La Malaisie : un régime hybride imposé, mais stable

Par Judith Cavallo

Durant la seconde guerre mondiale, de 1940 à 1945, la Malaisie (vidéo) était sous l’occupation japonaise. À la fin de cette guerre, la Grande Bretagne instaurera un protectorat sur le pays en 1945 avant de créer la Fédération de la Malaisie en 1947, qui provoquera cependant le mécontentement des malais. Les britanniques ont, en effet, été très présents dans les décisions politiques du pays d’Asie du Sud-Est. De ce fait, « après la signature d’une entente entre les Britanniques et les élus malaisiens, l’indépendance de la Fédération de Malaisie est officiellement proclamée le 31 mai 1957 au stade Merdeka de Kuala Lumpur » (Perspective Monde 2016). Il faut tout de même savoir que le pays est toujours au sein du Commonwealth et que le Royaume Uni joue encore un rôle important dans l’économie malaisienne.

Nous allons donc voir quel rôle ont joué les britanniques dans l’instauration de la démocratie en Malaisie et tenter d’expliquer la stabilité de ce régime contemporain.

Nous verrons alors dans un premier temps ce qu’ont apporté les britanniques lors de la transition démocratique malaisienne, puis les facteurs qui permettent une stabilité du régime politique démocratique.

Le rôle des Britanniques dans la transition démocratique

Comme dit précédemment, la Grande Bretagne a été omniprésente dans le développement du pays malais. Encore une fois, comme vu ci-dessus, ce sont ces derniers qui ont entièrement contrôlé le processus d’indépendance de la Malaisie, mais ce n’est pas tout.

En effet, les anglais ont eu un poids déterminant dans l’instauration d’un nouveau régime démocratique. Suite à la création en 1947 de la Fédération de la Malaisie par les britanniques qui maintenaient une structure coloniale, la majorité malaise réclamait l’indépendance du pays. C’est donc à partir de cette volonté qu « au début des années 1950, trois partis d’opposition : un parti multiethnique, l’Independance Malaya Party (IMP), et deux partis ethniques, la Malaysian Chinese Association (MCA) et le Malaysian Indian Congress (MIC) » furent créés (Éthier 2010).  La création de ces partis d’opposition engendra une insurrection en 1948 « par le Parti communiste malais » (Éthier 2010). C’est à ce moment que les britanniques sont intervenus encore une fois dans la politique malaise. En effet, ce sont les colons originaires de l’outre Manche qui ont combattu les manifestations d’opposition menées par les différents partis malais. Et ce, à travers diverse manières, « répression militaire contre la guérilla communiste réfugiée dans les montagnes du nord du pays ; décret de mesures d’urgence qui subsistèrent jusqu’en 1960 ; octroi de terres, d’écoles et d’hôpitaux à 500 000 paysans chinois squatters qui constituaient la principale base de ravitaillement des guérilleros ; élargissement progressif des libertés démocratiques au sein de la Fédération : introduction d’élections au niveau local et municipal en 1952 ; élection des législatures des États en 1954 et du Parlement national en 1955 » (Éthier 2010). C’est après l’opposition des britanniques que ces derniers ont instauré une démocratie, « en 1955, le gouvernement de Londres créa donc une commission dirigée par Lord Reid, du Royaume-Uni. Cette commission, constituée d’un autre Britannique, d’un Canadien, d’un Australien, d’un Indien et d’un Pakistanais, élabora un projet de Constitution qui établissait une monarchie constitutionnelle fédérale indépendante, démocratique et membre du Commonwealth, dotée d’un parlement bicaméral et d’un gouvernement central fort » (Éthier 2010). Cette nouvelle constitution, imposée, établit une démocratie constitutionnelle, reconnaît les droits et libertés démocratiques égales aux citoyens, ainsi que la séparation de l’église et de l’état.

C’est alors à travers après plusieurs étapes d’oppositions et de mécontentements du peuple malais que l’élite britannique dirigera le processus de transition démocratique du pays.

 

Facteurs explicatifs qui expliquent la stabilité du régime

Nous allons désormais voir les facteurs qui rendent le régime politique démocratique malais stable et durable malgré son imposition.

D’une part, la stabilité de ce régime peut s’expliquer par une coalition des principaux partis pour le partage du pouvoir et qui a su intégrer de nouveaux acteurs au fils du temps. De plus, la légitimé du consociationalisme et de l’UMNO (l’un des partis le plus important au sein du pays) est réelle. Ce qui rend aussi la démocratie légitime est le fait que la société civile soit permissive, tout en réprimant les groupes radicaux par le biais de la Loi de la sécurité intérieure. De plus, comme nous le savons la démocratie va de pair avec la croissance économique, en Malaisie la modernisation économique et sociale fût un franc succès.

Il reste de nombreux facteurs qui expliquent la stabilité de ce régime. Notamment le fait que le pays organise des élections régulièrement avec une réelle compétition entre les partis.

Le régime politique en lui même se trouve être très stable, les partis politiques sont institutionnalisés et légitimités, la participation des citoyens aux différentes élections, et enfin, la satisfaction de ces derniers à l’égard du droit de vote, à la participation dans la vie politique, la liberté d’expression, éléments clef d’une démocratie, la population est aussi satisfaite des politiques économiques et sociales entrepris par le gouvernement (Éthier 2010).

 

Nous pouvons en conclure que l’imposition de la démocratie par la colonie britannique est un franc succès. En effet, cette dernière a été longue, avec de nombreux désaccords, mais elle aujourd’hui solide et stable.

 

 

Time for UMNO to « RIGHT » the « WRONG »

 

 

 

 

 

 

Bibliographie

 

Perspective Monde. 2016. « Proclamation de l’indépendance de la Fédération de la Malaisie ». Université de Sherbrooke. En ligne. http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMEve?codeEve=504 (page consultée le 5 juin)

 

Éthier, Diane. 2010. « L’imposition de la démocratie a-t-elle été l’exception oula règle depuis 1945 ? » Dans la revue Études internationales. Vol 41 n3. Pp 313-339. En ligne. https://www.erudit.org/fr/revues/ei/2010-v41-n3-ei3957/044904ar/ (page consultée le 5 juin)

 

BARLOW Colin et Francis LOHKOK WAH. 2003. « Malaysian Economics and Politics in the New Century » Cheltenham RU, Edward Elgar.

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