Par Samantha Julien
Les forêts servent de poumons à la planète sur laquelle nous vivons. Or, les Hommes, dans une optique favorisant leurs intérêts, n’hésitent pas à les exploiter sans regard aux conséquences environnementales. L’Indonésie est l’un des pays les plus touchés par la déforestation, ce qui amène à se demander comment expliquer que le phénomène de la déforestation ait pris une telle ampleur en Indonésie ? Brève présentation des causes, notamment économiques, mais aussi des différentes initiatives mises en place pour contrer la destruction des forêts.
Portrait de l’évolution de la déforestation
Enjeu important pour le réchauffement climatique, la déforestation s’observe dans plusieurs pays du monde. De plus, il est dit qu’environ 17% des changements climatiques s’expliquent par la dégradation des forêts (Purnomo 2012, 75). Dans une optique où l’on voit une accélération des effets et une augmentation des conséquences environnementales, il est primordial pour les principaux pays concernés d’agir. Depuis des décennies, c’est d’importants pourcentages des forêts qui sont disparus au profit d’industries ou bien en réaction à une augmentation démographique considérable. En Asie du Sud-Est, notamment, c’est cette augmentation qui est vue comme étant le principal facteur de la déforestation (Wibowo 2013, 399). L’Indonésie, avec ses milliers d’îles, représente un important foyer pour les forêts et la biodiversité que celles-ci contiennent. En plus des entreprises, des personnes vivent dans ces forêts, la destruction des terres vient donc ajouter un défi social au déjà bien complexe défi environnemental. En un peu plus de dix ans, soit de 2000 à 2012, les espaces forestiers indonésiens auraient perdu 6 millions d’hectares (Courrier international 2014). Ce constat alarmant, mêlé à une plus grande sensibilité internationale, a forcé le gouvernement à agir.
Causes d’une déforestation rapide
L’Indonésie, considérée comme l’un des « Tigres » asiatiques, se développe grâce à des secteurs clés qui concernent, pour certains, la forêt. Tout d’abord, un domaine important est celui de l’exploitation forestière. Cette exploitation se fait par des Indonésiens, mais de plus en plus de compagnies s’installent au pays en échangeant des biens contre un accès aux forêts (Saito-Jensen 2015, 91). Alors que l’exploitation pour le bois diminue, celle pour l’huile de palme ne fait qu’augmenter. L’émergence des industries d’huile de palme, combinées à celles pour le bois et pour le caoutchouc, a contribué à la création d’un immense besoin en employés. Cette demande s’est donc concrétisée par des vagues de migrations nationales, permettant ainsi un développement des régions plus éloignées de Java, l’île indonésienne principale (Wibowo 2013, 399). La transmigration, organisée directement par le gouvernement ou bien issue d’une idée spontanée, a d’abord contribué au développement économique.
Néanmoins, les vagues de mouvement des populations, conjuguées à un agrandissement des surfaces d’exploitation n’ont fait qu’augmenter la déforestation en Indonésie. L’exploitation de l’huile de palme est un facteur de développement économique important pour le pays. En effet, il s’agit d’un domaine dont la valeur ne cesse d’augmenter. Ainsi, entre 2000 et 2008, le prix par tonne est passé de 300$US à 1260$US (Wibowo 2013, 402). La valeur du produit pouvant rapporter beaucoup à une économie, les gouvernementaux locaux ont donc exprimé l’envie de développer leurs propres plantations d’huile de palme. D’ailleurs, plus de 80% de la production mondiale se fait en Indonésie ainsi qu’en Malaisie, pays qui pourtant regroupent la plus importante partie de forêts en Asie du Sud-Est (Fitzherbert 2008, 538). L’exploitation de l’huile de palme a néanmoins plusieurs conséquences sur l’environnement : pollution, déforestation, destruction d’habitats naturels, perte de biodiversité. Le gouvernement indonésien se retrouve donc face à un dilemme important auquel plusieurs pays se retrouvent, à savoir celui de l’économie versus l’environnement. La réponse à ce dilemme, pour le moment, semble être orientée vers les intérêts économiques dans l’optique de développer encore plus le pays.
