Les minorités ethniques en Birmanie : l’exemple du peuple Rohingya

Par Joséphine Clerf, 

La Birmanie comprend une majorité de personnes de confession bouddhiste (90%). Les minorités ethniques telles que les chrétiens, les musulmans ou les hindouistes représentent le reste de la population. Elles se situent principalement en zone frontalière, près des montagnes et des jungles. D’après le gouvernement birman, il existe près de 135 ethnies différentes ce qui constitue 40% de la population. Les plus importantes sont les Shans, les Karens, Karenni, Mon, les Kachin, les Chin et les Arakais. La plupart des minorités sont bouddhistes, d’autres principalement aux frontières avec le Bangladesh sont musulmanes, comme principalement les Rohingyas ou des minorités chrétiennes telles que les Kachin (Info Birmanie, 2013). Néanmoins, les conflits persistent entre les minorités possédant la même religion. Mais comment expliquer les conflits entre les ethnies et leurs caractéristiques ?

L’exemple des Rohingyas

Depuis plus de 60 ans, des conflits éclatent entre les forces armées ethniques et les autorités militaires birmanes. Nous mettrons en avant l’exemple du conflit ethnique le plus important, celui entre les bamars et les Rohingyas. Les Rohingya représentent une ethnie birmane de confession musulmane.Selon l’ONU, elle correspond à la minorité la plus persécutée au monde. Ce sont des musulmans établis depuis 200 ans dans l’ouest du pays. Arrivés au cours du 19e siècle durant la colonisation, ils semblent s’être implantés dans l’État d’Arakan, État birman à la frontière avec la Birmanie (Marmouyet 2016). Ils sont apatrides et régulièrement victimes de pogrome. Le début des conflits entre les bamars, l’ethnie majoritaire du pays et les Rohingyas remonte à la Seconde Guerre mondiale. Lors de l’occupation britannique, les Rohingyas se sont alliés à l’empire colonial contrairement aux bamars rattachés aux Japonais. C’est en 1942 qu’eu lieu le premier massacre du peuple Rohingya et ce sont exiler vers le Bangladesh, étant le pays voisin et dont le peuple est également de confession musulmane. L’arrivée du colonel Ne Win a renforcé les conflits ethniques en Birmanie, la dictature militaire qu’il a mise au pouvoir avait pour but de renforcer l’identité birmane, notamment en rejetant les minorités ethniques. De plus, en 1982, une loi a rendu les Rohingyas apatrides par la junte militaire et sont jugés depuis cette date comme étant des immigrés illégaux. Ils subissent des discriminations à toute échelle, ils sont interdits de détenir des terres, souvent contraint au travail forcé, au viol, au meurtre et à la violence. Le conflit dure depuis longtemps, mais en automne dernier, les Rohingyas ont tenté de s’imposer et de répliquer face aux persécutions endurées. Cependant, l’armée ne les a pas laissé faire et a riposté en renforçant les tortures et les attaques aux civils notamment par le viol, la torture et les meurtres. Depuis l’arrivée du gouvernement libre au pouvoir en 2011, la lutte contre cette communauté musulmane n’a pas cessé. Ce ne sont plus les militaires les principaux bourreaux, mais des bouddhistes radicalisés (Mallard, 2016). De plus, le gouvernement birman ainsi que Aung San Suu Kyi n’assument pas le génocide de cette ethnie musulmane, ne voulant pas se mettre à dos les religieux bouddhistes étant un facteur important d’unité sociale dans une grande partie du pays (Marmouyet, 2016). D’après les institutions internationales et les organisations non gouvernementales, ils seraient près de quatre-vingts milles à avoir fui la Birmanie pour rejoindre la frontière avec le Bangladesh depuis le mois d’octobre 2016.  La situation devient de plus en plus dramatique et il n’y a pas assez de ressources mises en place pour pallier aux problèmes que rencontrent les Rohingyas.

 

Un cas non isolé : l’exemple des Karens

L’exemple du peuple Rohingyas semble le plus frappant étant le peuple le plus discriminé au monde. Néanmoins, depuis l’empire colonial et la séparation de frontière, les 135 ethnies présentent sur le pays sont en perpétuel conflit. En effet, les frontières étaient déjà déterminées avant l’empire colonial, mais les Britanniques ont renforcé une séparation entre les différentes zones du pays. Ces frontières établies par les colons sont aujourd’hui celles définies par les ethnies. Aujourd’hui, les bamars sont établis dans la zone définie comme étant « ministérielle » par les colons et les zones des minorités ethniques étaient les zones « frontalières » (Info Birmanie, 2013). Plusieurs cas de génocide sont recensés en Birmanie en plus du peuple Rohingya. Les Karens eux à la frontière avec la Thaïlande, fuit de même vers ce nouveau pays où ils sont également victime de crime (Info Birmanie, 2015). L’insécurité des minorités ethniques est préoccupante, il semble manquer de considération à leur égard de la part du gouvernement fermant les yeux sur le racisme. Mais également de la part des organisations internationales qui ne sont pas assez présentes pour arrêter ces crimes contre l’humanité.

 

Pour aller plus loin : Le vénérable W, documentaire de Barbara Schroeder.

Bibliographie

Info Birmanie. 2015. «Le conflit dans l’état Karen s’intensifie au détriment de la population civile.» Info Birmanie. 12 janvier. http://www.info-birmanie.org/le-conflit-dans-letat-karen-sintensifie-au-detriment-de-la-population-civile/.

Info Birmanie. 2013. «Une mosaïque d’ethnies.» Info Birmanie. 1 août. http://www.info-birmanie.org/birmanie-une-population-heterogene-repartie-le-long-des-frontieres/.

Mallard, Justine. 2016. «Les Rohingyas de Birmanie, oubliés de l’opinion internationale.» Opinion internationale. 4 avril. https://www.opinion-internationale.com/2016/04/04/les-rohingyas-de-birmanie-oublies-des-droits-de-lhomme_42405.html.

Marmouyet, Françoise. 2016. «Birmanie : tout ce qu’il faut savoir sur les Rohingyas.» France 24. 1 décembre. http://www.france24.com/fr/20161130-birmanie-minorite-rohingyas-musulmans-bouddhistes-savoir-point-bilan.

 

 

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