La femme au sein de la culture indonésienne et de ses influences musulmanes.

Affichage public au marché central de Gianyar, au centre de l’île, traduction disponible à la fin de l’article

L’Indonésie représente un cas à part pour l’Asie du Sud Est, c’est un pays très avancé et le seul membre du G20 de cette zone géographique, preuve de son bon développement économique. En particulier depuis la grande crise de 1997 qui touche gravement les économies locales et entrave l’évolution sociale et les préoccupations humaines des États. Cette crise est également un grand bouleversement pour l’Indonésie alors dirigée par Sukarno, qui subit un coup d’État et est remplacé par Suharto après la crise, le second président du pays. Il remet en place le Pancasila, la philosophie de l’État indonésien, inspiré des cinq préceptes bouddhistes qui constituent les principales notions de vie en société, en outre ne pas tromper ou blesser ses semblables, soit une philosophie de respect de l’autre. Cependant le Pancasila inclu dans ses cinq piliers, l’importance d’un Dieu unique, celui de l’Islam, bien que le gouvernement reconnaisse cinq autres croyances : le christianisme, le catholicisme, l’hindouisme, le bouddhisme et le confucianisme (Pivon 2017). Ainsi, il est important de considérer l’impact qu’à l’application de lois islamique dans un pays où la Charia est libre d’application dans ses régions, et plus particulièrement son influence sur l’évolution du droit des femmes en Indonésie. Une question nécessaire se pose alors, quelle place occupe la femme indonésienne dans une société qui connais un succès économique important ? Afin d’y répondre il sera nécessaire d’étudier le rôle de la femme comme décrit par le gouvernement, mais également celui qu’impose la religion et enfin la mentalité locale et ses attentes face à la position qu’elle accorde aux femmes.

Manifestations de femmes contre la venue de l’artiste Lady Gaga, symbole pop de la lutte pour la liberté des femmes 

En 2013, l’Agence France Presse, responsable principal des image utilisées par les médias d’information visuels français, produit un court documentaire sur la province d’Aceh en Indonésie. Le sujet est particulier, puisqu’en 2013 Aceh est la seule province du pays qui applique la Charia, une législation islamique. Dans le cadre des droits des femmes, la Charia est reconnue comme un danger, dans la mesure où ces lois restreignent grandement la liberté des femmes, jusqu’à l’interdiction de s’asseoir à califourchon sur une mobylette (AFP 2013). Bien que le gouvernement indonésien n’ai pas adopté la Charia comme loi de l’État, il autorise, voire encourage, ses régions à l’appliquer, puisqu’elles sont libres de ce choix. Le gouvernement applique cependant l’Adat, un ensemble de règles conventionnelles, antérieur à l’Islam, qui s’applique principalement à la vie privée des foyer, soit la vie de famille et la vie conjugale. Autrement dit, il existe en Indonésie des lois non formelles qui régulent la liberté sexuelle des femmes ainsi que le rôle de mère de famille qui leur est réservé. C’est un sujet qui déchire le pays, entre les progressistes et les conservateurs qui prêchent leurs propres vision des enseignements de la religion (Rinaldo 2010). Bien que les libertés féminines soient grandement réduites par l’influence de l’interprétation que fait le gouvernement de l’Islam, on considère également que les femmes véhiculent elles-mêmes ces principes, devenant leurs propre bourreau.

Il existe cependant un très grand décalage entre ce qu’autorise la loi officielle indonésienne et ce que tolère la mentalité de la population locale. En effet, déjà dans le cas de l’Adat, ce sont des règles appliquées et maintenues par la population et seulement la population puisqu’elles ne sont pas appliquées par l’État directement. Il existe un phénomène de coercition et d’auto-régulation très fort au sein de la population indonésienne (Udasmoro 2012). Afin de l’imager on prend l’exemple de la loi sur l’avortement, très libre sous Suharto qui développe l’accès au planning familial et met en place des politique de restriction des naissances (puisqu’en 2011, l’Indonésie est le quatrième pays le plus peuplé au monde). Seulement, dès les années 2000 le programme connait de nombreuses failles, il est en perdition depuis puisque les lois concernant l’avortement sont devenues très restrictives et ne l’autorise qu’en danger de mort de la mère (Udasmoro 2012). Un recul social qui prouve le manque d’intérêt de la part de la population indonésienne et le désintérêt de l’État en ce qui concerne le droit des femmes à disposer de leur corps librement. L’avortement est actuellement considéré au même titre qu’un crime pour l’opinion publique indonésien, la pression de groupes religieux ayant fortement influencé les mentalités.
 

 

Une femme est frappée avec une cane à Aceh, punie physiquement pour avoir eu des relations sexuelles en dehors du mariage, en 2015.

Ainsi, la place de la femme en Indonésie semble être déterminée par la religion et l’interprétation qu’en font les indonésiens eux-même, tandis que l’opinion publique construit ses propres limites dans un effort de coercition impressionnant. C’est une position particulière qui ne va pas dans le sens de l’évolution sociale et qui restreint la femme à un rôle rétrograde de procréation et d’entretient du foyer. La femme indonésienne n’a que très peu de libertés, et se limite elle-même, résultat d’une aliénation exceptionnelle.

 

Bibliographie

AFP. 2013. « Indonésie: les femmes cibles privilégiées de la charia ». Documentaire vidéo produite par l’Agence France Presse. 

Encyclopédie Britannique. n.d. « Adat ». Explication et définition de les lois de l’Adat.  

Rinaldo, Rachel. 2010. « The Islamic revival and women’s political subjectivity in Indonesia ». Pour Women’s Studies International Forum. Volume 33, Issue 4, July–August 2010, Pages 422-431.

Udasmoro, Wening. 2012. « La politique de l’avortement durant la période post-suhartoïste en Indonésie ». p. 83-100

Iconographie

Une femme est punie physiquement à Aceh, application de la Charia 

Affichage public au marché central de Gianyar, au centre de l’île

« Affichage public au marché central de Gianyar, au centre de l’île. La volonté des autorités locales est ici de lutter contre les grossesses non souhaitées voire non souhaitables. La vigilance doit porter sur « 4 trop ». 1) ne pas être enceinte trop jeune ; 2) ne pas être trop âgée pour devenir enceinte ; 3) ne pas tomber enceinte trop souvent ; 4) ne pas être plusieurs fois enceinte à des périodes trop rapprochées.

Rappelons aussi qu’en Indonésie, depuis la période de Suharto, la règle politique en matière de planning familial et de contrôle démographique – surtout de la natalité – n’a guère été modifiée : dua anak cukup « deux enfants ça suffit » »

Manifestations de femmes contre la venue de l’artiste Lady Gaga, symbole pop de la lutte pour la liberté des femmes 

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