Des solutions appropriées ?
Les changements climatiques sont devenus un sujet sensible à travers la planète, entrainant ainsi la création de plusieurs mouvements et organismes. Les Nations Unies, notamment, sont les créateurs du programme REDD , soit le programme pour la réduction des émissions liées à la déforestation et à la dégradation des forêts. Il s’agit donc d’une initiative internationale et transnationale qui s’est vue implantée dans plusieurs pays en développement. Le programme vise à la réduction de la déforestation en accordant du financement des pays plus riches et en instaurant des marchés de carbones. L’un des programmes en Indonésie, conjointement à une initiative du ministère de la foresterie, vise à planter un milliard d’arbres dans le but de compenser les émissions de gaz à effets de serre (Saito-Jensen 2015, 90).
Les différents villages sont donc encouragés à former des coopératives pour planter les arbres, en échange de quoi ils recevront une compensation financière. De plus, le gouvernement a également mis en place des politiques nationales. Tout d’abord, en 2009, le président a annoncé une cible de réduction de 26% des émissions de gaz à effets de serre d’ici 2020 (International Energy Agency 2011). Il y a donc ici un message de volonté de la part du gouvernement. Le ministère responsable des forêts a également mis de l’avant huit priorités, dont la conservation de la biodiversité, la stabilisation des zones forestières et sécuriser les forêts. Alors que ces politiques montrent un effort de la part de Jakarta, le gouvernement a toutefois annoncé son objectif de doubler sa production d’huile de palme d’ici 2020 (PNUD 2015). Cela démontre bien que malgré une position environnementaliste, l’économie prime toujours.
Bibliographie
Environnement. L’Indonésie, championne de la déforestation. 2014. Courrier international. En ligne. http://www.courrierinternational.com/article/2014/06/30/l-indonesie-championne-de-la-deforestation (page consultée le 22 mai 2017).
Fitzherbert, Emily B. et al. 2008. « How will oil palm expansion affect biodiversity? ». Trends in Ecology and Evolution 23 (no10) : 538-545.
International Energy Agency. 2011. « National Action Plan for Reducing Greenhouse Gas Emissions (RAN GRK) (Presidential Decree No. 61/2011) ». En ligne. https://www.iea.org/policiesandmeasures/pams/indonesia/name-42667-en.php (page consultée le 22 mai 2017).
Programme des Nations Unies pour le développement. 2015. Indonesia government addresses deforestation challenges in its aim to double palm oil production by 2020. En ligne.http://www.undp.org/content/undp/en/home/presscenter/pressreleases/2015/03/11/indonesia-government-addresses-deforestation-challenges-in-its-aim-to-double-palm-oil-production-by-2020.html (page consultée le 21 mai 2017).
Purnomo, H. et al. 2012. « REDD+ Actor Analysis and Political Mapping: An Indonesian case study ». International Forest Review 14 (no1): 74-89.
Saito-Jensen, M. et al. 2015. « Policy options for Effective REDD+ implementation in Indonesia : the significance of Forest Tenure Reform ». International Forestry Review 17 (no1): 86-97.
Wibowo, L.R. et al. 2013. « Policy under pressure : policy analysis of Community-Based Forest Management in Indonesia ». International Forestry Review 15 (no3): 398- 405.
Iconographie
- http://www.greenpeace.org/switzerland/Templates/Planet3/Pages/DetailPage.aspx?id=216697&epslanguage=fr-CH
- http://nopalm.org/article-20-lhuile-de-palme-est-la-premiAre-cause-de-dAforestation-au-monde-en-2012
- https://www.worldwildlife.org/magazine/issues/fall-2015/articles/what-is-redd