval.ca/sites/gerac.hei.ulaval.ca/files/johanna_masse.pdf (page consultée le 02 juin 2017)
Romain Bertrand. 2001. « Les organisations de « promotion de la démocratie » et la construction des bureaucraties électorales indonésiennes », Critique internationale 2008/3 (n° 40), p. 51-72. DOI 10.3917/crii.040.0051